Chapitre 7: Drael'strom
 
 
Je viens de passer un mois avec les anges, j’ai appris à les connaitre, à m’habituer à leurs pensées et j’ai pas mal travaillé pour gagner de l’argent. Avec la somme acquise, je me suis acheté une gourde pour stocker le sang, au cas où, une bourse pour pouvoir mettre l’argent et surtout, j’ai commandé chez le forgeron une épée neuve. J’ai également exploré les quelques villages de Val’félia, royaume des anges, ces derniers étant constamment en guerre, leurs villes sont assez proches les unes des autres. Il me reste des draelors pour mon voyage et mon épée est fin prête, je suis donc devant la forge avec Amalia, à attendre.

- « Tu es sûr que ça suffira ? Tu devrais prendre de nouveaux vêtements au moins ! »

- « Je n’ai pris que le nécessaire, après tout, je vais explorer ce monde, pas m’y installer. »

- « Tu veux toujours te suicider ? Mais tu sais que tu n’as pas à boire du sang humain pour vivre. »

- « C’est vrai, mais il y a certains points que je dois éclaircir, c’est pour cela que je dois connaitre ce monde de manière global, pour savoir si je veux vraiment vivre dans ce monde ou non. »

- « Connaitre le monde ? Tu ne nous croies toujours pas, c’est ça ? »

- « Non, ce n’est pas ça. C’est juste qu’autrefois, je n’ai accordé de crédit au point de vue que d’un seul groupe… je n’en ai retiré que des doutes et une certaine culpabilité.  Je ne veux pas refaire la même erreur. »
 
C’est la vérité, plus je repense à mes missions, plus je me demande si je n’avais pas fait le mal au lieu du bien ? Kal’ran, Le Porte-Mort, Anathork, … Et s’ils avaient vraiment été ce qu’ils disaient être ? Eux qu’ils n’avaient rien à gagner en mentant au seuil de la mort. Mais c’est le passé et si je ne l’avais pas fait, rien n’aurait changé, un autre membre de l’ordre aurait fait le travail.
 
Le forgeron arrive- « Et voilà votre arme, j’espère qu’elle vous plaira ! »

- « Ah, merci, plus longtemps je vivrais avec elle, plus je l’apprécierai. »

L’artisan réplique amicalement- « Si je faisais l’esthétique une priorité majeur comparé à l’utilité, je serais un simple tailleur ou un artisan pour nobles ou riches, pas forgeron. »

- « Excellente réplique, voyons voir. »
 
Je prends le fourreau et sort la lame, elle est assez différente de ce que j’ai vue, un simple pommeau et la lame fini en courbe alors qu’en générale, les épées finissent en pointe. Je l’examine attentivement, fais quelques moulinets et mouvements de combat avec. Satisfait de sa bonne prise en main, je la range dans son fourreau avant de l’accrocher à ma ceinture. Amalia me demande ensuite

- « Je ne comprends toujours pas pourquoi tu as acheté une épée alors que tu as Izural. »

- « L’épée m’a sauvé la vie, tant que je ne saurais pas ce que je souhaite vraiment, je ne serais pas digne d’elle. De plus, si je meurs, l’épée restera en sécurité, jusqu'à ce qu’elle choisisse quelqu’un d’autre. »

- « Alors on peut attendre, les légendes disent qu’Izural, la guerrière, était très têtue. Enfin, je peux tout de même t’accompagner jusqu’au village le plus proche de nos frontières au moins ? »

- « Même si je n’ai pas le choix, je serais ravi que tu sois pour le début de mon voyage. »

- « Même si je t’aurais forcé à dire oui, je suis ravie que tu es accepté de ton plein gré. »

Je lui souris et nous nous mettons en route, quittant Arashann tout en discutant. C’était un voyage bien paisible, le royaume de Val’félia n’étant pas trop grand, nous sommes arrivés au dernier village à la tombée de la nuit. Nous avons passé la nuit dans une auberge, chacun prenant sa chambre, bien entendus. Je passe une nuit paisible et une matinée agréable. Après avoir dit au revoir à Amalia, je quitte le village direction les plaines, jusqu’au au-delà de l’horizon.
 
Après plusieurs heures de marche, je m’arrête un moment pour contempler ce monde sans ville, ni village, une étendue verte avec une partie de l’horizon faite de forêts et montagnes, le vent frais et puissant et dans le ciel un vol d’oiseaux blanc. Ce sont peut être les fameux raflims. Je suis le premier être de Doral a exploré un nouveau monde, c’est une pensée plutôt positive, même si elle n’efface pas celle du fait que je suis un vampire. Après avoir respiré un grand coup, je reprends ma route.
 
Le crépuscule approche à grands pas et je n’ai toujours pas croisé un village ou une cité, mais en faisant quelques pas de plus, je remarque non loin un campement. Des barbares ? Des soldats en expéditions ? Comment savoir ? Je ne peux pas vraiment m’approcher étant donné ma nature. Soudain j’ai un mauvais pressentiment, un son étrange de pas, derrière moi. Par prudence, je dégaine ma lame tout en me retournant, sans le vouloir, je pare un coup de lance et recule de quelques pas. Mon agresseur, vêtu de tissus, était une créature très grande à la peau grise, un troll je crois et il veut ma vie. Il charge vers moi avec une vitesse impressionnante, je l’esquive de justesse tout en faisant volte-face.

Il revient vers moi et enchaine les coups sauvages. Je pare du mieux que je peux, puis je saute pour passer au-dessus de lui, il se retourne et reçois de ma part un direct dans l’estomac. Le troll recule de plusieurs pas, main sur le ventre. Il est très rapide et résistant mais je peux utiliser mes nouvelles capacités pour contrer. Mais malgré son arme primitive et l’absence d’armure, il enchaine les coups aussi vite qu’il se déplace. Je ne dois pas baisser ma garde. Tout à coup, j’entends un hurlement derrière moi, je me retourne et vois un autre troll chargeant vers moi, trop tard pour esquiver, il saute vers moi et le choc me fait lâcher mon épée. A terre, je vois la créature prête à m’achever.

C’est là que je lance la sphère de lumière sur lui par surprise et il se l’ai pris directement. Son comportement change, il me relâche et recule, l’air étonné, il a perdu temporairement son agressivité, mais il est aussi très troublé, comme s’il n’avait jamais rencontré de paladin. Me rappelant qu’il y a encore un troll, je me retourne en sortant ma dague et vois une dizaine de troll autour de moi, tous m’observant l’air songeur et discutant entre eux. L’un d’eux, qui a pris mon épée, s’avance vers moi et me fait signe de la tête de me suivre, n’ayant pas tellement le choix, je range ma dague et suis le troll vers le campement.

Arrivé au campement, j’observe la tribu qui regarde notre groupe, ils avaient peur malgré le fait que je soit entouré de guerriers. Devant une grande tente, quelques guerriers discutent avant de m’inviter à y entrer, et c’est ce que je fais. Dans la tente, je vois divers objets et un troll assis devant moi, il est paré de bijoux de bois et d’os et m’observe calmement, sans bouger. Je m’assois à mon tour et le regarde dans les yeux, cherchant un moyen de communiquer, de nous comprendre. Le troll s’approche de moi, le visage à quelques centimètres, il commence à me renifler, puis recule sa tête, l’air songeur. Il tend ensuite sa main, paume vers le ciel et dis.

- « Lumière ! »

Main ? Lumière ? Il veut sans doute parler de mon pouvoir. Ne cherchant pas plus loin, j’invoque la sphère de lumière une fois encore. Très surpris, le vieux troll fait signe que je pouvais m’arrêter et je fais disparaitre la sphère.
 
- « Alors, guerriers pas avoir rêvé, toi avoir pouvoir de guerrier lumière et toi porter odeur ange, mais pas celle démon ou des tiens alors que toi vampire, race viciée, pourquoi ? »
 
Ça alors, il connait ma langue, je vais pouvoir m’expliquer facilement.

- « Mon nom est Thiodar, j’étais un humain perdu dans le désert, ne sachant rien de ce monde, un vampire m’a mordu, mais je ne suis défendu et il m’a contaminé involontairement, puis j’ai trouvé une épée qui m’a béni. Ce sont les anges qui m’ont trouvé et amené chez eux. »

- « Moi Frako, chaman tribu troll, pourquoi être partis royaume ange ? »

- « Pour connaitre ce monde et savoir la vérité. »

- « humm, moi croire toi. Toi pas assez bête pour inventer histoire. Moi désolé pour attaque guerriers moi. »

- « Étant le premier vampire dans mon genre, je les pardonne. Ils ne font que protéger les siens. »

- « Pour pardonner, toi dormir avec nous, ensuite nous partir l’aube. »

- « D’accord, mais avant de me reposer, je voudrais savoir : que pensez-vous de l’empire et des anges, sans parler de leur guerre ? »

- « Ça pas soucis nous ! Nous survivre, être tout. Anges laisser nous paix, alors nous laisser eux paix.  Démons parfois attaquer nous, alors nous défendre peuple nous et autres races fiche de nous, alors nous fiche d’eux. »

- « Donc, vous ne faites que vivre selon votre volonté, sans vous soucier des autres. »

- « Oui, nous pas occuper affaires autres. Maintenant, nous sortir, bientôt manger !»
 
Je sors avec Frako et celui-ci explique dans sa langue quelque chose à son peuple, celui-ci cri de joie et de soulagement. Rapidement, je me retrouve avec les trolls autour d’un grand feu, avec une écuelle de sang tandis que d’autres dansent et jouent d’instruments. C’est une fête très sympathique, mais aussi très courte, et je m’endors à la belle étoile.

Lorsque je me réveille, plus de troll, plus de tente, pas la moindre trace. Ai-je rêvé ? Je vois mon épée près de moi, je me lève et la reprend. Alors c’était bien réel, ils ont dû partir très tôt et effacer leurs traces pour préserver leur paix. Je regarde le soleil qui se lève. Je viens d’apprendre une chose, même les peuples sauvages savent réfléchir sagement, voir plus sagement que la civilisation. Je me demande si j’aurais autant de chance avec les autres tribus troll ou le reste du monde. Le seul moyen c’est d’avancer, vers l’inconnu !


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