Chapitre 14 : Dans les mains de l'empire

 
 
Je finis par me réveiller durement, mais pourtant, aucune douleur. Combien de temps suis-je inconscient ? Ma vision s’éclaircit. Je peux voir correctement l’environnement autour de moi. Je suis dans… une cellule ? Et je suis sans arme ! Où est mon épée ? Où est ma dague ? Et ma bourse ? Oh ! Ça me revient, l’attaque durant la nuit, l’ange et les racines !  Je suis donc un prisonnier, un prisonnier de l’empire. Je me suis bien fait avoir, mais pour les autres ? Sont-ils encore en vie ? Tant de questions, mais surement pas de réponse, et j’ai l’intuition que je vais devoir répondre à de nouvelles questions. Si un vampire paladin est inconcevable pour l’un, il est également pour l’autre.  Je m’assois au centre de ma cellule, méditant sur la situation et un moyen de m’échapper. Le problème quand on est sur un monde nouveau et inconnu est que même si j’arrive à sortir d’ici, je ne saurais pas quelle direction prendre.

La porte du couloir s’ouvre, le geôlier entre, suivit de l’ange et d’un vieil homme que je n’ai encore jamais vu, il semble avoir la quarantaine, ou la cinquantaine, il a une massue à la ceinture et est vêtu de noir. Ses vêtements sont faits de tissus et de fourrures, ses yeux sont de couleur gris. Il a un teint légèrement foncé, comme s’il a vécu sous le soleil. Ses cheveux peu longs, sont coiffés en arrière et de couleur gris, ainsi que sa courte barbe. On dirait que je vais avoir une première discussion.

- « Bonjour, vampire Thiodar, j’espère que votre sommeil d’une journée vous a été agréable. »

- « Votre politesse me ravis, Ange…. Quel est votre identité au fait ? »

- « Je suis Phen Callapho, commandant des forces frontaliers, je veille à ce que nos territoires acquis ici le reste. Et je suis le seul de mon peuple à avoir vu la vérité ! »

- « Et je suis Arios, premier Druide noir de l’empire et du monde. Je supervise tout ce qui est structures et logistiques. »

- « En sommes, un druide s’occupant des paysans et des ouvriers et un ange renégat illuminé. Mon voyage est de plus en plus exotique. »

Arios semble outrer- « Ton ignorance ne nous insultes pas ! Une armée et un empire n’est rien s’il n’est pas capable de se nourrir. Grâce à moi et à moi seul, l’empire à des cultures acceptables et gardes les bêtes en vie pour se nourrir. Les quelques forêts épargnées offrent le bois requis pour la création d’armes de siège. Sans parler du ravitaillement des bases frontalières. »

- « Laisse Arios, si les rumeurs sont vraies, son ignorance est tout à fait naturelle. Il est vrai que je peux paraitre un peu illuminé mais la vérité est tout autre. Peut-être verras-tu la vérité, toi aussi. Tu pourrais prendre ta vraie place, dans l’empire… »

- « Désolé, mais cette fois, ma place et ma vérité se feront par moi-même. Je ne sers plus personne ! »

Phen reste stoïque- « Réaction normale, prévisible compte tenus des mensonges de mes frères. Tant pis, cela se passera autrement, sauf si avant le troisième jour, tu changes d’avis. »

- « Pourquoi ne pas me torturer tout de suite ? »

Arios me réponds- « Parce que si une des rumeurs est vraie, il y a quelqu’un pour voudrait s’occuper de toi personnellement. Il viendra avec les autres, dans la nuit du deuxième jour. »

- « Tout un groupe de l’empire pour moi ? Je suppose que je dois me sentir flatter. »

Phen réplique- « Tu ris, mais je te conseille de bien réfléchir. Arios, tu peux y aller, je le surveille pour aujourd’hui. »

- « On a des geôliers pour ça, tu sais ? »

- « Ce vampire a battu le chasseur de prime Victor, je ne peux faire confiance à ces bons à rien. De plus, tu tiens vraiment à prendre le risque de contrarier notre ami ? »

- « Tu marques un point. Fais comme il te semble, moi je vais me reposer un peu. »
 
Le « druide noir » s’en va avec le démon geôlier, me laissant seul avec l’ange. Il prend une chaise et s’assoit à côté de l’entrée de ma cellule, il semble calme, patient, imperturbable. Je décide néanmoins d’entamer la discussion, quitte à être entre les mains de l’empire, autant en profiter pour en apprendre plus sur elle. Pour l’instant je sais que je suis encore dans le sud du continent…

- « Dites-moi, Phen, comment une « vérité » vous a t’il poussé à combattre votre propre peuple et à détruire l’effort et le sacrifice des archanges ? »

- « Chercherez-vous à sympathiser ? »

- « Je cherche à connaitre le monde, et qui sait. Vos paroles me feront changer l’avis, j’en doute un peu. Mais qu’avez-vous à perdre ? »

- « Ma salive et mon temps, mais après tout… Si je peux perdre l’ennui de l’attente et de la surveillance pourquoi pas. Très bien, alors écoutez donc et apprenez. »

- « Je ne peux qu’écouter. »
 
L’ange se place devant moi et se prépare à raconter.

- « Il y a trois cent vingt ans, j’ai été élevé parmi les miens, comme beaucoup, j’ai été formé à me battre et appris que notre ennemi était l’empire, j’ai combattu les démons. Je pensais faire le bien, protéger les peuples, et tout ça. Mais à quarante ans, j’ai commencé à me demander si tout ceci avait un sens ? Si notre lutte est essentielle, pourquoi les royaumes humains se disputent entre elles ? Pourquoi tant de clans barbares, mercenaires, de brigands et des peuples restent hors de la guerre ? »

- « La liberté, tout simplement… »

- « Exact, mais cette liberté est un poison ! Tous ces gens qui obéissent qu’à eux même, aucune union mise à part la nécessité ! Ce grand chaos.... Si l’empire est vaincu, ils s’entretueront. Il y a deux cent soixante-cinq ans, j’ai été capturé, comme toi, et j’ai vu l’empire tel qu’il est en vrai : en paix, discipliné et uni. L’empereur en personne m’a regardé dans une de leurs arènes, combattre les démons pour ma survie. Je ne sais plus combien de temps j’ai tenu, mais Shaktor m’a proposé de le servir, pour mettre fin à la guerre au plus vite, installé un ordre de paix total où il n’y aurait que lui comme dirigeant, plus de frontières, plus de morts au combat. »

- « C’est donc pour la paix que tu as trahie ? »

- « Bien entendus ! Lorsque je suis revenu, j’ai proposé à un village où les anges se sont installés, près du désert, de servir l’empereur, de faire la paix. J’ai essayé de les résonner, de leur parler, mais ils m’ont attaqué, ainsi que mes amis ! « Traitre, pourriture ! » Voilà le titre qu’on donne à celui qui veut la paix. J’ai tout fait pour les épargner, leur faire comprendre… Mais toute cette haine aveugle, ce refus d’entendre raison. Ils ne voulaient que tuer ! Alors j’ai sortis ma lame et j’ai frappé de colère ! Et à la fin, il ne restait plus rien, ce village et devenus le premier poste frontalier de l’empire. »

- « Vous avez eu honte ? »

- « Énormément, mais pas d’avoir tué, mais d’avoir échoué. Je pensais pouvoir les éclairer et j’ai échoué. Mais c’était un mal pour un bien, ils étaient ivres de guerre et de mort. Protéger ce monde est impossible avec ces gens-là. C’est pour cela que je ne renonce pas ! J’apporterai sur tout Drael’strom la paix et l’union et je châtierai les perdus et bêtes avides de sang ! Tel est mon but… »

- « Tuer au nom du bien… Au nom de la paix et de l’union… Vous me rappeler des gens que j’ai connus… »

- « Alors tu peux me comprendre… »

- « Oui, je comprends ton désire. Mais je ne suis pas d’accord, ce que tu souhaites, c’est une tyrannie, de l’esclavagisme à grande échelle. Tu veux que tout le monde pense comme toi sinon, ils meurent ! »

- « Tu interprète mal mes intentions, tu joues avec les mots pour refuser d’avouer que j’ai raison, que Shaktor a raison. Qu’importe, repose-toi ! Je n’ai plus à te parler. »

Je me retrouve alors dans un grand silence. Je me demande si tout le reste de l'empire est comme cela. Mais je ne le hais pas, je le plains, il a perdu son objectif de vue par désespoir et s’est changé en tueur et en tyran.



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