Chapitre 5 : Vie de pirate : Crime des mers ou liberté des mers ?
 
 
Un an et plusieurs mois, voilà combien de temps a passé depuis la mission du vampire. Depuis cette époque peu de choses ont changées, surtout pour le quotidien des missions mais il restait l'entrainement pour me perfectionner, comme me battre avec mon épée et ma dague à la fois. Roland est devenu à son tour vétéran depuis quatre mois et pour le zèle et l’obéissance dont j’ai fait preuve lors de mes missions, j’ai été nommé sergent depuis deux mois et reçu donc le plastron et les avant-bras de cuirs bruns dû à mon rang. En plus, les autres membres me regardent avec beaucoup moins de méfiance. Et pour finir, en tant que sergent, j’ai appris le pouvoir de base de l’ordre. Il s’agit de concentrer la détermination et notre foi en Dhiosas en un point précis, nos armes. Ce qui en résulte d’un petit bouclier invisible autour de l’arme, permettant au combattant de bloquer les attaques magiques, sauf à partir d’une certaine puissance et de maitrise du paladin. Il m’a fallu une semaine pour la maitriser. Mon professeur a été satisfait car la majorité des membres ont mis plus de temps.

Depuis peu l’hiver est arrivé brutalement, les forêts ont perdus leurs manteaux de verdures et le sol de la plaine et du bastion a la couleur blanche immaculée, sauf les traces de pas et de chariots bien sûr. Aujourd’hui j’ai décidé de donner des leçons de combats aux élèves, le ciel est blanc, la neige tombe doucement et l’apprenti avec qui je donne l’exemple est une tête brulée mélangée à une brute. Il ne cesse d’annoncer que c’est moi qui va recevoir une leçon tout en tournoyant son bâton d’entrainement au-dessus de sa tête. Et le comble est qu’il ne me laisse point moment pour dire mes leçons aux autres apprentis assis devant nous. Il est temps d’en finir. Je tiens plus fermement mon bâton d’entrainement et prête oreille aux paroles de ce jeune sot.

- « Moi, Lucien héritier des nobles percevent, je te remettrais à ta place et te ferai punir pour avoir l’audace de nous donner des leçons, vagabond ! »
- « Tu es peut-être un noble, mais ici, je suis pour un bon moment ton supérieur. D’ailleurs, au combat les titres importent peu. Et cesse de faire des jongleries avec ton arme et de brailler ! Fait plus attention à ton équipement, tu l’as déjà bien abimé ! »
- « Et alors ? Les armes ne sont qu’un outil, il n’y a aucun lien entre nous, ce n’est pas vivant ! »

Lucien charge vers, j’esquive sa charge et le pousse du pied. Il se retrouve à terre.

- « Ce n’est pas de lien magique dont je parle. Votre arme permet de bloquer les coups des adversaires et d’en donner. Bien des voyageurs doivent leur vie à leurs armes. Mais une arme peut être perdue, peut se briser ! Et pour cela, il faut y faire attention, il faut remarquer ses entailles, ses endroits affaiblis. Il faut ressentir son poids pour pouvoir enchainer les coups. Le vrai combattant fait cela et en plus, il s’harmonise avec son environnement. Il doit prendre compte de tout ce qu’il entoure, de tout ce qu’il pourrait lui faire gagner ou perdre. »
- « Isolent, tu as osé ! »

Lucien reviens, il donne les coups avec plus de rage, mon bâton va céder à force de parer. J’ai alors une idée, je recule à chaque coup que je pare ou esquive, je fini par me coller à un mur. Lucien donne un coup visant mon crâne. Je me laisse tomber et le bâton de Lucien se brise lors de sa rencontre avec le mur. Je me relève de suite et donne une attaque directe vers le ventre de Lucien et donne ensuite un coup de poing droit. Il saigne du nez, il est frustré en plus d’être en colère. Je tente de le calmer
 
- « Calme toi mon garçon, tu as eu ce que tu méritais ! Ton entêtement et ta rage t’ont rendu sans arme. Si nous étions en guerre, ton ennemi t’aurait déjà tué ! Retenez bien ces trois leçons apprentis : dans une bataille, les titres et la loyauté ne sont que des mots, l’ennemi n’hésitera pas à user plus que de son arme pour vous tuer. Vos armes sont vos partenaires, et enfin, ne faite plus qu’un avec tout ce qui vous entoure en plus de votre arme. Ce sera tout ! »
- « Tu seras morts, mon père te fera arrêter pour cet affront ! Il y veillera ! »
- « Ton père ne sera pas là quand ton adversaire t’ôtera la vie ! »
Une nouvelle voix s’interpose- « De plus, je doute que Père lui fera quoi que soit si je lui parle de ton comportement d’ivrogne petit frère ! »
 
Nos regards se sont tournés vers la voix, c’est Renault, le jeune noble. Il a un frère ? Je me disais bien que Lucien me rappelait quelqu’un. Je remarque que son visage colérique s’est changé en crainte et plainte.
 
- « Mais grand frère, tu étais là, tu as tout vu ! Il ne doit pas s’en sortir ainsi ! »
- « Si ! Car je vous ai vu justement ! Et j’ai vu un sergent qui enseignait à un morveux qui se comportait en brute comment survivre ! Et sache qu’il a été encore très gentil avec toi. »
- « Mais cet homme est… »
- « TON SUPERIEUR ET TON FRERE D’ARME ! Nous œuvrons tous pour la même cause ! Si tu cherches à éliminer tous ceux qui ne te plaisent pas, alors tu vas vite échouer dans ta formation et Père ne pourra rien y changer ! Va te soigner et attends dans tes quartiers, nous en reparlerons. »
- « Oui, grand frère. »
 
Il se résigne, mais malgré cela, son regard envers moi est toujours plein de mépris. Les autres apprentis s’en vont étant donné qu’il n’y a plus rien à voir. Renault est toujours là, je dois le remercier.

- « Merci Seigneur Renault. J’apprécie le geste. »
- « Bah ! Ce n’est qu’un moyen de m’excuser pour m’être méfié de vous au départ et puis mon frère a toujours été ainsi. Je ne manque donc pas de lui rappeler qu’elle est sa place ici et de corriger son manque de discipline. »
- « Il verra l’importance de cette leçon qu’il sera sur le terrain. »
- « Je l’espère, bon n’en parlons plus. Venez, marchons ensemble, j’ai à vous parler d’une autre affaire. »
 
Je suis alors le seigneur Renault et nous sortons du bastion pour nous promener aux alentours. La vue y est magnifique… du blanc immaculé, c’est comme si le monde s’est transformé.

Maitre Renault me fait sortir de mon admiration- « Je remarque que vous appréciez beaucoup les bienfaits de la nature. »
- « En effet, je me sens toujours bien quand je vois les forêts et plaines. »
- « Peut-être étiez-vous l’enfant d’un druide, ou d’un homme des bois… »
- « Hélas, pas de révélation pour le confirmer… Rien depuis mon arrivé. »
- « Peut-être que l’air marin vous rendra la mémoire. »
- « Pardon ? »
- « C’est ce que je voulais vous dire : nous avons reçu des rapports du port Valrogard, Une bande de pirates pille les navires qui tentent d’entrer dans le port ou d'en sortir. A présent ils visent les navires marchands de la bourse honnête. Étant nos alliés, le haut commandement a ordonné la formation d’un groupe de combattants pour affronter Pierre les sept orteils, le chef des pirates et détruire son navire. Ce criminel a causé trop de dommages. Le lieutenant Jacques a été choisi pour prendre le commandement de ce futur groupe et un navire a déjà été mobilisé au port. J’ai vu une occasion pour vous d’apprendre à être un bon stratège, de vous battre dans un vrai bataillon. Ce lieutenant vous apprendra beaucoup. Si vous acceptez, un chariot est là et pars au crépuscule, j’en ai déjà parlé avec Roland, il est volontaire. »
- « Seigneur, je ne m’attendais pas à ce que vous me choisissiez, c’est un honneur ! Bien sûr que j’accepte. L’occasion de voir une nouvelle ville et de naviguer sur l’océan est un cadeau pour moi. »
- « Bien. Je commence à comprendre ce que Dearane a vu en vous. Allez-vous reposer et préparez bien vos affaires. Valrogarde est à deux jours en chariot. »
- « Entendus Seigneur, merci pour tout. »
 
Je salue le seigneur Renault avant de rentrer dans le bastion. Je commence enfin à gagner une réputation auprès de l’ordre pour que celui qui était le moins motivé à m’accepter m’offre aujourd’hui une occasion d’être plus fort. En passant la porte, je tombe sur François, un des travailleurs, et l’interpelle.
 
- « Excusez-moi. »
- « Oui seigneur ? »
- « Je pars pour le port de Valrogard sous peu, il me faut donc un plan montrant le chemin et des provisions au cas où. Pourriez-vous demander aux personnes adéquates de me fournir tout cela ? »
- « Bien sûr Seigneur, j’y vais de suite ! Autre chose ?»
- « Oui, arrêter de m’appeler Seigneur, François. Depuis le temps que l’on se croise, vous devriez savoir que j’ai horreur de ça. »
- « Oui, toutes mes excuses Seign…. Euh… Thibault. Je viendrais dans vos quartiers vous apporter ce dont vous avez besoin. »

Le serviteur s’en va donc, l’air très perturbé. Je ne suis quand même pas le seul homme à demander qu’on le tutoie… quoi que… je n’aie jamais demandé. Mais ce n’est pas important, je rentre donc dans mes quartiers. Je n’ai pas grand-chose à mettre dans le sac de voyage, il m’a fallu que quelques minutes pour tout préparer. Parfait, je n’ai plus qu’à attendre François avec les provisions et la carte. Je m’affale donc sur mon lit toujours habillé et ferme les yeux. Alors que j’ai la paix au milieu du noir du sommeil de plomb, des images monochromes s’enchainant à chaque fraction de seconde envahissent mes songes. La dernière image dure plus longtemps, un homme assit sur l’herbe non loin du village vêtu d’une longue cape et les cheveux courts. Impossible de voir son visage car il est de dos. Il parle :

- « N’oublie jamais ceci, mon garçon : quoi que tu fasses, tu dois garder en tête ce qui est le plus important ! Pas la richesse, ni la gloire, …. Quoi que tu fasses, fais-le pour vivre librement. »

L’homme allait se retourner quand l’image se cale et disparait en un éclair. Un bruit me fait sortir de mon sommeil. On frappe à la porte. Je me lève après avoir baillé un bon coup. Je me dirige vers la porte et découvre que derrière celle-ci se trouve non seulement François avec ce que j’ai demandé mais aussi Roland prêt à partir avec un… petit tonneau sur l’épaule ? Ce grand dadais me dit en souriant.
 
- « Bonjour Thibault, tu es prêt ? »
François me parle à son tour- « Bonjour, je vous apporte la carte et les provisions, ainsi qu’une cape pour l’hiver. »
- « Oh, merci François. Et les vivres sont frais, vous avez bien travaillé ! Merci à vous et à ceux qui vous ont aidés. »
- « Ce n’est rien, Thibault, c’est juste mon devoir que j’ai accompli. J’ai croisé le seigneur Roland et nous avons décidé de vous quérir ensemble. »
Roland interviens- « Exact, mais François. Je vous ai déjà demandé de m’appeler Roland, tout simplement… »
- « Encore ? Décidément, vous êtes vraiment particulier vous deux. »
Cette remarque pique ma curiosité- « Comment ça ? »
 
Et là, François pâlit et tremble d’effroi. Qu’ai-je donc dit pour qu’il ait si peur et recule ?
 
- « P.P.Pardon messeigneurs…. Je ne vous voulais pas…. Vous offenser ! Ayez pitié ! »
Je comprends de moins en moins- « Mais de quoi parlez-vous ? En quoi vous nous avez offensés ? »
- « bien… quand j’ai dit vous étiez particulier…. Je suis désolé ! PARDONNEZ-MOI !!! »
Roland tente de l’apaiser- « Mais te pardonner quoi ? Ce n’est pas une offense ! »
Je le raisonne à mon tour- « Il a raison, on va te rien faire. Je veux juste savoir pourquoi vous pensez cela ? »
- « Et bien, c’est la première fois que des membres de l’ordre soient si familier envers nous, les domestiques. En plus pour ma remarque, j’aurais été punit sévèrement. »
Roland est lui aussi étonné- « Juste pour cela ? C’est un peu exagéré. »
Je réconforte le domestique- « En tout cas merci pour la remarque. Cela nous sort des autres. Bon, nous devons nous hâter. Au revoir François. »
- « Au revoir et bonne chance à vous deux. Vous me manquerez, vous et votre sympathie. »

Et ainsi Roland et moi nous quittons notre nouvel ami François. Tout en me revêtant du manteau, je me pose des questions. Plus sur l’ordre que sur le comportement de François. Il y a-t-il des faces de l’ordre que je n’ai point vu ? Je tais ses pensées car je me trouve déjà devant le chariot.

Une fois monté, il sort de l’enceinte et je pars une nouvelle fois pour un long voyage. La neige a cessé de tomber et le froid n’est pas menaçant. Malgré cela, Roland sort de son sac sa chopine et ouvre le robinet du tonneau qu’il trainait. Non, il n’aura pas…

- « Roland, tu n’as pas fait ça ? Tu n’as quand même pas pris de l’alcool en pleine mission ? »
- « Mission ? Mais on a deux jours pour la commencer cette mission ! D’accord ce n’est pas très bon pour l’image, mais le froid risque d’être rude sur la route et on risque à chaque mission de mourir. Autant profiter tant qu’on le peut. »
Le conducteur s’en mêle - « D’ailleurs, je voudrais bien me réchauffer également. »
- « Allons, Thibault. On ne fait rien de mal après tout. On ne trahit pas et on ne blesse personne. Et puis ce n’est pas comme si on allait boire à en vomir. »
 
Roland passe une chope au conducteur et m’en tends une autre. Je la fixe longuement. Puis finalement je la saisis, Roland a raison, l’hiver et la mer risque d’être rude ! Et puis, il choisit toujours les bons vins.

Le voyage se déroule s’en encombres, pendant deux jours nous avons discutés et admirés le paysage avec de temps à autre une chope en main. Nous avons également appris à mieux connaitre Luc, notre brave et vieux conducteur. Et puis au milieu du deuxième jour, nous montons une colline. Roland semble faussement anxieux alors que j’examine la carte.
 
- « Valrogarde doit être en vue sous peu. »
Roland semble soucieux- « Dhiosas t’entende l’ami, il n’y a plus une goutte dans notre cher baril ! »
Luc confirme mes dires- « Tu as vu juste garçon ! Contemplez le port de Valrogarde. »
 
Je lève les yeux vers le paysage et je vois non loin la mer et la cité de Valrogarde, des bateaux de toutes tailles et de sortes qui sont amarrés, un phare haut comme une tour défensive. Des maisons aux toits de tuiles, petites ou grandes et un fort de pierres, puissant, dominant le reste. Le tout entouré d’une épaisse mais peu haute muraille, munit de deux grandes portes de bois ouvertes.

Devant les portes, les gardes portant des tabards avec un phare dessus nous inspectent. Mais rien que de voir les symboles de nos uniformes les dissuadent de poursuivre et s’assurent même que le chariot ait la voie libre. J’observe le village et son marché. Les habitants passent leur chemin ou s’arrêtent pour nous regarder. Soudain le chariot s’arrête, nous sommes enfin arrivés au port. En descendant du chariot, j’observe l’immense navire où tout le monde s’affaire, et un officier se tiens devant nous et nous parles.
 
- « Je suis le lieutenant Jacques. C’est moi qui suis chargé de cette mission. Vous êtes arrivés à l’heure prévus on dirait. Nous levons l’ancre immédiatement. Suivez-moi messieurs ? »
Roland réponds- « Vétéran Roland et Sergent Thibault, Lieutenant ! »
 
Nous suivons le lieutenant, une fois monté à bords, le lieutenant donne les ordres. L’équipage se met en place, le pavillon de Dhiosas monte en haut du mât, l’ancre se lève, les cordes se détachent du port et les voiles s’ouvrent. Le bateau se met en mouvement, la sensation étrange parcours mon être ! Lentement, le bateau quitte le port alors qu’il gagne en vitesse, j’admire l’étendue infinie de l’océan. Le lieutenant Jacques nous ordonne d’aller à l’intérieur et d’y rester jusqu'à nouvel ordre. Il n’y a plus assez de vêtements pour déguiser les derniers arrivés et il fallait donc rester discret. Ainsi nous sommes restés à l’intérieur à parler avec les autres et à étudier les plans d’un bateau et les points communs à tous navires, sans oublier l’habitude au mouvement et l’instabilité.

Au bout du troisième jour nous entendons des cris. La nouvelle circule que le bateau du pirate Pierre les sept orteils est en vue ! L’ordre de se rapprocher du navire résonne. Mais nous devons rester à l’intérieur afin de garder l’effet de surprise. Les coups de canons retentissent, La navire bouge, comme s’il faisait demi-tour. On nous appelle, moi et Roland sortons au plus vite.

Une fois dehors, nous contemplons les dégâts mineurs et les deux blessés légers avant de rejoindre Jacques. Nous nous dirigeons vers un bateau au pavillon noir pour poursuivre les coups de canons.
 
Jacques nous donne les directives- « Juste à temps les gars, Ils sont trop nombreux pour vous garder confinés mais leur chef est bel et bien Pierre les sept orteils, c’est l’homme ayant un sabre et une faux. Il est notre cible prioritaire ! Prenez les grappins pour vous préparer à l’abordage ! Archers, prenez vos flèches et enflammez les pour… »
 
Soudain une flèche transperce Le lieutenant ! Tout le monde est figé, sauf deux gars qui le conduisent à l’intérieur avec les blessés. Un silence règne, moi seul est le plus gradé après le lieutenant. Je serre mon poing droit et prend une décision, alors qu’une multitude de pensés m’envahit.
 
- « Il faut immobiliser le navire… Archers, enflammez vos flèches et visez les voiles une fois à portée pour les brûler ! Restez à distance du bord et visez assez haut pour empêcher l’ennemi d'éteindre facilement ! Tous ceux qui ont un bouclier aillent protéger les archers et le navigateur ! Canonniers, visez ce que vous pouvez de crucial à savoir, l’ennemi, les canons adverses et le grand mât. Il faut les forcer à venir vers nous. Roland, prends le canon endommagé et prépare-toi à le lancer sur le gouvernail pour le détruire ! »
- « Quoi ? Mais je n’y arriverai pas ! »
- « Bien sûr que si ! Ta force est ton atout ! »
 
Les hommes sont étonnés de tout cela et hésitent beaucoup ! Mais voyant le navire pirate tout proche, ils décident que finalement, s'ils devaient mourir, autant que ce soit la faute à quelqu’un. Les navires ralentissent, ils sont proches l’un de l’autre, les coups de canons retentissent pendant que les archers tirent leurs flèches. Les boucliers stoppent leurs avancés, mais l’un des notre est touché et les boulets ont endommagés la coque mais ils ont perdu aussi un canon nous sommes désormais à deux contre deux, sans compter que leurs voiles commencent prendre feux. Je vois Pierre, le fameux pirate, il a une cicatrice sur le front et le visage âgé mais par-dessus tout, il porte l’uniforme de notre ordre, sale, en lambeaux et le symbole déchiré par une croix, comme un reniement. Il nous observe, il a l’air songeur. Mais très vite, il change d’attitude et ordonne de virer au plus vite et de s’éloigner pour avoir le temps d’éteindre les flammes.
 
- « Roland maintenant ! Et que d’autres aillent chercher les canons de l’autre côté pour renforcer notre attaque, vite ! »
- « Que Dhiosas soutiens mes bras… »
 
Roland soulève le reste du canon endommagé et le lance avec toute sa vraie force ! Il atterri sur le navire pirate tout en détruisant le gouvernail. Pierre est à la fois étonné et contrarié, il ordonne de nous imiter. J’ordonne alors aux archers de visez tout pirate qui déplace les canons. Une flèche vient vers moi, j’esquive de très juste, laissant une ligne rouge sur l’épaule gauche. Roland descend aider les autres à positionner les canons. Soudain une boule de feu détruit l’un de nos canons avec trois hommes ! Je regarde l’origine du tir et vois un vieil homme vêtu d’une toge sale et brune et équipé d’un bâton, un sorcier.

Les archers prennent l’initiative de tirer, mais il bloque les flèches avec un bouclier magique puis envois une petite boule de feu qui brûle un des archers… Il fallait l’occuper, mais comment ? C’est là que j’ai une idée...

- « Cessez ! Reprenez vos tirs sur les pirates, sauf toi là, viens ! Je t’explique.
- « Oui sire ? »
- « Vise le magicien, mais ne tire pas ! Provoque-le à t’attaquer, ensuite déplace toi et je parerai le sort tandis que tu feras feu. »
- « Compris ! »
Un autre soldat viens me parle en hâte- « Sergent, les canons sont presque prêts, Où visons nous ? »
- « Les canons adverses ! Je l’ai dit, il faut les forcer à venir ici ! »

Les hommes se préparent, tandis que l’archer tend son arc. Le sorcier se protège d’abord, mais le jeune homme attend.

Le capitaine pirate hurle au sorcier- « Hey, qu’est-ce que tu fais ! Tue, paresseux ! »
 
Le sorcier s’exécute et lance vite une petite boule de feux, à peine a t’il fait son mouvement de bras, que l’archer fait un bond sur la gauche tandis que la boule rencontre ma lame entourée de la protection divine. La flèche siffle et se plante dans le crane du sorcier. Le capitaine Pierre me regarde l’air songeur… Il cherche à deviner ma stratégie. Mais le feu de la dernière salve a détruit deux autres canons.
 
Pierre les sept orteils crie à son équipage - « Compagnons laissez tomber les canons, c’est cause perdue, notre seule chance est de faire face à la chair. Prenez vos grappins et tuez tous ceux que vous croiserez ! Ce navire sera notre ! »
J’anticipe l’abordage- « Tous ceux qui ont un bouclier se mettent au bord du navire et que les archers soient prêts à tirer. »
 
Les hommes obéissent sans poser de questions, tous on comprit qu’on allait les entourer. Les grappins s’accrochent, très vite, les pirates se lancent à l’assaut final. Les archers tirent, quatre forbans sont touchés seulement, dont encore un en état de se battre. Le capitaine, lui, passe sans soucis en fauchant un de nos hommes dans la foulée. Ils attaquent, le peu de boucliers que nous avons se resserre tandis que les archers passent au corps à corps. Roland sort sa morgenstern et enfonce avec, la tête d’un pirate muni d’une dague. Je participe à la bataille car il n’y a plus de plan à proposer cette fois.

Un nain charge avec sa hache, je l’évite et nous faisons volte-face avant que nos armes se rencontre. J’essaie prendre le dessus quand Roland donne un coup horizontal derrière le nain, il a perdu. Je lui souris mais un orc l’attaque et l’occupe pour un bon moment. Un demi elfe me fait face et nous échangeons quelques coups, je donne une grande attaque par la suite, le demi elfe pare et déplace les lames pour qu’elles touchent toutes les deux le sol. Je saisis alors de la main gauche son épaule et donne un violent coup de tête avant de profiter du moment pour lever ma lame et m’en servir pour ouvrir la gorge du malheureux. Un skaven fonce sur moi avec sa lance, je l’évite tout en faisant volte-face et donne un coup de pieds sur son dos pour le pousser, le skaven se cogne contre le mât avant de se faire empaler par derrière. Soudain un autre skaven fonce sur moi par derrière, je fais volte-face, mais la bête saute sur moi et me fait tomber tout en me faisant lâcher mon épée ! A terre, la bête aux dents immondes et à l’haleine fétide essais de me dévorer la gorge. Je tente de lutter de ma main droite contre sa gorge, j’essaie de tenir le temps que mon bras gauche face le reste. Et heureusement, j’arrive à sortir ma dague et la plonge dans le cou du puant forban ! Je le pousse sur le côté, puis range ma dague et ramasse ma lame. J’entends tout à coup une voix, celui du capitaine. A son appel, la bataille a vite cessé.
 
- « Trêve ! J’ai une proposition à faire à votre commandant, qui, à ce que j’ai vu, est plus compétent qu’il n’y parait ! »
- « Je suis Thibault, sergent de l’ordre de Dhiosas, et je t’écoute, Pierre les sept orteils, chef des pirates et voleur des mers ! »
- « Cette bataille aura un vainqueur, mais je ne sais pas lequel pour la première fois ! Alors je propose ceci : faisons un duel, rien que toi et moi ! Je gagne, tes hommes nous laissent partir avec les vivres et richesses, si tu gagnes, mes hommes jetteront leurs armes à la mer et se rendront. Ainsi, le sang coulera beaucoup moins. »
Roland me parle avec inquiétude- « Thibault fait attention… il est... »
- « J’accepte le marché, que nos hommes s’écartent pour laisser un maximum de place ! Je sais ce que j’ai à faire ! »
Pierre semble consterné- « Pourquoi êtes-vous toujours si arrogants, paladins de Dhiosas ? Même les intelligents finissent par agir stupidement s’ils se croient infaillibles. Mais tu ne vas pas tarder à le comprendre ! »

Tous sont très intrigués, surtout les soldats. Avais-je vraiment commis une folie ? Allais-je faire échouer la mission à moi seul ? Pierre rengaine son sabre et sort sa faux tout en faisant des moulinets, il est prêt à y aller, il sourit, comme excité par le combat annoncé.

Je fais quelques pas vers la gauche, il en fait vers la droite, nous nous approchons lentement. Il fauche pour me trancher la gorge, je me penche en arrière pour éviter et lance une attaque directe mais Pierre donne un coup de manche de sa faux pour dévier la trajectoire et enchainer pour attaquer avec la lame ! J’évite de justesse en me couchant à terre et pour éviter qu’il m’achève sur place, je roule vers la droite avant de me relever. Le forban effectue des moulinets avant de se remettre en garde. Je charge en premier et tente de viser le crâne. Il pare le coup et tourne le manche pour que ma lame perde le contact avec sa lame. Il saisit sa faux à deux mains au bout du manche et lance son attaque, ne pouvant pas l’éviter en allant de l’arrière, je décide d’aller de l’avant ! Je fonce vers lui et évite sa lame tout en prenant le manche de ma main gauche pour bloquer sa faux, il copie en prenant mon poignet droit.

On essais l’un et l’autre de forcer à lâcher prise, Pierre y arrive en donnant un violent coup de tête et je suis obligé de lâcher tout en reculant, lorsque je reprends mes esprits, je vois la lame du faucheur arriver vers moi !  J’essaie de l’éviter au mieux, la lame trace une légère entaille dans le cuir de mon plastron et une ligne rouge sur la jambe droite.

Je me ressaisi, je dois me débarrasser de sa faux. Je réfléchis tout en parant et frappant aux faibles ouvertures. Il fauche horizontalement, j’évite le coup et en profite pour donner un coup de garde à sa joue, mais le capitaine pirate réplique en donnant un coup de manche sur le visage. Mon nez saigne un peu et la joue de mon adversaire est endolorie. Je décide de mettre ma tactique en place et attends le moment où il attaque. Ça n’a pas tardé, j’évite le coup comme à chaque fois, mais tout en changeant l’arme de main. Tout à coup je saisis une nouvelle fois le manche de la faux avec la main droite, à quelques centimètres de la lame. Je pousse en avant, ça parait inutile, mais ça l’adversaire ne s’y attend pas. Je tire tout de suite et gagne un peu de longueur du manche. Et pour finir, je donne un puissant coup d’épée au manche de bois, la brisant en deux ! Pierre n’en revient pas, et ne fait pas attention au fait que je n’ai pas lâché mon bout de faux. Il se retrouve vite avec une entaille diagonale au torse. Il ne recule pas mal et me voit en train de lancer la lame vers le large ! Il me regarde en souriant, il reprend son calme.

- « Dans l’ordre, on m’appelait le Porte-Mort… A cause de ma faux et pas seulement. »
- « De quoi parles-tu, pirate ? »
- « J’étais un jouet de Dhiosas, comme toi et tout comme ton parcours, j’ai monté les échelons. J’étais à l’époque connu comme le plus dangereux des frères ! Que ce soit dans la bataille ou dans les exécutions d’hérétiques, je fauchais le plus de vies possibles, dépassant à chaque fois mes compagnons d’armes. J’étais le lieutenant le plus dangereux de cette époque et lorsque que l’on me voyait sortir ma faux, cela voulait dire que la mort allait frapper car son exécuteur allait se mettre à l’ouvrage. J’étais le bourreau qui rendait les sombres verdicts de Dhiosas ! L’homme qui transporte la mort avec lui, le Porte-Mort ! »
- « Et qu’est ce qui t’es arrivé ? »
- « Ce qui arrive toujours à une période dans l’ordre « saint ». Il était venu le temps de maintenir l’illusion du pardon et de la pureté. Le temps de faire croire que nous tuons pour le bien de tous et pas par plaisir… Bref, à ce moment, les supérieurs m’ont ordonné de diminuer, d’arrêter mes activités pour un temps. Pire, ils voulaient en cas de bataille, que j’épargne quelques prisonniers ou ennemis ! J’ai fini par comprendre que pour eux, je n’étais qu’un outil, une petite arme qu’il ne fallait pas trop brandir… J’étais utilisé, tout bêtement ! »
- « Et alors tu as voulu faire comme il te plait, tu as déserté l’ordre et monter un équipage de pirates pour tuer qui bon te semble et quand il te plaira… Tu espères vraiment que je vais te croire ? »
 
Pierre sourit encore et sort son sabre.

- « Oh ! Tu n’es pas obligé. Après tout, je ne fais pas partie d’une classe sociable réputée pour dire que vérité ! Même si mes vêtements devraient être une preuve…. A moins que j’aie tué un officier pour l’avoir ? Qui sait ?  »
- « Une dernière chose avant de reprendre : pourquoi te fais-tu désormais appeler Pierre les sept orteils ? »
- « Quand j’étais encore le Porte-Mort, il m’est arrivé de remporter des batailles avec quelques blessures, tout simplement. Un ennemi m’a attaqué, j’ai esquivé, mais sa hache m’a coupé les trois petits orteils du pied gauche. Je me suis servi de cette blessure comme nom afin que l’ordre ne se rende pas compte qui j’étais en réalité ! »

L’ex Porte-Mort charge vers moi, je le copie tout reprenant mon épée de ma main droite. Nos lames se rencontrent violement et faisant quelques étincelles. La force du vieil homme me fait perdre l’avantage, alors je donne un coup de tête pour le déstabiliser. Pierre recule un peu et je peux faire de même. Je reviens à l’assaut, il esquive mon coup en s’abaissant et donne un coup de pieds à mon estomac avant de tracer une seconde ligne sur mon plastron et cette fois, du sang coule un peu. Je porte ma main gauche sur la blessure et me reprends. Je dois le vaincre à tout prix ! Nous reprenons notre duel, Pierre était aussi fort à l’épée qu’avec sa faux, impossible de l’avoir en une attaque. Je pare une attaque, Pierre en profite pour me saisir par le cou, je réagis immédiatement en donnant un coup de garde au visage, il lâche et je recule de quelques pas tout en dégainant ma dague.

Le combat reprend de plus belle. Pierre fait attention aussi bien à l’épée qu’à la dague. Je pare un coup d’épée avec ma dague, soudain le forban saisit à nouveau mon poignet en vue de me désarmer. Il est fort, je lutte du mieux que je peux tandis que j’essaie de donner des coups d’épée, que pierre hélas pare sans soucis. Je donne alors un dernier coup d’épée avant de donner un coup de tête, il est légèrement perturbé, j’enchaine en le poussant violement du pied droit. Le capitaine pirate lâche enfin mon poignet et se cogne contre le mât. Pierre revient à la charge, la lame pointée vers moi, paré à faire une attaque directe. Je m’avance lentement et donne un coup de d’épée pour dévié la lame avant même qu’elle agisse, puis je donne un coup direct avec la dague. Mais le forban l’évite de justesse et me donne un coup de poing dans l’estomac, je baisse la tête de douleur et rencontre le genou de mon adversaire, je suis à nouveau à terre et roule avant de me relever. Je suis à une petite distance de lui, je décide alors de prendre un gros risque : je lance violement ma dague vers lui, il pare en traçant un arc de cercle horizontale et durant son mouvement je lance également mon épée vers son ventre, qui elle, ce loge à l’endroit visée ! Pierre porte la main sur la lame, lâche son sabre et tombe à genoux, du sang coule de sa bouche.

Je contemple Pierre tout en reprenant mon souffle, je m’avance finalement vers lui et je récupère ma dague avant de la rengainer. Pierre respire encore, je me mets à son niveau pour le regarder dans les yeux et saisit la garde de mon épée.

- « N’oublie pas…. Le marché…. Épargne mes hommes…… Je sais que tu n’es pas comme eux………. Impitoyables envers ceux qu’ils jugent…. Indignes de vivre…. »
- « N’aie crainte, ils vivront, ils auront leurs chances de se racheter. Et ce n’est pas une manipulation, je fais ce que fait un vrai Frère de l’ordre de Dhiosas… Dis-moi quand tu voudras que je te retire ma lame. »
- « Quelle…. Noblesse…. Naïve…. Malgré nos actes…. Notre vrai crime était…. De ne pas s’être soumis aux lois des puissances. Les vrais pirates…. Sont ceux qui font… Ce qu’ils leurs chantent…. Qui vont…. Où ils le désirent…… Tu comprendras…. Tu voudras toi aussi…. Ta liberté… Finissons-en ! »
- « Que Dhiosas pardonne tes péchés, Porte-Mort… »

Je retire d’un coup sec mon épée, le sang coule encore plus de son ventre. Pierre ferme les yeux avant de tomber à terre. Je me relève et essuie la lame avant de la rengainer. Je vois les pirates jeter tous leurs armes. J’ordonne aux hommes de les attacher et de ne pas les maltraiter et demande que l’on rentre à Valrogarde sur l’heure. Tous obéis sans discuter, j’ai prouvé ma valeur à leurs yeux. On me fait vite un bilan, le navire n’a reçu que des dégâts mineurs et les réparations iront assez vite.

Nous avons beaucoup de blessés mais la majorité d’entre eux ne le sont que très légèrement et les autres demandent plus d’attention mais survivront. Et nous avons que très peu de morts. Tout à coups, une pensée me traverse l’esprit : le lieutenant Jacques, je demande qu’on me conduise à lui immédiatement, Roland me suit.

Le lieutenant Jacques est conscient, mais la flèche, bien qu’extraite, a touché les organes vitaux et dans cet état, il faudrait avoir recours aux soins divins, mais c’est un pouvoir enseigné qu’aux gradés supérieurs, ceux qui sont au-delà du lieutenant. Il n’en a plus pour longtemps, je m’approche de lui et le regarde. Il me fixe aussi, il respire encore et sait parfaitement que je suis là et comment s’est déroulé la bataille, mais n’a plus de force pour parler. Je vois en lui nulle joie dans la réussite de la mission, nulle paix. Seulement la peur de mourir, et le dégout de ne pas poursuivre sa vie. Son visage désespéré et triste me chagrine et m’enrage à la fois. Si seulement je pouvais simplement croire que je peux le sauver…. Mais oui…. Notre capacité de nous protéger des attaques magiques repose sur la foi ! Je regarde ma main tout en y songeant… Et pense à voix haute…
 
- « Tout est question de foi…. C’est ce que tu m’as dit un jour…. »
- « Il semble que j’étais ivre ce jour-là…. »
- « Justement, tu ne t’en souviens jamais, mais tu es plus sage quand tu as pas mal bu. »

Je place ma main au-dessus de la blessure ouverte, les gens me regardent, certains d’entre eux chuchotent que la victoire m’a rendu arrogant. Je n’en tiens pas compte et fait silence autour de moi. Je désire sauver cet homme, c’est la seule chose qui compte en cet instant ! Je me concentre encore plus, j’ai foi en Dhiosas.

- « Que la lumière de Dhiosas panse ta blessure, Jacques. Car je suis certains qu’il ne te laissera pas t’en aller ainsi. Tu seras sauvé, je le sais ! »
- « Thibault, arrête… Tu lui fais plus souffrir en lui donnant de faux espoirs…. Et toi également… Tu ne peux dicter ce qu’un dieu fera… »

Roland à raison, je ne peux dicter Dhiosas. Mais j’ai confiance en lui, et j’ai foi en lui… Non ! Pas seulement, je foi dans ce que je fais et dans mes idées ! J’ai foi en ma lumière.
 
- « J’ai foi en lui…. Et j’ai foi en la justesse de mes actes ! »

Une faible lumière émane de ma main droite, Je tiens celle-ci avec ma main gauche et renforce ma concentration. Je commence à suer. La lumière se renforce un peu. Ma détermination, ma foi sont concentrés dans ma main et dans un but précis : sauver cet officier ! J’ignore combien de temps j’ai tenu ainsi. Mais au moment où je m’arrête d’épuisement et que je tombe sur un genou, tous sont muets et examine la scène. Seul Roland brise le silence.
 
- « Thibault, tu as réussi ! Mais comment ? »
Le médecin confirme- « Effectivement, la blessure est encore là, mais sa plaie a assez diminué pour que cela devienne qu'une blessure légère. Il est sauf ! Il se repose à présent. » Dit le médecin du navire.
Je tends la main vers Roland – « Je ferai bien de même… tu veux bien m’aider, mon ami, mon frère ? »

Roland m’aide à me relever et à atteindre ma couche où je peux enfin m’allonger. Je m’abandonne à la fatigue, ayant pour dernière vision que les frères qui m’entourent et un homme qui s’occupe de mes blessures.
 
Le bateau a mis que quelques jours avant d’arriver à bon port. Renault, Dearane et William sont là, ils regardent passer les marins, puis les pirates enchainés, et enfin moi, Roland et entre nous le lieutenant Jacques. Une fois devant nos trois supérieurs, Jacques fait un signe et des soldats apportent et posent entre nous et les conseillers un brancard où repose le capitaine des forbans.

Le lieutenant Jacques donne son rapport- « Le capitaine des pirates, Pierre les sept orteils ne fera plus de pillages »
Maitre Dearane est satisfait - « Bravo mon garçon, votre bataillon à bien fait son travail, j’aurai juré tout de même qu’il y aurait plus de victimes »
Maitre Renault enchaine-« D’ailleurs, notre sergent a t’il bien appris de votre expérience ? »
- « A vrai dire, c’est lui qui m’a appris beaucoup, moi j’ai reçu une flèche et dû être mis à l’abri. »
Maitre William semble surpris- « Vous voulez dire qu’il a repris le commandement ?  Dite m’en plus Roland, vous qui a surement assisté à toute la bataille. »
- « A peine le lieutenant mis à l’abri, Thibault n’a d’abord rien dis, puis il a donné des ordres précis et clairs. Sous ses ordres, nous avons mis leurs voiles en flammes et suffisamment endommager le navire adverse pour obliger les pirates à passer à l’abordage. Et c’est lui qui a mis fin à la bataille. »
Je souligne la part de Roland- « Tu oublies que sans ta force, on n’aurait jamais réussi à détruire le gouvernail. Lors de la bataille, Pierre à voulut sauver ses hommes dans un duel entre lui et moi. Les troupes du perdant rendent les armes. Et j’ai réussi à vaincre le Porte mort… »
Dearane est intrigué- « Qu’as-tu dis ? »
- « Le Porte-Mort, lui seul avait la maitrise de la faux et il portait le tabard de notre Ordre. »

Les conseillers réfléchissent, me regardent…. Puis finalement, William me répond
 
- « Pierre était un combattant né, mais trop zélé, rien qu’à sa formation, ses adversaires à l’entrainement mettaient des jours à se rétablir. Lors des guerres contre les nécromanciens, il y a dix ans, « La guerre des morts », il était choisi à chaque fois dans chaque bataille. A la fin de cette guerre, on l’a envoyé enquêter dans un village, les enfants seuls ont été épargnés. Pierre affirmait que le village regorgeait de survivant des nécromanciens. Ne sachant s’il disait vrai ou s’il a trop pris goût au sang, il a été décidé de le laisser sans combats pendant un temps…. Et le voilà. »
Je réfléchis à la raison- « Il s’est sans doute senti manipulé, tel un jouet. Il voulait peut-être juste être libre. »
Dearane avoue- « Oui, c’est surement la raison de sa fuite. Mais sache qu’on l’a condamné uniquement pour ses crimes d’aujourd’hui. Le fait d’être libre, ne lui donne pas le droit de faire souffrir d’autres personnes. Tu as fait le bien aujourd’hui et les pirates prisonniers auront leurs chances de se racheter. »
Renault renforce les éloges- « Aussi, tu as prouvé que tu étais un commandant d’exception. D’autres prouesses ? »
Jacques réponds- « Il m’a sauvé la vie et faisant appel au pouvoir de guérison ! »
 
Soudain on entend la troupe qui s’était discrètement regroupé confirmés les prouesses et scandait mon nom.

Renault ne semble ne pas y croire- « Alors ça…. Dearane, tu as vraiment trouvé le bon apprenti ! »
- « Ce n’était pas de la chance, Dhiosas me l’a dû l’envoyer. »
William semble sourire derrière son casque- « Et bien, dans ce cas nous sommes tous d’accord. N’est-ce pas vous tous ? Voulez-vous que le jeune Thibault passe un nouveau grade parmi nous ? »
 
Tous hurlèrent en ma faveur, même Jacques. Je me suis enfin fais une place parmi eux.

Dearane proclame- « Alors c’est décidé ! Roland a aussi mérité une récompense pour son soutien. N’est ce pas, Sergent Roland ? »
Renault enchaine- « Quant à toi, Thibault, dès notre retour, tu iras chercher le tabard de Lieutenant, ton tabard. »
William conclu- « Mais avant cela fêtons cela, la taverne de Valrogarde a assez de place pour tous ! »
 
Tous suivent les maitres. Je n’en revenais pas, moi lieutenant, un officier ! La nouvelle se repend vite, je suis le héros de Valrogarde. Pourtant je me pose une question : les deux versions de l’histoire du Porte-Mort collent, mais pour les pirates, sont-ce des bandits, ou des hommes libres ? Finalement avant d’être pris dans la fête et l’alcool, je conclu que les pirates sont pareilles aux aventuriers sur terre : certaines veulent être libre de tracer leur voie, et d’autres dans cette même liberté, tuent et volent autrui. La nuit est belle et étoilée, mais la sensation n’est pas la même sur un navire….

 



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