XIX. Mon tour d’enseigner
 
 
Cela déjà un moment que je suis chez ce clan barbare, et comme je le pensais, ils savent faire plus que frapper avec leurs armes a deux mains, ils savent par exemple jouer sur le poids pour être plus efficace. Mais ce qui m’a marqué le plus, est que ce peuple, contrairement à l’image que l’on me donne des barbares, ce ne sont pas des tribus sauvages et sous développés, bien loin de là. Certes, ils vivent de manière rudimentaire, mais ils savent lire et écrire et se moque même de l’image qu’on leur donne, comme Mathius dans ses répliques envers Kelvir. Surtout, leur mode vie est un choix, ils pensent qu’une vie confortable et luxueuse affaiblit la personne, tant physiquement que spirituellement. L’homme dit « civilisé » est également plus sensible a devenir égoïste et se replie sur lui-même. C’est pour cela qu’ils vivent ainsi, affronter aux quotidiens la nature et les caprices du temps permet de développer leurs corps et leurs volontés. Mais malgré cette pensée, ça ne les empêche pas de prendre en compte les limites du corps de prendre des fourrures pour l’hiver, qui commence enfin. Les véritables neiges ne sont pas encore arrivées, mais le vrai froid oui, heureusement j’ai pu payer de quoi nous tenir chaud moi et Kalissor, qui vient d’avoir ses douze ans, Taedar étant un tanmar, il n’en n’avait nul besoin.

Je suis avec Mathius, qui lui approche de la vingtaine à grand pas, dans une grande tente faisant office d’auberge, occupant une table et discutant de la vraie nature d’un barbare. Il à été surpris de savoir qu’avant, je voyais les barbares surtout comme des guerriers puissant chevronnés, ne reculant jamais devant un combat. Je suis donc plus futé que la généralité. Je me mets à lui demander plus d’information sur le voyage.

-« Au fait Mathius, pourquoi partez vous toujours en voyage ? Les barbares semble rechercher ni la gloire, ni la fortune et pas le sang non plus.»

-« Et bien… Cela fait partie de notre formation… Nous pensons que les gens des cités sont repliés sur eux même, mais si nous nous isolons d’eux, nous ne valons pas mieux, ne devons rester ouvert au reste du monde. »

-« Ce n’est quand même pas simplement une question de bonne foie, si ? »

-« Bien sur que non ! Partir à l’aventure, c’est pour nous un rite, un voyage vers l’âge adulte mais surtout, une quête pour trouver quelque chose d’important. »

-« Et qu’est ce que c’est ? »

-« Nous même, notre propre vérité… Je pense qu’il est inutile de t’expliquer plus, étant donné que tu as toi aussi, fais ce voyage… »

-« Je vois… forger sa propre personnalité soi même par l’aventure mais surtout son point de vue sur le monde, sa moralité… C’est vrai, c’est que je voulais chercher en voulant parcourir ce nouveau monde. Cela nous fait un point de commun en plus mon ami barbare cultivé. »
 
Mathius me souris et lève sa chope, je l’imite.
 
-« A l’aventure ! »

-« Et aux amis qu’elle nous apporte en chemin ! »

Nous vidons nos chopes ensemble cul sec. En posant ma mienne sur la table, je remarque que Kalissor est entré. Le pauvre doit suivre les exercices du clan, avec les livres de Kelvir, il a peu de temps libre, mais il s’est montré courageux et s’est montré à la hauteur, son programme s’est donc allégé. Je me tourne vers lui et lui demande la raison de sa venue.

-« Tiens, bonjour Kalissor, comment va tu ? »

-« Je vais bien, mais il y a quelque chose que voudrais me demander depuis un moment… »

Mathius souris-« Quoi ? Tu voudrais qu’on t’offre un cadeau pour ton anniversaire ? »

-« Mathius, laisse le parler s’il te plait. »

-« Pardon »

-« Vas-y Kalissor, continue… »

-« Et bien… C’est pas que je me plains de ce que Kelvir et Mathius ont à m’offrir… mais je désire quelque chose en effet… C’est, euh… comment dire… »

-« N’aie pas peur Kalissor, exprimes toi. »

Soudain, son regard change, il devient déterminé et sérieux, très sérieux. Il acclame sur un ton haut et direct…
 
-« Formez moi comme Paladin ! »

- « Pardon ? »

-« Apprenez moi la magie lumière et à être aussi fort que vous ! S’il vous plait…. Je ne veux plus devoir me cacher ou fuir…»
 
Moi ? Enseigner la voie du paladin? J’ai entrainé des gens, mais là c’est différent… Et comment puis je être un bon professeur, moi qui ai été formé par des maitres qui n’étaient pas si nobles que cela… Je ne veux pas briser son souhait, mais ce serait pire de lui donner de faux espoir… Je tente de lui expliquer.

-« Tu sais… je ne suis peut être pas la bonne personne pour ça… »

-« Vous plaisantez ? Vous êtes le premier paladin qui ne soit pas un ange, Talssader vous a épauler et Izural choisit comme bras. Vous avez tenu tête à Raborin alors qu’il vous aurait suffit de boire du sang humain. Vous avez battus Victor griffes de l’ombre et cinquante mercenaires à vous seul ! Et surtout vous respectez toujours les autres malgré vos dons et vous m’avez sauvé la vie. Personne d’autre ne peut être meilleur paladin que vous. »
 
Oh... Cette enfant est plus habile que moi… Il a raison et je ne peux nier ce que je suis et ce que j’ai fait. Mais le fait d’être un bon paladin fait de moi un bon maitre ? Je ne veux pas enseigner de mauvaise chose à Kalissor, surtout que paladin n’est pas une voie facile.
 
-« Tu as raison, mais tu sais… Ce n’est pas aussi simple, la voie du paladin n’est pas quelque chose d’aisé. »

-« J’ai le savoir et je deviens fort en étant ici, c’est déjà un bon début non ? »

-« C’est juste, mais si cela suffisait pour faire un paladin, sinon nous serions des millions, pas une poignée en dehors des anges. C’est un engagement sérieux, c’est n’est pas comme un devoir dans les livres qu’on peut arrêter par fatigue. »

-« Je ferais ce qu’il faut pour réussir, apprenez à devenir un paladin ! »

-« C’est impossible pour le moment, pour maitriser la magie de la lumière, il te faut en maitriser la source. Et c’est quelque chose qu’il te faut découvrir… »

-« Le découvrir ? Comment ? »

-« Un homme doit croire en un idéal, de quelque chose qu’il épouse totalement mais qui le comprend aussi. Tu dois trouver ton idéal par toi-même.»

-« D’accord, mais alors en attendant, apprenez moi à me battre ! Si je ne peux devenir paladin maintenant, autant au moins savoir se défendre. »
 
Il est déterminé et entêté, mais je ne cherche pas à le dissuader, au contraire. Je dis la vérité sur la source du pouvoir des paladins, dieu ou idéal, c’est la même chose. Et tant que Kalissor n’aura pas maitrisé la source même de ce pouvoir, je ne pourrais pas lui apprendre la sphère de lumière. Il a d’ailleurs raison sur un point, apprendre à se battre est une étape importante…. Pour toute personne qui s’aventure hors de chez lui. Et puis…. Pourquoi pas ? Je peux essayer d’être son mentor, après tout j’ai juré de le protéger jusqu'à ce qu’on arrive dans une ville et c’est la meilleur façon de le protéger. Je fais un grand sourire, me lève et me dirige vers la sortie, une fois dehors, je me retourne et dis au jeune garçon.

-« Prends deux armes d’entrainement et viens me retrouver dehors. »

Je marche vers la place du village, il fait nuageux, mais il ne neige pas. Très vite, Kalissor reviens en courant, deux bâtons aux mains, il m’en donne une, tout souriant. Je la saisis et me place devant le jeune homme.

-« Tout en ce monde peut être une arme : la pierre, l’acier, l’environnement et même tes bras. C’est ta force et ton intelligence qui permet de déterminer la nature de ce que tu touche, mais n’oublie jamais cela : ton arme n’est pas un simple outil, c’est ton partenaire, ton protecteur, c’est lui qui te permet de survivre et de remporter des batailles. Prends en soin et il en fera de même pour toi. »

-« Donc par exemple, face à un yéti, si je bloque ses coups puissants sans jamais esquiver, je brise mon arme et me retrouver sans défense. »

-« Par exemple… Allez, prends la même position que moi, les deux mains pour une plus grand puissance de frappe, face à l’ennemi tout en étant de profil pour réduire les points où il peut frapper et faciliter l’esquive. Ensuite, répète chacun de mes mouvements. »
 
Kalissor m’écoute suis mes instructions avec précision et enthousiasme. Dans son regard, je vois de la joie et de la reconnaissance. Devenir paladin n’était pas sa seule motivation, je le sais maintenant… Les elfes l’ont instruit et les barbares l’entrainent, mais ce qu’il souhaite, c’est que je m’occupe de lui et pas seulement de sa sécurité. Il veux se rapprocher de moi, étrange venant d’un enfant qui avait peur de moi… Il a vraiment changé…

Et je repense a Dearane, ce n’était pas mon seul professeur, j’ai aussi eu Talssader, Philliadus et mes amis, sans oublier les peuples de que j’ai rencontré. Tous m’ont beaucoup apportés et aujourd’hui, c’est mon tour de donner à quelqu’un de la futur génération, mon tour d’enseigner…


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