Chapitre 3 : La 1er épreuve
 
 

 Voilà maintenant un an que je suis la formation des apprentis, qui est le plus bas de l’échelle de l’ordre, nous ne sommes qu’un potentiel possible. L’épreuve des apprentis détermine si nous sommes dignes de servir Dhiosas, l’uniforme blanc en sera le symbole. Aujourd'hui enfin, c’est mon tour de faire mes preuves. J’ai beaucoup appris depuis mon arrivé, aussi bien pour me battre que sur l’ordre et son histoire. La seule chose étrange est que les héros de l’ordre sont tous des humains. Pas de nains, ni même des elfes… Peut-être est-ce mon imagination.

En revanche ce qui est bien réel, c’est que je n’ai plus fait de visions sur mon passée, sauf une... ce qui est plutôt contrariant mais c’est mieux que rien : c’était lors d’un entrainement, un des maitres a dit qu’il faut faire qu'un avec la lame, à ce moment j’ai été paralysé et des fragments de souvenirs me sont apparus : un visage que je n’arrive pas à voire entièrement, mais la voix était claire : « Faire qu’un avec la lame ne suffit pas, un vrai combattant ne fait qu’un avec tout son environnement ! Tout ce qu’il entoure peut lui donner la victoire. N’oublie jamais, même à mains nues, si tu observes bien ton terrain de combat, tu as toujours une chance. ». Depuis cette crise, plus rien ne m’a été révélé mais c’était très utile pour ma formation. En une année, je suis devenu un élève prometteur, Roland est devenu un ami et Dearane un maitre que je respecte.

Mais pour prouver que mon maitre n’a pas fait d’erreur, je dois réussir. Les apprentis ont pour épreuve une mission d’un soldat. S’ils réussissent, ils deviennent des soldats. Cette année, l’épreuve se fera par deux et je suis heureusement avec Roland. Curieusement, « le barbare » est l’ami le plus proche que j’ai… Il est souriant et drôle, les armes contendantes sont son type d’arme. Il me parle honnêtement et avec philosophie, quoi de manière parfois étrange. Les autres me parlent, me saluent, mais ils sont… méfiants… distants…. Je ne comprends pas pourquoi, ou plutôt si mais je vois pas pourquoi on se méfie pour si peu… Mais je leur montrerais bien assez tôt qu’ils n’ont pas à se méfier.
 
L’épreuve nous concernant est plus dure que d’habitude. Une maison a été envahi par des orcs qui ont décidé de s’installer. A la demande des villageois, l’ordre va chasser la vermine et rendre aux survivants de l’attaque leur foyer.

Après avoir récupérer mon épée et Roland une morgenstern, nous sommes montés sur un chariot tiré par deux chevaux et faisons route ! Deux soldats plus l’un de nos professeurs sont avec nous. C’est la première fois que j’explore les plaines après tout ce temps dans ce bastion. Je lis le rapport : la maison a deux étages, pas de cave et se situe à deux kilomètres du village de Ralrode, au sud du bastion. Il est sur le chemin qui lie le Bastion à la ville. Nous nous arrêterons non loin de la maison. De là, le test commencera, à nous de décider de l’approche et de gérer la situation. Il y a en tout cinq orcs d’après les survivants et ne portent pas de blason particulier ou de symbole d’orcs. Bref, des vagabonds.
 
Après un long moment, le chariot s’arrête. Nous sommes arrivés devant une forêt, notre instructeur nous explique que la maison se trouve juste après ces bois et que l’épreuve commence ici. Roland et moi descendons, il a hâte. Avant de partir, nous nous sommes mis d’accord de passer par les bois pour éviter de se faire voir dès notre arrivée. Grâce à la route, on ne pouvait pas se perdre. Après une bonne marche, nous sommes enfin devant la maison en sale état. Cachés encore par la forêt, nous espionnons calmement : personnes à l’extérieur, un chariot se trouve entre nous et la maison. Des bruits et des voix nous parviennent depuis la maison, en se concentrant, on pourrait dire qu’ils sont à l’étage. Roland prend la parole.

- « Tous dedans avec un peu de chance…. Ou alors, d’autres qui sont partis patrouiller dans les bois. Je ne l’espère pas, je n’ai pas envie d’attendre des heures pour tous les avoir moi ! »

- « Ce serait un peu long mais pour le moment on est sûr de rien. Juste qu’il y en a à l’étage et qu’ils ne savent pas qu’on vient… j’espère que je pourrais aller derrière l’escalier…. »

- « Faire un avec l’environnement, hein ? Je crois avoir compris l’idée… Moi je les attire et je m’arrange pour qu’ils ne fassent pas attention à autre chose que moi. Allons d’abord discrètement vers le chariot puis la maison. »

- « Très bien, allons-y ! »

Nous allons d’abord vers le chariot, puis ne bougeons pas pour être sûr de ne pas se faire repérer. Ensuite nous courons, genoux pliés, vers la porte défoncée. J’entre en premier, calmement, sans bruit. L’escalier est devant moi et par chance, j’arrive à m’y mettre derrière. Je prépare ma lame, prêt à agir. Roland passe à côté de l’escalier pour entrer dans une autre pièce. Il fait du bruis, les orcs cessent de parler, puis, l’un deux dit à un autre d’aller voir. L’orc a la peau verte foncée et aux cheveux longs sales, descend l’escalier, j’attends… son pied droit arrive au niveau de ma tête… maintenant, je donne un coup direct entre les marches et tranche le tendon ! L’orc surpris, cri un peu et tombe. Dos au sol, il voit l’arme de Roland venir vers son visage. Les orcs s’agitent ! Un orc a vue Roland, il fonce. Mon ami pare le coup d’épée rouillé et moi, je donne un coup a plus longue portée vers sa nuque.

Le troisième a compris et saute directement sur Roland et ils tombent tous les deux à terre. Deux autres orcs arrivent, je sors de l’escalier et les attire dans le salon, lieu plus grand. L’un a une lance, chauve et les yeux gris et l’autre à une hache, il a une courte natte, un anneau a l’oreille gauche et les yeux verts. Je me déplace lentement dans la salle pour qu’ils ne puissent m’entourer. Le lancier charge, j’esquive et je me retourne pour parer le coup de hache. Je contre-attaque en prenant la tête de l'orc à la hache et la cognant si fort contre la fenêtre que celle-ci se brise ! Quelques éclats lui rentrent dans le visage. Je charge vers le lancier, épée dans ma main droite et donne un coup direct, qu’il évite sur la gauche, je corrige donc mon erreur en donnant un coup de poings à son estomac. Le souffle coupé un instant, il ne fait pas attention à la lame qui tranche sa tête. Le deuxième reprend à peine ses esprits.

Instinctivement, je saisis un tabouret de bois et frappe très fort au point de la casser sur la tête de l’orc. Il se reprend vite, s’enrage et fonce sur moi. J’évite ses coups et pare sa dernière attaque, je donne un coup de genoux au ventre pour le faire reculer. Soudain une masse s’abat sur sa joue droite et l’emporte dans son élan ! Roland est de nouveau disponible, autant dire que le survivant n’est plus. Mon ami me fait remarquer

- « Tu t‘es bien débrouiller ! Pas mal les coups de la vitre et du tabouret. Enfin, aussi ces gars-là on en tapera tous les jours.»

- « Toi aussi tu as été…. Radical » dis-je en voyant les restes de l’orc qui lui avait sauté dessus. « On a réussi l’épreuve avec excellence ! »

- « La tête des autres quand ils sauront qu’on s’est mieux débrouiller qu’eux avec leurs patrouilles ou courses. S’ils pensaient se débarrasser de nous… Et bien c’est dommage pour eux. »

- « Comment ça ? Nous sommes tous avec Dhiosas ! Nous devons être ensemble ! Comment peux-tu croire pareille folie ? »

- « Tu sais qu’ils se sont toujours méfié de nous… Mais les maitres nous ont soutenus, c’est vrai. Allez, on file, j’ai hâte d’avoir mon tabard. »

Nous sortons donc tous les deux de la maison avec l’épée d’un des orcs comme preuve de notre réussite. L’enseignant est déjà là et il sourit.

- « Pas une égratignure ! Vous êtes vraiment prometteurs ou alors Dhiosas lui-même vous protège… Voici vos tabards blancs, symbole que vous servez la cause de l’ordre. Félicitation Soldat Roland et Thibault. Allons-y ; le reste de vos nouveaux uniformes doivent vous attendre, j’ai envoyé un des soldats avec un cheval pour dire au bastion de les préparer. »

Je m’interroge- « Mais nous venons juste de sortir, comment est-ce possible que vous ayez deviné ainsi ? »

- « Dearane en était sûr et vous savez, il est très bon pour juger les capacités d’un soldat. C’est même pour ça qu’il est champion. Assez parler ! En route Soldats. »

Je me dirige vers le chariot pour ensuite le monter, épée dans une main et tabard dans l’autre. Je suis troublé : pourquoi vouloir se débarrasser de nous ? Pourquoi cette méfiance ? Qu’est-ce que Roland a voulu dire par là ? Je n’ai pas fait attention au voyage, méditant trop la question… Une fois devant le bastion, je savais quoi faire : m’habiller et puis aller voir Dearane. L’enseignant nous dit que nos uniformes devraient être dans nos quartiers. Je m’y hâte et une fois la porte close, me change aussitôt. Mon nouveau costume est magnifique : un pantalon et une chemise blanche, les mêmes bottes et la même ceinture qu’avant, le tabard blanc avec le « D » symbolique. Je gagne aussi une sacoche de cuir avec à l’intérieur une bourse contenant quelques pièces de bronze et une pièce d’or, je rajoute les pièces d’argent découvertes le jour de mon réveil. Les gants faisant partie de l'uniforme des apprentis, je les retire et les pose avec le reste. Et enfin, un fourreau pour mon épée. Tant mieux, j’en avais assez de trimballer mes armes. Quelqu’un vient frapper, j’ouvre et je découvre Dearane. Je l’invite à entrer.

- « Alors c’est vrai ! Tu as dépassé le plus bas stade de l’ordre ! Bravo, j’ai entendu par Roland la manière dont vous avez gérés le problème. Mais ne sois pas trop fière de toi, ce que tu as affronté n’était que le quotidien d’un soldat. »

- « Mais au moins je pourrai sortir de ce bastion, ce n’est déjà pas mal. »

- « Oui, mais pour faire des patrouilles, des tâches quotidiennes et surtout suivre les ordres. Tu as encore un long chemin à faire, si tu veux enquêter librement sur ton passé. »

- « Je sais bien maître, mais au moins je verrai autre chose que des plaines, des forets et ces murs. Mais il y a quelque chose de bizarre dans ce test. »

- « Que veux-tu dire ? »

- « Et bien, cette mission était plus risquée que les autres. Et cela, c’est déjà rare qu’elle ait été utilisée pour une épreuve d’apprentis. Surtout pour moi et Roland spécifiquement.»

- « Aaaah Roland t’as perturbé, hein ? Je comprends son point de vue : n’ayant pas eu de grands soutient à son arrivé, son intégration ne s’est pas mieux passé que la tienne, c’était même plus dure… Je regrette de ne pas avoir été là. C’est vrai, on vous a volontairement donné cette épreuve. Mais pas pour vous tuer, pour montrer que vous méritez vraiment la lumière de Dhiosas !»

- « Mais pourquoi donc ? Qu’avons-nous donc fait ? »

- « Les origines sont responsables de cette méfiance…. L’ordre a toujours pris des informations sur les apprentis et leurs passés… Mais Roland ayant une origine barbare et toi ne sachant pas la tienne, il était très difficile de savoir qu’elles seraient vos penchants et si votre loyauté durerait… Même en ayant eu du soutien du conseil, il n’y avait que cette solution… Mais maintenant, vous avez fait vos preuves, tous sont obligés de reconnaitre que vous êtes fidèles et puissants ! Va maintenant, la fête pour nouveaux soldats va commencer sans toi.»

- « Oui maitre, et merci ! »
 
Je sors donc de ma chambre. Ainsi donc, Roland avait raison, on se méfie de nous, mais pas au point de tuer. Ce que j’ai appris a renforcé mon envie de découvrir mon passé, car c’est à cause de l’inconnu que les autres se méfient. Dans ce cas, brisons l’inconnu et la méfiance s’évanouira. Je commencerai demain car aujourd’hui, je fais la fête au réfectoire. Je l’ai bien mérité.


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