Chapitre 2: Deuil
 
 
Talssader me conduit dans une bibliothèque, la salle est grande et après observation, les livres sont rangées par thème, genre, ordre alphabétique des auteurs et date. L’archange me mène devant une table au centre de la salle. Sur la table, il y a un plan du lieu. Je vais pouvoir connaitre un peu mieux ce monde. Mais avant, je dois poser une question clé pour vraiment le connaitre. Je me lance avant qu’il ne parte.
 
- « Voilà, je vais te laisser lire à ta guise et… »

- « Avant, j’aimerais poser une question. »

- « J’écoute. »

- « Pourquoi selon vous, les vampires et les démons craignent la lumière et usent toujours de ténèbres ? »
 
Talssader semble réfléchir, il ne s’attendait pas à ça ! Il va devoir montrer son vrai visage.
 
- « J’avoue y avoir réfléchit, et j’ai développé une théorie. Il se peut qu’il s’agisse simple d’un prix à payer. »

- « D’un prix ? »

- « Oui, C’est comme les guerriers et les magiciens. Les deux demandent de longues études et de l’entrainement. Et on ne peut lancer de sort en armure, le flux magique venant du mage s'en retrouvera bloqué. La magie des ténèbres et de la lumière sont deux domaines opposés, comme l’eau et le feu. »

- « Et un mage de feu, ne peut utiliser l’eau en même temps ou d’un niveau égal. »

- « Exactement, durant trois-cent-cinquante ans, les démons et les vampires ont soit suivit l’instruction sur la magie des ombres, soit été traités par elle dans des sorts de renforcements. Durant leurs pratiques, ils sont devenus si doués dans ce domaine, qu’ils ont non seulement développé une affinité naturelle mais aussi une faiblesse envers la lumière. Et cela se transmet comme souvent les couleurs des yeux à travers la descendance. »

- « Donc, si des anges s’entrainent aux arts des ténèbres, ils seront plus faibles envers la lumière et s’ils apprennent toute leurs vies, ils seront semblables aux démons. »

- « Exactement. Mais tout cela n’est que théories. »

- « Et bien merci, je vous laisse aller à présent. »

- « D’accord, je reviendrai au crépuscule. Bonne lecture. »
 
Ça alors ! Là, c’est moi qui suis bluffé ! Je ne m’attendais pas du tout à cela. Que des suppositions et surtout, c’est très différent de ce que mon maitre m’avait enseigné. Cet archange ne pense pas du tout que ces gens sont doués dans les arts des ténèbres parce qu’ils sont naturellement mauvais. J’avoue que je ne sais plus trop quoi penser. Il vaut mieux que je me tourne vers la lecture. Grâce au plan, je rassemble des livres sur la géographie actuelle, le bestiaire et l’histoire générale du monde. Je m’assois, prends inspiration et me lance dans la longue lecture.
 
Le temps passe, plusieurs heures à repérer les royaumes sur les cartes et à lire la description des animaux et races, comme les anges, les nains, les tanmars, les yétis, les ragons, la république de Drael, etc… Il y a tant de créatures étranges que je ne connais points, c’est assez passionnant. Mais ce qui m’étonne, c’est que les écrits sont incroyablement neutres. Pas de races nobles ou viciés, même les démons sont décrits de manière neutre. Seulement les faits. Entre temps, si Talssader est vraiment celui qu’il dit être, ce n’est guère étonnant. De plus, une description si neutre me permet d’être libre de mes choix. Mais à présent la fatigue m’envahit et la nuit gagne le monde. J’entends des pas, je me retourne et me lève. Comme prévu, c’était Talssader.

- « Alors, as-tu obtenus ce que tu voulais. »

- « Oui, je saurais me repérer une fois dehors. Mais je souhaite me reposer à présent. »

- « Alors viens, je te conduis dans ta chambre provisoire. J’ai prévus une caisse pour ranger ton équipement. »

- « Entendus, je vous suis. »
 
Je suis donc l’archange, une fois devant ma chambre, il me salut et s’en va. Me laissant seul pour rentrer dans ma chambre. Je passe la porte et découvre la caisse devant moi. En m’approchant, je découvre à l’intérieur la poignée avec les restes de mon ancienne épée, cette vision m’emplit de souvenirs, elle a toujours été là pour moi. Puis je regard mes bras. Je suis dans un sale état, et cet uniforme est celui du passé à présent… Mais j’ai du mal à renoncer à mon ancienne vie comme ça.

Non, Thibault n’est plus, il meurt et Thiodar n’est qu’un nom temporaire avant mon suicide qui fera du bien à tous. Je dois poursuivre son deuil, mon deuil. Prenant mon courage, je commence par retirer ma sacoche trouée et vidée. J’arrache d’un coup le fourreau en miettes de ma ceinture. D’un geste, je lâche ces deux objets qui tombent dans la caisse. Ensuite, je poursuis en retirant lentement ma capuche de maille. Son poids en moins me fait du bien, quelques anneaux tombent déjà dans la caisse, je lâche prise après avoir retirer le couvre-chef qui va toujours avec la coiffe de maille. Lentement, je retire ma cape blanche déchirée, puis je m’occupe de mes avant-bras de cuirs qui sont très abimés. Après un moment de pause, je retire ma ceinture, qui est encore en bonne état. Quant à ma dague, elle est épargnée des plus gros dégâts. Je mets cela sur la table et non dans la caisse.

A présent la partie la plus difficile, très lentement, je retire mon tabard, je le retourne et la regarde. Je ne peux m’empêcher de verser une larme. C’est le symbole de ce en quoi je croyais. Mais aujourd’hui ? En quoi dois-je croire ? Dhiosas peut-il m’aider ici ? Soudain je me souviens de ce que m’avais dit Anathork. Je ressemble beaucoup à Dhiosas… S’il disait vrai, alors c’est à moi d’aller de l’avant. J’inspire profondément et laisse enfin le tissu blanc et sale se poser dans la caisse. C’est fait…. Par la suite, retirer mon plastron de cuir est assez facile, j’enchaine rapidement avec la cotte de maille, offerte par William. Il serait dommage de jeter un cadeau… Mais j’y pense, je peux garder tout cela, ne serait-ce qu’en souvenir, on ne sait jamais si je reviens sur Doral un jour, voir même sous ma forme humaine. Cette pensée positive m’aide à enlever mes gants de cuirs troués, les derniers objets à aller dans la caisse. Il ne reste plus que ma dague, ma ceinture, ma chemise, mon pantalon et mes bottes, le tout abimé et sale, mais cela fera l’affaire pour la suite. Voilà, Thibault n’est plus, je ressemble beaucoup moins à lui.

La fatigue dominante, je décide de me mettre torse nu et de m’allonger sur le lit provisoire. Le sommeil vient vite, tant mieux. Demain est une nouvelle étape.



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