Chapitre 4: La nouvelle voie du paladin
 
 
Je me suis levé de bonne heure, pour commencer au plus vite la suite du programme ! Même si je suis moins en forme que d’habitude, la nuit a été assez calme pour me permettre de récupéré un minimum. Connaissant mieux le palais, je rejoins Talssader très rapidement.
 
- « Bonjour Thiodar, bien dormis ?"

- « J’ai connu meilleur sommeil, mais ça ira. Je suis prêt pour la nouvelle étape. »

- « Parfait, aujourd’hui nous allons travailler sur le pouvoir basique des paladins, la sphère de lumière. Il existe diverses formes de magie en ce monde, la magie de la lumière fais partie des voies n’ayant pas beaucoup de sorts mais dont l’étude permet le port d’armure. Ces utilisateurs sont les paladins.

Les paladins sont des guerriers possédant quelques sorts principalement défensifs. Ils sont sensibles à la magie des ombres, puisqu’élément contraire. Contrairement aux paladins de ton monde, ils n’ont pas de divinités précises, ils peuvent même n’avoir un idéal sans pour autant servir un dieu. »

- « Quoi ? Mais comment obtenir les pouvoirs de la lumière si aucun Dieu ne les confie ? D’où viennent leurs pouvoirs ?»

- « De la volonté, de la force de la foi en ce qu’on le croit. Le paladin agit avant tout au nom de ce qu’il semble juste. »

- « Sur sa simple volonté ? Mais alors, si un paladin croit un acte brutal juste, il gardera ses pouvoirs ? »

- « C’est possible en effet, mais les utilisateurs de la magie des ombres usent aussi de leurs volontés. N’ai-je pas dit que Dulsior, le frère d’Izural, utilisait ce pouvoir pour combattre Shaktor ? »

Je repense à mon parcours : si on pousse le raisonnement plus loin, il se pourrait qu’en croyant agir justement, nous avions tué les drowns sur Doral par haine et colère. Le prince des elfes noirs, Anathork, disait agir pour son peuple et avait des pouvoirs plutôt sombres… Je chasse ses souvenirs et me concentre sur Talssader.
 
- « La sphère de lumière porte bien son nom. Ce pouvoir basique permet de d’affaiblir temporairement l’agressivité des gens et de blesser les utilisateurs d’ombre. Pour utiliser ce pouvoir, tu dois croire en quelque chose d’assez fort, et concentrer toute ta volonté sur la paume de ta main. Une fois la sphère prête, lance-la comme si tu lançais un objet physique. »
 
Je lève mon bras, et le fixe en me concentrant. J’applique toute ma volonté en ce en quoi je crois : quelque chose apparait, puis plus rien. Je ne comprends pas, Dhiosas ne suffit plus ? Mais en fin de compte, est ce que j’y crois encore vraiment ? C’est surement pour ça que je n’y arrive pas. Mais en quoi croire alors ? Qui peut me faire croire que je peux y arriver ?
 
- « Avec ce que tu as traversé, il est normal que tu aies des difficultés, prends ton temps. »

Je l’écoute à peine, je me concentre… Croire…. Croire…. Croire ? Mais oui, Croire ! Je me souviens ! Le jour du combat contre Pierre les sept orteils, quand j’ai obtenu le pouvoir de guérison, ce n’était pas en pensant que Dhiosas sauvera le lieutenant, mais en pensant que ce que je faisais à cet instant était juste, je croyais en ce que je faisais. Je croyais que je pouvais le faire. Je me rappelle aussi d’un souvenir retrouvé de mon mystérieux passé : l’homme mystérieux qui me disais que quoi qu’il arrive, je devais agir en tant qu’être libre. La liberté ?  C’est ce que je veux garder plus que tout ! Je veux voir ce monde par moi-même, je veux découvrir si je peux encore vivre sans être un monstre. Mon idéal ? Le libre arbitre !

Avec cette nouvelle idée en tête, je relève mon bras droit et recommence. J’agis parce que j’en ai la liberté, je crois que je me bats pour rester en vie. Je crois que peux y arriver sans Dhiosas. Une petite boule lumineuse apparait. Je m’applique encore, je chasse tous les doutes restant de mon esprit. Je n’ai plus que mes préceptes, mes certitudes. La petite boule devient une sphère occupant tout ma main, mon idéal. Ensuite, lentement, je lance mon idéal vers le mur en face de moi. Elle fonce et explose à son contact sans faire aucun dégât. Je respire lourdement, mais je suis content, j’y suis arrivés sans mal.
 
- « Impressionnant, le fait que tu as déjà appris des pouvoirs t’aide, mais je ne m’attendais pas à ce que tu réussisses aussi vite. »

- « C’est parce que je crois en deux choses difficiles à douter : le libre arbitre et en moi. Mais je dois encore travailler, je dois pouvoir lancer ce sort plus rapidement et je… »

Soudain, je tombe à genoux. Je me sens très faible, j’ai… faim… Je ne tiens plus. Talssader s’approche de moi.
 
- « Tu ne t’es pas nourrit, n’est-ce pas ? Tu as fait ton choix, je comprends pourquoi tu ne l’as pas fait. »
 
Encore cette neutralité ? La faim et la colère monte en moi, je ne peux m’empêcher de crier.
 
- « C’est tout ? Mais c’en est assez ! Vous n’êtes pas un sage ultime ! Vous avez forcement des avis et des opinions ! Alors exprimez-les ! Si vous dites respecter le libre arbitre, commencez par respecter votre propre liberté de paroles ! »
 
Là, je suis allé trop loin ! Talssader en ai presque paralysé. Il parle enfin…
 
- « Personne depuis trois cent cinquante ans ne m’as parlé sur ce ton…. Non, personne… »

Il s’approche, va t’il me frapper ? Soudain il sourit et tend sa main vers moi.

- « Merci, ça fait du bien après tout ce temps. »

- « Je vous crie dessus et vous êtes content ? »

- « Mais tu dis vrai, je ne suis pas parfait et j’ai des opinions. Mais les anges respectent tellement ma neutralité. Je suis content que tu me demande ce que je pense. »

Je lui demande tout en me relevant à l’aide de sa main - « Et vous en penser quoi ? »

- « Que c’est idiot de mourir de faim pour un simple détail. Tu ne peux même pas poursuivre les leçons, et boire du sang et manger la chaire sont tout aussi répugnant l’un comme l’autre. »

Je reste un moment silencieux. C’est vrai, mais je ne peux vraiment l’accepter. C’est trop dur.

- « Je m’en vais, reviens que tu auras passé cette étape et que tu seras assez fort pour poursuivre. »

Il s’en va, je fais de même et me dirige vers le jardin intérieur. Je me déplace avec difficulté, utilisant les murs pour m’aider. Au bout d’un long moment, je passe par ma chambre et vois l’écuelle, elle est toujours là. Je la prends et poursuis ma route.

Une fois dans le jardin, je m’appuis contre une colonne et tiens le récipient de mes deux mains. Je tente de faire face, mais plus je regarde ce sang, plus les paroles de Dearane et mes convictions sur les vampires reviennent me hanter. La pression est telle que je craque et lance l’écuelle au loin ! Je m’assois ensuite et baisse la tête. Je ne peux pas faire ça. Plus j’essaie, plus j’ai peur d’en vouloir plus.

Perdu dans mes pensées, je remarque néanmoins une ombre qui s’approche de moi. Je lève la tête et découvre une jeune femme aux longs cheveux bruns et aux yeux blancs immaculés. Elle est équipée d’une lance et tiens une écuelle dans sa main. Elle a l’air contrariée.
 
- « Vous êtes une ange, pas vrai ? »

-« Exact, je suis Amalia Nelya. Et toi vampire ? Qui est tu ? »

- « Appelle moi Thiodar… »
 
Soudain elle sort sa lance et frappe très rapidement ma tête avec le manche. Le choc me surprend !

- « Mais pourquoi tu as fait ça ? »

- « Pour te remettre les idées en place, idiot ! Tout le monde est au courant de ton cas. »

- « Me remettre les idées en place ? »

- « Je t’ai entendu, avec Talssader. »
 
Je comprends un peu mieux. Amalia s’assoit à côté de moi et tends l’écuelle.
 
- « Pourquoi as-tu peur ?  Ce n’est pas parce que tu ne te nourris plus comme les autres que tu deviens un monstre. Prends les brigands par exemple, tu les tue pour survivre, parce qu’ils vont te tuer. Mais eux aussi doivent manger et survire, beaucoup agissent parce qu’il n’y a pas d’autres alternatives. Ce ne sont pas des gens maléfiques pour autant. Même entre humain, si trois personnes sur quatre préfèrent les épées comme armes, est ce que tu considères le quatrième comme anormal ? Non ! Alors bois et vis, ou je t’en colle une autre ! »
 
Elle n’a pas tort, je prends l’écuelle et réfléchit à tout cela. Je ne suis plus humain, mais cela veut pas dire que je suis une bête pour autant. On peut avoir plus de deux choix. Je me lance donc et le liquide rouge passe mon gosier. Finalement, ce n’était si mauvais que cela, ça me faisait du bien et par-dessus tout : je n’en veux pas plus, j’en ai assez pour aujourd’hui. Je me tourne vers l’ange.

- « Merci Amalia, de m’avoir aidé. »

- « Il n’y a pas de quoi. »

- « Bon, il faut que j’y aille, j’ai un sort à maitriser parfaitement ! »

Je me lève et pars à la recherche de Talssader. Je viens de franchir une étape, grâce à cette jeune fille. Elle m’a appris avec l’archange, un nouveau sens au mot Paladin : un être vivant qui agit pour défendre ce en quoi il croit. Un homme libre de faire ce qu’il fait. Et j’ai aussi appris que le mal et le bien sont plus proches que l’on veut nous faire croire. Vivre librement, choisir mes compagnons comme je l’entends et me battre qu’en cas de nécessité. Voilà ma nouvelle voie de paladin.


http://thiodar.wifeo.com/chapitre-5-retouvailles.php



Créer un site
Créer un site