Chapitre 13: Le point sur ma quête, le point sur ma vie

 
 
Je suis resté deux semaines dans un lit à Odive, malgré ma nouvelle condition, je suis encore trop jeune pour entièrement récupérer. Mais mes organes touchés par la balle du chasseur de prime se reconstituaient de manière surprenante. J’ai également pu reprendre mes vêtements blancs et pas mal d’argent, aux yeux de la ville, je suis un héro comme Aymerix, Kelvir et Mathius. Un vampire, vu comme un héros, par des yeux humains, je ne pensais pas cela possible. Mais maintenant j’ai enfin une grande partie de ma réponse, j’ai peut-être la possibilité de vivre sans être un monstre.

Une semaine après notre départ de la ville, nous avons croisé un chariot d’un marchand gnome et son garde du corps saurial, mi-homme mi- lézard, il est différent des démons, pas de peau rouge et la tête aussi est différente, sans parler des yeux reptiles au lieu du noir total. Le marchand nous a reconnus, le pays commence à entendre parler d’un vampire paladin, nouveau compagnon du trio d’aventuriers. C’est flatteur, mais on ne pourra bientôt plus utiliser mon anonymat. Nous avons décidé d’accompagner le marchand jusqu’à un village près de la frontière entre Drael et le terrain en guerre.

Aujourd’hui, trois jours après notre rencontre, nous nous arrêtons aux abords du village, le gnome nous montre ses articles fiers de lui.
 
- « Pour vous remercier, je vous offre à chacun un article gratuit en échange de votre silence, je n’aimerais pas avoir des rapaces autour de ma boutique. »
 
Mathius semble des plus joyeux- « Super, il y a justement une belle hache qui me tapait dans l’œil depuis trois jours. »
 
Je ne suis pas ingrat, mais je préfère décliner- « Rien pour moi, pour l’instant. »
 
- « Alors prenez ces quelques pièces, et ce n’est pas négociable ! »
 
- « D’accord mais c’est exceptionnel ! »
 
Tandis que je prends l’argent, Mathius prend une hache de guerre à double affutage. Kelvir lui, prends une masse d’arme et l’accroche à sa ceinture, et enfin, Aymerix prends une paire d’armes étranges, on dirait des griffes, il semble content de les avoir.

- « Ravis que vous ayez trouvé votre bonheur ! Bon, je dois y aller, le commerce n’attend pas, au revoir aventuriers ! »
 
Nous faisons signe au marchand puis prenons une autre direction, vers un nouveau royaume. Mes compagnons marchent avec prudence, nous sommes près d’une zone de conflit frontalier entre Drael et l’empire. Mais contre tout attente, il ne sait rien passé durant toute la journée. La nuit arrivant, nous nous sommes arrêté et préparé un feu pour nous installer et passer la nuit dans les plaines, près d’une forêt. Le feu s’allume facilement et au crépuscule, nous sommes tous les quatre autour d’elle, chacun avec de quoi manger.

Mathius semble songeur- « N’empêche, il y a un truc que je ne comprends pas : si les élus sont rares dans le culte, pourquoi en envoyer un superviser une tactique aussi risquée ? Je croyais que leur but était de maintenir le voile sur les populations de l’empire. »

Aymerix réponds- « C’est le cas, c’est aussi pour cela qu’il a été envoyé. Si un élu réussit à aller aussi loin, il gagne en prestige et prouve sa force et la puissance divine que lui confère l’empereur. »

Kelvir enchaine- « De plus, le plan aurait pu réussir s’il n’y avait pas eu Thiodar. »

Je prends la parole- « Pour faire croire que nous sommes la seule voie du bien, il faut se montrer sans faille et prouver notre force et notre détermination. »

Le magicien réplique- « Exact, ça marche comme cela. La puissance et la peur suffit amplement à maintenir un peuple sous sa domination et l’empêche de voir la vérité par lui-même. »

le semi démon prends à son tour la parole- « Tout juste, à propos, tu en es où Thiodar ? Tu comptes te suicider ? »

- « Oh… Et bien, je n’ai pas encore tous les éléments qu’il me faut pour me décider, je dois encore savoir quelque chose d’important : puis je résister à la tentation de boire du sang humain ? »

Mathius fronce les sourcils- « Question stupide, bien sûr que tu peux ! C’est comme la gourmandise, l’envie de voler ou l’envie de frapper un homme qui t’énerve : c’est une question de volonté élémentaire. On peut toujours dire non à toutes nos tentations ! »

Kelvir lève les yeux- « Et c’est une brute alcoolique qui nous dit ça… »

- « Alors pourquoi tu nous supportes ? »

- « Je sais vivre seul, et je sais pourquoi mon peuple à choisit cette option. Mais votre compagnie entraine des mésaventures qui ne se seraient jamais produite sur mes terres. Je pourrais revivre en solitaire, mais je n’en ai pas envie, pour l’instant. »

Aymerix acquiesce- « Pour revenir au sujet, Thiodar. Même sans cette info, que peux-tu dire sur ce que tu sais déjà ? »

Je prends un instant pour réfléchir, c’est la première fois qu’on a une conversation sérieuse. Puis je commence à répondre…
 
- « Ce monde est très différent du mien, il est tolérant, mûrs. Il prend en compte des éléments réels. Même toi Aymerix, tu es respecté et reconnus par ta vraie valeur. Depuis que je ne suis plus sous la bénédiction de Dhiosas… je me sens… mieux. Non pas la bénédiction de Dhiosas... Plutôt l’influence de mes maîtres... C’est ça ! Depuis mon réveil dans ce village, je n’ai jamais connu que la vision de l’ordre et les paroles de mes ennemis les plus francs. Je réalise que je ne connais pas si bien mon monde alors qu’ici, en aventurier vagabond, j’ai vue plus de choses en si peu de temps… Je crois que je perds la foi… mais je ne sais même plus si c’est une mauvaise chose… »

Aymerix me donne une tape dans le dos- « Tu te complique trop les choses Thiodar. Tu ne perds rien du tout, gagner la liberté de voir le monde de ses propres yeux n’est jamais une chose mauvaise. Tu ne deviens pas un hérétique, tu ne fais que te retrouver toi-même. L’être est imparfait, mais il est varié. Tu ne réussiras jamais à être comme tes maîtres et te sentir bien à la fois. Sois toi, sois libre. »

Mathius pose une main sur mon épaule- « Aymerix à raison mon gars. Ne te prend pas la tête à savoir ce qui est bien ou mal, suis simplement ton instinct. »

Kelvir marque un léger sourire- « C’est ce que tu as fait et ça t’as plutôt bien réussi. »

Je les regarde tous les trois, on dirait François, William et Roland. Ces trois ont toujours suivis plus leur volonté plutôt que celle de Dhiosas. Ce trio-ci également, ils sont comme des amis, de vrais amis. Raison de plus pour vivre !

- « Vous trois, merci. Surtout toi Aymerix, malgré ton caractère, tu sembles plutôt mûr. »

- « Je te raconterais peut-être comment c’est arrivé. Après, tu n’as pas encore entendu mon histoire. »

Mathius interviens- « Ouais, mais pas maintenant alors. C’est l’heure de dormir, il faut être en pleine forme pour notre marche. Tu prends le premier tour de garde. »

- « D’accord, Thiodar tu seras le suivant, et je te laisse le choix de qui va tu mettre en rogne. »

- « Trop aimable… »
 
M’allongeant sur l’herbe, je ferme les yeux et commence à dormir. Mon sommeil n’est que partiellement agité, j’entends les voix de mes frères et de mon maitre, mais j’entends aussi celles de mes anciens ennemis et de mes nouveaux compagnons. C’est un vacarme ! Presque un cauchemar insupportable, et puis, une voix dont je ne connais pas l’origine, mais pourtant familière, domine les autres. Une voix d’homme adulte, elle me dit : « Quoi que tu fasses, fais-le par ce que tu la choisis. » Cette voix, je la reconnais, c’est celle d’un homme que j’ai vu dans mes fragments de souvenirs, le visage me reviens toujours pas, mais je sais que c’était lui. Toujours de dos et en noir et blanc, l’image de mon rêve continu de parler.
 
- « Ne sois que toi-même, mon garçon. Ne crois pas que Dhiosas est la seule voie du bien. Fais le bien à ta façon et selon tes pensées et tu seras plus grands que les maitres de cet ordre ! Ne prends pas une destinée, même si belle, toute faite. Construis-la tienne de tes propres mains, quitte à défier les lois du monde ! Et tu auras toujours quelque chose que l’ordre n’a pas… »

La personne se retourne, comme dans la première fois, mais le flou sur son visage semble se dissiper, j’allais voir son visage. Quand Aymerix me réveille, c’est mon tour de garde. Je me lève et prends place, laissant le demi-démon s’endormir. J’ai encore eu un souvenir, comme si mon passé tente de m’aider dans mes doutes et mes incertitudes. Je regarde un moment les étoiles en souriant, peut-être qu’il me reste un espoir de me rappeler de mon passé après tout.
 
Tout à coup, j’entends un bruit, je regarde autour de moi, je vois une silhouette blanche, je me lève en dégainant mon épée, mais la silhouette grandit, je m’approche tout en restant près des autres et voit clairement le nouveau venu. C’est un ange, les yeux ne laisse aucun doute, il a les cheveux blonds allant jusqu’au épaules et est vêtu de blanc, sauf pour la ceinture, les avant-bras et les bottes qui sont marrons. Il a une épée à sa ceinture et une cape blanche à capuche. Il s’approche de moi, je me mets en garde, mais il reste l’épée au fourreau.

- « Êtes-vous le célèbre vampire paladin ? Bête question, bien sûr que c’est vous !»

- « Qui êtes-vous ? Et que fait un ange loin de chez lui ? »

- « Je m’appelle Phen et on m’a envoyé vous trouver. Les miens ne sont pas loin, venez, la situation est importante. »

- « Ah ? Très bien. Je vous suis. »
 
A peine il se tourne que je commence à réfléchir. D’accord c’est un ange, d’accord ils sont amicales. Mais pourquoi me chercher moi ? Ça n’a aucun sens, je ne leur dois rien et ils le savent. A moins que…

- « C’est Elizabeth qui vous envois ? »

- « En effet… Elle veut vraiment que vous l’aidiez dans notre mission contre l’empire. »

- « Je vois. »
 
Je fais trois pas avec lui et pointe ma lame vers sa direction.

- « Pourquoi êtes-vous là en vérité ? »

- « Pardon ? »

- « Je ne connais aucune Elizabeth et je ne vois pas pourquoi on aurait tant besoin de moi, mais pas de mes compagnons… Surtout que j’ai été claire, je ne suis en service de personne… »

- « Hmm, on dirait que vous êtes plus malin que vous en avait l’air. Je n’en attendais pas moins de celui qui a tué Griffes-de-l’ombre. Bah, j’ai tout prévus. Allez-y ! »

Sur ce dernier mot, je hurle par reflexe et crie alerte. Mes amis se réveillent et se lèvent armes en mains pour faire face à une attaque des démons. L’un d’entre eux m’attaque, il n’a pas de casque, l’ange sort son épée, elle est étrange, la lame courbée n’a qu’un coté tranchant et elle est noire. Il attaque, je bloque son coup et lance une sphère de lumière sur le démon qui se fait avoir en beauté.

- « Alors les rumeurs sont vraies ! »

Face au choc, j’en profite pour lui donner un coup de poing qui le fait reculer et achève le démon en feu ! Je me remets en garde.

- « On n’a pas le temps pour jouer. Arios, à toi ! »

Soudain des racines sortent du sol et entourent mes bras, je suis bloqué. Je sens un coup derrière la tête et perds connaissance. J’ai juste la sensation d’être porté. Et j’entends faiblement une voix dire qu’il fallait se dépêcher. Des anges parmi des démons…. Alors ce n’était qu’une énorme tromperie ? Non, sinon ce Phen aurait su que je ne connaissais pas d’Elizabeth. Des traitres ? Venant de créatures dites pures, c’est impossible, mais il y a bien Aymerix… Le libre arbitre, c’est quelque chose que je commence à trouver complexe.



http://thiodar.wifeo.com/chapitre-14-entre-les-mains-de-lempire.php



Créer un site
Créer un site