Chapitre 6 : Première sortie

 
 
Une semaine s’est écoulé depuis mon rêve, durant cette période, je ne me suis entrainé à m’adapter à ma nouvelle condition, à maitriser la sphère de lumière et à connaitre ce monde par les livres les plus neutres possible. Mais surtout, j’ai appris à connaitre mieux Talssader et Amalia. L’archange et moi discutons beaucoup ensemble, avec lui, je me sens comme son égal, je ne vois pas en lui comme un maître, une personne comme Dearane ou un être supérieur, il est franc, doux et simple. La femme ange parait plus agressive à l’entrainement ou quand on l’a contrarie, mais en fait, elle est aussi très gentille que souriante quand on discute avec elle avec respect, elle me fait penser à cette fille dans mes souvenirs brisés. Contrairement à Talssader, qui est un pacifiste né, du moins en apparence, Amalia est une maître d’armes redoutable et fière de l’être, elle ne veut pas dire maîtresse d’armes à cause du fait qu’on peut facilement utiliser les différentes significations du mot « maîtresse ». Son immortalité lui a permis de maitriser avec expertise toutes les catégories d’armes, même si le double-lames est son arme de prédilection.

Aujourd’hui, c’est un jour assez spécial. Je vais sortir pour la première fois du palais sanctuaire et voir le monde de l’extérieur. Je vais visiter la ville des anges : Arashann, rencontrer son peuple et faire face à la vérité. Une fois que je découvrirai la vérité quant aux anges, je me fournirai un équipement de base et explorerai ce continent. Je suis devant la porte principale, toujours vêtus de la même façon, et armé de ma petite dague, je suis à la fois excité de sortir d’ici et paniqué par l’idée de faire face à tant de regard. Amalia m’a assuré que tout se passera bien, mais je me fie qu’à mon jugement, c’est pour cela que je ne lui ai pas dit que je sortirai aujourd’hui. Prenant une grande inspiration et faisant le vide, je fais le premier pas et saisit les poignets de ces grands portes avant que les ouvrir. Je contemple la capitale autour de moi, la ville a laissé un espace vert autour du palais sanctuaire, comme pour respecter un lieu saint, seul un chemin de pierre connecte les deux lieux. Personne ne semble m’attendre, parfait, je suis le chemin vers la ville pour aller à la rencontre des anges et de leur véritable nature.

En m’approchant, je découvre un village tout ce qu’il y a de plus paisible, des hommes, des femmes et quelques enfants qui jouent ensemble. Ils ne m’ont pas encore vu, en regardant attentivement, je ne vois pas de races belliqueuses ou des esprits saints, ils marchent, parlent, rient, courent, s’amusent comme les humains. Une fois entré dans la ville, la population découvre enfin ma présence. Presque comme un réflexe, ils s’éloignent de surprise et certains se prépare à sortir leurs armes. Mais je marche tout simplement, sans m’en soucier, j’arrive finalement près d’une fontaine et m’assois à son bord. Je prends le temps d’observer et d’analyser. Tous les anges présents m’observent, comme les frères de l’ordre de Dhiosas, le jour de mon arrivée au bastion. Mais leurs regards sont différents, même s’il y a eu ce réflexe défensif, leurs yeux ne montraient pas de la haine ou du mépris, mais plutôt une légère méfiance écrasée par une grande perplexité.

Si Talssader avait parlé de moi et de mon histoire à la population, cela peut expliquer pas mal de chose, je ne peux m’empêcher d’être troublé, on dirait que nous cherchons tous la vérité sur les uns et les autres. Et puis, un enfant ange sort de la foule et viens vers moi, il a les cheveux court et blond, il doit avoir dans les neuf ans et respire encore l’innocence. Ayant le regard plein de curiosité mais sans crainte, ni méfiance, il s’approche de moi et me regarde de bas en haut avant de me parler.
 
- « Dites, est ce que c’est vous le vampire-qui-était-avant-un-humain-venant-d-un-autre-monde que Talssader a recueilli ? »

- « En effet, c’est bien moi, en même temps, j’ai cru comprendre qu’il n’y avait pas d’autres vampires à Arashann. M’aurait ont menti ? »

- « Non, non. Vous êtes bien le seul vampire à des kilomètres à la ronde. Par contre, j’ai du mal à croire que vous pouvez utiliser des pouvoirs de paladin. »

- « Combien d’humain maudit par un vampire et béni par une épée sainte au même moment as-tu rencontré ? »

- « Euh…. Ben…. Un seul, vous… »

- « Et étant le seul dans mon cas, personne ne peut être sûr de quoi que ce soit à mon sujet. Et pour preuve… »

J’invoque la sphère de lumière, la laisse trois secondes et la révoque.

- « Alors là, je crois que je n’ai plus à douter de vous. Mais faut me comprendre, vous êtes le premier vampire qui ne soit pas un méchant que tout le monde voit. »

- « Et qu’est-ce qu’un méchant vampire, selon toi ? »

- « Ben, le contraire de gentil ! Quelqu’un qui tue, vole, torture pour le plaisir et imposer ses idées aux autres par la force ! »

- « Et le fait qu’ils soient vampires n’a rien avoir ? »

- « Bien sûr que non, si c’étaient nous qui étaient dans l’empire, on aurait été élevés pour être méchants ! Vous êtes bête ou quoi ? »

Alors là, je suis surpris. Quelqu’un qui me dit clairement que juger les peuples en se basant sur leurs races est une chose stupide ! Venant d’un enfant en plus ! Un enfant qui vient d’un peuple en guerre depuis des siècles contre plusieurs races. Je suis vraiment surpris, mais je ne suis pas offensé, je suis même content que cet enfant me parle avec autant de franchise. Soudain, une voix de femme s’adresse à nous.
 
- « Hector ! »

- « Coucou, maman. »

La femme ange prend le petit Hector dans ses bras.
 
- « Je suis désolé, il est parfois trop franc avec les autres. »

Je souris à la mère- « Et pourquoi s’excuser d’être assez intelligent pour se poser des questions et assez courageux pour venir chercher les réponses ? »

- « Merci m’sieur ! »

- « Appel-moi Thiodar, petit Hector. »

Une autre voix résonne- « Et vous appelez-moi Philliadus, jeune Thiodar. »
 
Je me retourne et vois un homme en armure, les cheveux noirs et une longue barbe noire, malgré ses traits jeunes, son regard disait qu’il a vécus très longtemps. Il s’approche de moi.
 
- « Enchanté de vous rencontrer. »

- « Moi de même, j’ai toujours voulus voir le protégé de Talssader. Amalia m’a parlé de vous. Et maintenant, je vais pouvoir faire ce que je souhaitais faire. »

- « Quoi donc ? »

- « ça. »

L’ange sort sa lame et m’attaque ! J’évite de justesse le coup et sort ma dague. Le chien ! Il a essayé de me tromper pour m’assassiner, le combat commence. Mais très vite, je remarque qu’il n’essaie pas de me tuer, je pare et évite ses coups trop facilement.

Soudain, il lance la sphère de lumière sur moi ! C’est donc un paladin. Je reçois la sphère et je perds tout envie et volonté de lui faire du mal, je ne peux que rester sur la défensif…. Talssader ne m’avait pas mentis sur ce pouvoir. Je lâche ma dague et lance le sort à mon tour. Ne l’ayant pas anticipé, Philliadus la reçoit aussi et lâche son arme.
 
- « Nous voilà en match nul. Mais comment as-tu fait pour lancer ce sort ? »

- « Je n’ai fait que me défendre, ce pouvoir ne fait aucun dégât physique, donc pas besoin d’être agressif. »

- « Bonne réponse, je voulais voir comment tu te bats et surtout te faire révéler ta nature profonde. »

- « Sinon, vous auriez été plusieurs à vouloir me tuer. »

- « Aussi, dans tous les cas, bienvenu parmi les anges.  J’espère que tu vas te plaire parmi nous. »

- « Je ne resterais que peu de temps, je compte explorer ce monde le plus tôt possible. »

- « Très bien, nous te fournirons le nécessaire pour le voyage. »

- « Je désire surtout du travail pour payer ce dont j’ai besoin. Je ne veux rien vous devoir et mériter ce que je reçois. »

- « hm… oui, je comprends, il y a bien des tâches ménagères que l’on peut vous confier sans soucis. Mais cela peut paraitre ingrat, pour un guerrier. »

- « Cela me conviens parfaitement, je ne vous connais pas assez pour participer à des combats à vos côtés. »

- « Alors c’est décidé, je vais parler à la population. »

Une voix familière se fait entendre- « Thiodar ? »
 
Je me tourne vers la voix, c’est Amalia, qui s’approche de moi.
 
- « Salut, Amalia, comment vas-tu ? »
 
Elle s’approche de moi et me fixe longuement, comment si ma présence était peu probable.
 
- « Amalia ? Tout va bien ? »
 
Et là, je reçois un puissant crochet ! Je ne manque pas de tomber dans la fontaine. A peine je recouvre mes esprits qu’elle me saisit par le col et me soulève.

- « Mais, qu’est-ce que j’ai fait ? »

- « Tu ne m’as pas prévenu de ta venue dans ma ville ! Fallait me dire que tu débarquais aujourd’hui ! »

- « Pour que tu puisses avertir et préparer tout le monde ? Non, je ne voulais prendre le risque d’être trompé. »

- « Tu ne me fais toujours pas confiance ? »

- « En une semaine ? Bien sûr que non, je ne vais pas te confier mon avenir juste parce qu’on a bavardé et qu’on s’est entrainé ensemble ! »

Le petit garçon dit alors- « Mauvaise réponse, m’sieur Thiodar »

Sa mère le réprimande discrètement- « Chut, Hector ! »

Je ne vois pas pourquoi, jusqu'à ce qu’Amalia me donne un violent coup de tête. Malgré le choc, je crois avoir aperçu un bleu sur son front.

- « J’espère que ceci suffira comme marque commune de confiance. »

- « …. Dites, Philliadus, vous êtes sûr de ne pas avoir du travail pour moi maintenant ? Je ne crois pas que je pourrais être en état de bouger si ça traine… »

Philliadus rit de bon cœur, suivi de la foule, sauf Amalia toujours froissée. Ces rires sincères me rappellent celui de Roland. En même pas une journée, j’ai non seulement trouvé la réponse concernant les anges, mais j’ai aussi prouvé que je n’étais pas une menace pour eux. C’était une première sortie bien réussit dont Amalia et moi garderons un bon souvenir.


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