Chapitre 3: L'héritage

 
 
La douce lumière du matin me réveille. Et malheureusement, je ne suis pas dans mes quartiers au Bastion, mais dans une chambre quelque part sur un autre monde. Tout cela est réel. Mais je commence a m’habituer à cette amertume. Après m’être étiré, je quitte ce lit qui est provisoirement le mien et reprends ma chemise et mes bottes, puis ma ceinture avec ma dague. Une fois habillé, je quitte ma chambre, à ma grande surprise, Talssader ne m’attendais pas derrière. Je vais pouvoir le chercher par moi-même et explorer ce palais sanctuaire.

Parcourant les longs couloirs, je m’arrête devant une fenêtre ouverte et décide de jeter un œil pour découvrir un peu ce nouveau monde. Je vois un village à l’architecture étrange et un environnement me rappelant le Bastion avec ses plaines et forêts aux loin. Je découvre également les fameux anges, tous vêtus de blanc ou de bleu, et si je regarde bien, ils ont les yeux blancs, complètement. Tous correspondent aux livres de la bibliothèque. Tout à coup, une femme ange se sent observée et regarde en ma direction ! Je quitte la fenêtre de justesse. Je n’imagine même pas sa réaction en voyant un vampire dans leur précieux sanctuaire. Ayant assez vu l’extérieur, je poursuis ma route à la recherche de Talssader.

Bizarre, à mon réveil j’étais brouillé, ce qui est normal au matin, mais là je suis bien éveillé et je me toujours un peu fatigué. Comme si je n’avais pas assez dormi…. Entre temps, avec tous les moments que j’ai subis, il est normal que le moral en prenne un coup, c’est peut-être ça qui influence ma forme.

Je continu de marcher et découvre une très grande salle : Il y a plusieurs armes de différents types et d’un style communs, je crois qu’il s’agit d’armes angélique. Je vois aussi des piliers de différentes hauteurs, aucune ne se colle au plafond qui est très haut et il y a même un petit parcours d’obstacle. Talssader est devant moi, je m’avance pour lui parler.
 
- « Bonjour, jeune Thiodar. Je vois que tu n’es plus aussi équipé. Bien dormis ? »

- « Plutôt bien, merci. Et oui, j’ai retiré mon équipement, à la fois parce qu’il est trop endommagé et comme symbole que ma vie sur Doral est finie. Alors, que voulez-vous me faire découvrir aujourd’hui ? »

- « Ton héritage vampirique. Comme tu as dû le lire, les capacités d’un vampire sont assez différentes de celles d’un humain. Tu dois connaitre ton nouveau corps si tu veux survivre assez longtemps pour découvrir ta vérité. »

- « Ça semble logique. Mais attention, je ne cherche pas a apprendre de nouvelles techniques ou acrobaties. Aidez-moi juste a maitriser mes nouvelles capacités physiques. »

- « Comme tu voudras, nous allons débuter par le plus dure à maitriser, le saut et atterrissage d’un vampire. Je te demande de prendre de l’élan et de sauter, là, bêtement. »
 
Je fais signe de la tête pour dire que je suis d’accord. Je me prépare, je prends de l’élan et je saute. Et là, je fais une hauteur que je n’avais jamais faite avant. Je saute deux fois plus haut. C’est tellement incroyable que je ne fais pas attention à l’atterrissage et je tombe lamentablement. Je me relève calmement, le corps un peu endolori. C’est pas mal frustrant, mais je comprends la raison de ma chute, en plus de mon inattention, j’ai sauté plus haut que d’habitude, mon corps n’a pas le reflexe pour pareille hauteur. Je dois me concentrer et retravailler cela. Je vais recommencer, mais sans élan. Je m’exécute, je fais bien attention et atterrit sur mes jambes en faisant quelques pas pour ne pas perdre l’équilibre. C’est mieux, je réessaye, cette fois l’atterrissage se fait avec des pas en avant maitrisés. Je poursuis encore, jusqu'à une maitrise correcte. Ce qui m’a pris pas longtemps.

A présent, j’essaie les bonds sur les côtés. En utilisant pas toute la puissance de mes jambes, je parviens à maitriser encore plus rapidement. Maintenant, le plus dure à contrôler, le saut arrière. Je fais un essai, je titube en arrière avant de me retrouver fesses à terre. C’est assez gênant devant quelqu’un, mais il n’est pas mon maître ou un allié, c’est juste un guide ou un manipulateur voulant jouer. Je me relève et recommence. Comme pour les autres sauts, chaque tentative entraine mon corps à ses nouvelles capacités et me rapproche du but. Et je parviens à maitriser le saut arrière à la cinquième tentative. J’adresse un regard à Talssader.
 
- « Tu comprends très vite, tu as bien analysé la situation. Tu as voulu maitriser les simples sauts sur tous les côtés pour maitriser à nouveau l’esquive et pour mieux maitriser le saut avec élan, il te reste plus qu’à savoir ce dernier. Car une nouvelle capacité de saut implique de nouvelles options ou possibilités. Comme sauter un obstacle d’urgence que tu ne pouvais être franchit avant. Je te laisse chercher la méthode. »
 
Il a raison, et jusque-là, je n’ai pas à me méfier, tout ceci n’est qu’une adaptation, je n’ai rien appris de neuf, ni de très étranges. Étrange, comme Dearane, il arrive à bien me cerner, mais contrairement à lui, il me laisse chercher par moi-même. Je me concentre sur le parcours d’obstacle : si j’arrive à passer les murets sans tomber, alors j’en aurai fini avec cette étape. Je me mets en place, à une petite distance du parcours. Réfléchissons, cette fois, je dois faire comme toujours, garder ma concentration, découvrir la distance que je peux effectuer, bien observer l’endroit précis où je peux atterrir.

Attention… je me mets en place… Partez ! Je cours et débute le parcours, je fais le premier de bond, mais trop tôt. Le deuxième pied cogne légèrement le bord et je perds l’équilibre. Par reflexe, je roule par terre et me relève tout en reprenant ma course. Je saute une deuxième fois, encore trop tôt, mais cette fois, je prends appuis sur le bord pour prolonger le saut, rendant l’atterrissage moins pitoyable. Je continu sans hésiter, dernier obstacle : je saute et passe de justesse sans accrochage, ni appuis. J’ai réussi le parcours, mais je décide pour être sur je refaire le parcours à l’envers. Je me prépare et me lance. C’est un sans-faute ! Je suis assez content de moi, je m’adapte plutôt vite. Je viens vers Talssader, une question me vient à l’esprit.
 
- « Je peux vous poser une question ? »

- « Bien sûr, je t’écoute. »

– « Si les archanges n’avaient aucune envie de conquêtes, pourquoi alors cette salle d’entrainement immense ? »

- « Bonne question, mais c’est à toi d’y répondre ! Je te laisse un indice : cela a un rapport avec les trois statues que tu as vu hier. »
 
Je suis assez surpris, ce coup-ci, il ne répond pas. Les trois statues et une salle d’entrainement au combat…… Les trois statues…. Mage, Sage et Courageux…. Mais oui, Courageux maitrisait l’art du combat, tout comme un alchimiste et son laboratoire, lui avait créé cette salle pour parfaire son art et apprendre le combat à toutes les races…
 
- « Et bien, cette salle a été créé par Courageux et il y perfectionnait son art et entrainait les autres races. C’est ça ? »

- « Ou ? »

- « Ou alors c’était pour s’entrainer pour la guerre contre l’empire. »

- « C’était les deux. Initialement, Courageux l’avait créé pour appliquer ses découvertes, lors de la guerre, nous l’avons utilisé pour savoir se battre et donc se défendre. »

- « Vous auriez très bien pu vouloir lever une armée pour conquérir le continent. Mais il n’y aucune preuve pour le moment. »

- « Excellent, malgré toute ces années au service d’un ordre croyant en un Dieu. Tu raisonnes avec logiques et théories. Avec que pour certitudes les faits… C’est une bonne voie, il te permettra de voir la vérité neutre. »

- « Merci. Et la suite ? »
 
Je suis assez flatté mais aussi troublé. Lui aussi, il voit juste : pas une seule fois les conseils de Dearane ont été suivis. En fait, avec Talssader, je n’avais aucune honte, aucune pression par rapport à ses attentes, ni crainte d’un courroux divin. C’est comme si je suis sans trouble, ni doutes de faire un faux pas, d’être dans le mauvais camp. Et si c’était sa tactique de manipulation ? Si c’est le cas, ça ne marchera pas sur moi. Mais au moins, ça me fait un peu de bien. Mes pensées se tournent vers le présent et je vois Talssader avec une épée blanche immaculée et une épée à deux mains. Il me la lance et j’attrape la claymore sans mal par reflexe. Elle est si légère, on dirait une épée longue. Était-elle d'un alliage spécial ou bien ma force s’est-elle décuplée ?
 
- « Les vampires ont une force légèrement supérieure aux humains. Ils manient donc les armes lourdes avec plus de facilité. Nous allons combattre ensemble pour que tu puisses constater par toi-même. Ensuite, nous verrons le coté handicapant de la chose et le point où tu dois t’adapter. Prêt ? En garde ! »
 
Je me mets en garde, je reste calme. Il attaque en premier, je pare sans mal. J’attaque, il pare également. L’entrainement se poursuit, à travers le combat, ma fascination pour ma facilité à manier la claymore se dissipe tandis que je commence à sentir que Talssader n’y allait pas à fonds. En même temps, le but de ces entrainements est l’adaptation, pas l’amélioration.

Après plusieurs minutes de combats, Talssader donne une attaque directe, je l’esquive et le pousse de toutes forces, épaule gauche en avant. Le coup a réussi et le repousse légèrement plus loin que prévus. Je me remets en garde, mais l’archange fait signe de la main, comme pour dire « Fin du combat ». Je baisse con ma garde.
 
- « Parfait, tu sais te servir d’une épée. Maintenant, nous allons passer au plus dur. Rends-moi la claymore, s’il te plait. »
 
Je m’exécute et m’approche de lui en tendant l’arme à deux mains. Après tout, ce n’est pas mon arme. Talssader prend l’épée et s’en va la ranger, ensuite, il prend une autre épée, elle est courte. Pourquoi une épée courte ? L’énigmatique archange me lance l’épée et je l’attrape sans soucis. Elle est beaucoup plus légère que la claymore. Talssader se met en garde, je fais de même. Il attaque, je tente de parer, mais je vais trop vite ! La lame s’arrête net, je recule de trois pas. Que s’est t’il passé ? Je passe à l’attaque, mais je vais trop vite et je rate la plupart de mes attaques et j’ai du mal à parer. A chaque fois, Talssader arrête net son attaque. J’arrête de combattre un moment pour réfléchir, tout en faisant attention à l’archange. Pourquoi je combats moins bien ? J’analyse mes souvenirs : à chaque mouvement, je suis emporté par le mouvement, j’y mets trop de force. C’est ça ! Puisque ma force à grandit, les mouvements sont plus légers avec les armes courtes. Je dois donc réduire mon application dans mes mouvements, je dois y aller doucement. Talssader attaque, je pare plus lentement et avec moins de forces. La parade réussit de justesse, mais elle marche. Je contre-attaque, Talssader pare facilement, je poursuis en allant plus vite petit à petit.

Le combat dure, la fatigue apparait, mais je progresse. Et enfin, je me bats comme j’ai toujours combattu, je parviens à maitriser ma force, je le sens.
 
- « Ça suffit, nous pouvons nous arrêter là, tu as réussi à t’adapter à tes nouvelles aptitudes. Demain nous verrons ton héritage légué par Izural. »
 
Je lâche un soupir de fatigue et de soulagement. Je rends l’épée courte à Talssader. Mon ventre gargouille sans me prévenir.
 
- « La faim arrive. Ne t’en fait pas, j’ai tout prévus. Va dans la cuisine, il y a une écuelle et un lapin pour toi. »

- « Du sang de lapin ? »

- « Je te l’ai dit, les vampires peuvent boire du sang d’animaux. Libre à toi de l’accepter, mais sache qu’il te sera difficile de voyager en étant affamé. Je te laisse, profite un peu pour visiter. Oh, tu devrais recolter le sang toi même, c'est le seul moyen de t'assurer que je ne te fais pas boire du sang humain par ruse. »

L’archange s’en va, me laissant seul. Je suis un peu contrarié par ses paroles, mais il raison. Je suis un vampire maintenant, plus un humain… Me dirigeant vers la sortie, je décide d’explorer un peu plus ce palais sanctuaire avant d’affronter le plus dur : la partie sombre de mon héritage, la soif de sang.

Après une seconde balade a admiré l’architecture plutôt harmonieuse et contempler le magnifique jardin intérieur, je me dirige vers la cuisine et découvre l'animal. Calmement, je rempli l'écuel et repar vers mes quartiers, la pression monte en moi. Je marche calmement et après être revenu dans la chambre, m’assois sur le lit à côté de l’écuelle. Je retire ma ceinture, mes bottes et ma chemise avant de la fixer à nouveau. Lentement, je prends l’écuelle et contemple mon reflet via le sang. J’approche mon visage, j’ouvre la bouche. Mes mains tremblent, je ne peux plus bouger. La pression est trop forte, j’éloigne l’écuelle de mon visage et la pose très vite sur le sol. Je respire lourdement, transpirant légèrement. Je ne peux pas, pas maintenant… Boire du sang, accepter le fait que je sois un vampire ? Un monstre ? Je sais que c’est le seul moyen de vivre, mais, je ne suis pas prêt à l’accepter, c’est trop dur. Soudain, je me sens observé, je regarde la porte et vois une silhouette s’enfuir. Je cour vers la porte et regarde le couloir : personne. Était-ce mon imagination ? Ou Talssader qui me surveille ? Tant pis, je verrais plus tard. Je dois d’abord me reposer, car si je refuse de me nourrir maintenant, la leçon de demain risque d’être plus dure que prévus.


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