XIII. Qu'est ce qui me manque le plus ?
 
 
Sous la chaleur du rayon de la matinée qui transperce les feuillages de Nemeor, je me réveille et me lève. Mes rêves étaient doux mais rappellent beaucoup de souvenirs… De mon ancienne vie, de la vie que je cherche a m’en rappeler et de celle que je vis. Mes compagnons, mes mentors, mes aventures, ma vision du monde… Mais je me demande ce qui me manque le plus dans tout ça ? Le village ? Non, j’en ai fais le deuil depuis que j’ai mit le feu aux corps suite a sa mise a sac, il y a fort longtemps… L’ordre de Dhiosas ? Etrangement, non, j’en suis même soulagé de ne plus en faire partie, même si Roland, François et les maitres du Bastion me manquent un peu. Mes amis ? Oui, je l’avoue, ils me manquent beaucoup, Kelvir et son calme, Aymerix et son coté sauvage, Mathius et son humour, Talssader et son respect pour la liberté et Amalia qui est… elle est...

Et puis Francesco viens me chercher, c’est l’heure de l’entrainement a mains nues ! Je me lève et le suit vers une clairière. Cela fait maintenant un mois et demi que je suis l’enseignement des druides, que j’apprends a user de mes poings et de mes jambes pour attaquer, esquiver et contrer. Leur philosophie de combat est en parfait symbiose avec leur nature : en tant que druides, ils doivent être en communion avec la nature, et par conséquences, ils doivent se battre avec leur pouvoirs mais aussi avec ce qu’ils trouvent ou ce qu’ils ont, a savoir poings, griffes ou crocs, a la limite le bâton ou le gourdin qu’ils peuvent trouver en chemin, mais le but est que ces gardiens usent de leurs corps et apprennent a défaire le plus équipé des ennemis. Francesco est un bel exemple, en tant que lycanthrope, se battre avec ses armes naturelles lui font assumer son coté loup, comme chaque druide font assumer le coté sauvage de chacun.

Nous arrivons a la clairière, comme à chaque fois, j’enlève mes bottes pour sentir le sol et ma chemise pour éviter que Francesco la déchire par accident lors de l’entrainement. Je me place devant le lycanthrope et ce dernier commence la leçon du jour en ramassant un morceau de bois.
 
-« Bien, Tu as fait de beaux progrès Thiodar, mais pour être en total respect avec notre credo, un druide dois faire de son mieux pour vaincre son ennemi sans le tuer. La meilleur option est de le désarmer et de retourner sa propre arme contre lui. Pour y arriver, tu dois bloquer ses bras, puis le frapper pour le déstabiliser et le faire lâcher prise, ce n’est que comme ça que tu arrivera a arracher l’arme de ton adversaire. »

-« J’ai compris, mais pour que ce soit bien assimiler, un entrainement me semble indispensable, n’est ce pas ? »
 
Je me mets en garde et Francesco fait de même. Il attaque le premier, j’esquive ses coups, puis donne un coup de poing qu’il bloque avec son avant bras, je saute en arrière pour éviter une éventuellement attaque enchainée. Puis je reviens a la charge, avec ce que j’ai déjà appris, tout ce passe bien, mais c’est prendre son bâton que je dois faire. Le lycanthrope s’approche de moi, il attaque et je vois une opportunité, je tente saisir ses bras, mais il recule ceux-ci et donne un coup de bâton en arrière sur mon crane. Sonné, je ne vois pas le genou m’arriver au visage et recule de quelques pas sous le choc. Reprenant mes esprit, je m’abaisse par reflexe et esquive le coup de Francesco et donne un de pied sur son ventre pour le faire reculer.

Je dois changer de méthode, je cours et saute vers un arbre pour attraper une branche, j’y grimpe et saute vers Francesco, il donne un coup de bâton pour contre attaquer ma plongée, je bloque son attaque en saisissant ses bras et donne un coup de tête puis use de ma force pour le tirer vers le bas, je fini par donner un coup de genou sur son ventre avant de tirer d’un coup sec, le désarmant.  Je me remets en garde tandis le loup-garou me regarde, souriant.

-« Parfait, tu apprends vite. Comme tu l’as remarqué, il est plus facile de désarmer quelqu’un en étant sur la défensive. Voyons a présent si tu sauras garder ton bâton. »

Francesco se prépare, griffes dehors. La suite risque d’être intéressant… Francesco fonce vers moi a toute allure avant de sauter, je passe en dessous de lui en faisant une roulade en avant durant son saut. Je fais volte face mais il revient vite la charge et j’évite du mieux possible ses attaques, je pourrais user de mon agilité pour attaquer, mais ce moment d’entraînement a pour but de m’apprendre a résister a une tentative de désarmement. Je tente d’attaquer mon tour en donnant un coup direct, mais il l’évite en faisant un pas de coté et saisit de sa main gauche mon poignet droit, j’improvise et saisit son poignet droit, je résiste un bon moment, puis donne un violent coup de tête. Il me relâche et j’en profite pour le faire tomber en le poussant d’un coup d’épaule. A terre, je fais quelque pas en arrière tandis que mon professeur se relève.

Il charge vers moi et anticipe ma défense en sautant au dessus de moi, je me retourne et Francesco me saisit et court jusqu'à ce que mon dos se cogne contre un arbre. Je ne lâche pas le morceau de bois, mais mon professeur s’apprête a plonger ses crocs dans ma gorge. Je le retiens avec ma main gauche sur son cou. Je dois résister… mais impossible de le repousser… Il va me falloir user de mes deux bras, mais je dois abandonner le bâton… Tant pis, je lâche le morceau de bois et donne un crochet droit sur la joue de Francesco avant de le pousser avec mon pied gauche sur son torse. Puis je reprends mon « arme », Francesco ne bouge plus et me regarde longuement avant de parler.
 
-« J’aurais pu prendre ton arme, tu sais. »

-« Ma vie est plus importante que mon arme. »

-« Exactement, avoir une arme ne garantis pas la victoire, seul ta capacité a t’adapter peut te sauver et c'est ce qui s’est passé à l’instant. Bien se sera tout pour le moment, nous reprendrons au soir. »

-« Déjà ? La leçon me semble bien courte Francesco. »

-« En effet, mais nous sommes à l’étape ou tu va apprendre des techniques plus complexes et Akameth veut te parler avant cela. Il t’attend près de ta tente. »

-« Entendus, a ce soir mon ami. »
 
Le lycanthrope me salue avant de parti de son coté, je me demande de quoi le vieux centaure souhaite ma parler. Mais l’idée d’apprendre encore plus a partir de ce soir me plait beaucoup. Il faut que j’apprenne un maximum pour affronter Raborin et ses alliés. Après avoir remis ma chemise et mes bottes, je retrouve rapidement Akameth à l’endroit indiquer, je le salut de la main tout en me rapprochant de lui.
 
-« Vous vouliez me voir ? »

-« Oui, je voulais parler un peu, savoir comment va ton apprentissage. »

-« Tout se passe à merveille, et je ne peux qu’approuver votre façon d’être. »

-«Oui, nous autres druides, sommes les gardiens de la nature, nous avons reçus nos pouvoirs d’elle, nous devons donc la protéger en retour. Il est parfois difficile de s’isoler de reste de monde. »

-« C’est une belle ironie n’est ce pas ? Veiller sur le monde et sans pouvoir l’influencer alors qu’on en fait partie. »

-« Une Ironie lourde à porter, c’est pour cela que nous sommes peu… Car un druide qui perd de vu la voie n’apporte que le malheur. »

-« Vous parlez d’Arios n’est ce pas ? C’est de ça dont vous voulez parler ?»

-« … Oui, tu as pu parler avec lui, j’aimerai savoir ce qu’il est vraiment devenus… »

-« Alors vous vous inquiéter pour lui ? Après ce qu’il a fait ? »

-« Arios est notre frère, et les druides ne doivent pas cultiver la haine, la haine conduit toujours a la destruction. »

-« Entendu, je vais parler de lui, mais pour cela, il va me falloir parler de ce qu’il a été. »

-« Donnant-donnant, hein ? Je suis d’accord, toi aussi, tu as le droit de mieux le cerner. Viens faisons quelques pas dans les bois, cela m’aide quand je dois parler de sujet…. délicat. »
 
Je suis le druide, les bois sont calmes et sereines… On dirait qu’au coté d’un druide, la nature s'apaise.
 
-« Lorsque j’étais jeune, j’ai connus Arios comme disciple, c’était un ainé en quelque sorte. Il était… talentueux, brave… Tout le monde en était fier et il semblait heureux. Il grandement aidé a mes débuts. Son seul défaut était justement sa fierté, il voulait toujours montrer son talent. Avec le temps, il a changé… Nous étions tous fier de lui… Mais il a commencé a se demander pourquoi devions nous rester à Nemeor alors que le monde était infiniment plus grand. »

-« Il se sentais enfermé ? »

-« Je crois… Il se confiait beaucoup à moi, parce qu’a l’époque, je l’écoutais sans broncher. J’avais même eu parfois envie de partir avec lui. Mais il devenait plus vantard et ne cessais de tout remettre en question. Et puis un jour clé est arrivé... Il est parti affronter un ogre, seul en usant de ses pouvoirs et il réussit ce défi, mais les anciens l’ont réprimandé, lui rappelant notre rôle. Je me souviens encore de sa phrase : « Nous ne sommes pas des esclaves des plantes et des animaux. » Je ne l’avais jamais vu en colère, jamais il n’avait eu de reproche.. Et il a forcé les anciens a le défier, pour prouver qu’il avait raison.»

-« Forcer… Vous voulez dire qu’il les a attaqués ? »

-« Oui… Je n’oublierai jamais ce regard remplis de haine. Arios était fort, mais il ne pouvait battre tout les anciens et il a été vaincus, c’est alors qu’il aspira pour la première la vie d’un arbre pour soigner ses blessures, c’est là que j’ai vu un autre visage : celui d’un homme découvrant un immense don, un don qui l’enivrait et il prit la fuite. Tu connais la suite… »

-« Arios me disait que les druides sont des dieux et la nature l’esclave et que son rôle dans l’empire était crucial. Mais je ne voyais pas un homme colérique ou autre. Quand il parlait de vous, il n’y avait pas de haine, seulement la conviction que vous étiez dans l’erreur. »

-« Je vois… Mon pauvre frère pense toujours à nous, peut être que l’empire ne lui pas pris tout son amour… »

-« Arios était un homme fier certes, mais ce qui à causé sa chute, c’était son envie de liberté et de reconnaissance. Il voulait simplement vivre sa vie au bout du compte… »

-« Quand on fait un choix, il faut en payer le prix. Un concept qu’Arios n’a pas su assimiler. Il avait fait le choix de nous rejoindre et n’a pas su l’assumer… Et c’est lui qui a choisit de nous trahir et de rejoindre l’empire, s’il revient, il devra être prêt a faire face a ses responsabilités. »

-« Pourquoi vous ne l’avez pas suivis ? »

-« Je l’admirais, mais quand il s’est enfoncé, j’ai eu des doutes et lorsqu’il a attaqué nos semblables, je ne pouvais croire que c’était le genre d’homme que mon ancêtre était.»

-« Votre ancêtre ? »

-« Mahoth, le gardien de la nature et le premier druide au monde. Il voulait vivre en paix et se rapprocher des êtres de la nature. Mais Arios le voyait comme un héro et voulait être vu comme tel. Il s’est rapproché de moi, car je porter le sang de son idole et nous sommes devenus amis. »

-« Mais personne n’à essayer de le raisonner avant sa fuite ? »

-« Non, nous étions fier de lui et nous n’avions pas vu qu’il appréciait un peu trop la reconnaissance des autres… Nous avons notre part fautif dans cette histoire. »

-« Vous l’avez dis vous-même, c’était son choix et il doit assumer ses décisions… Le libre arbitre à des principes qui ne sont pas facile a suivre mais ils sont simples. »

-« C’est juste… Oui… Oui tu as raison… Merci beaucoup pour cette conversation… Il me manque beaucoup, mais a présent je sais quel homme le druide noir est devenu, je sais à présent ce qu’il m’attendra si je le rencontre a nouveau... Tu peux y aller, mais avant prends ceci. »
 
Le centaure s’arrête et  me tend quelque chose, je tends mon bras et une pierre verte tombe sur la paume de ma main. Je sens une étrange aura autour d’elle…

-« Même si nous ne sommes pas des enchanteurs, nous avons nos trucs. Cette pierre te permettra de reste lié à Taedar. Comme ça, lorsque que tu auras besoin de lui, tu pourras l’appeler et il viendra s’il le veut bien. »

-« Je penserai a lui demander poliment a chaque fois. Merci énormément Akameth, je n’en demandais pas tant. A présent je vais allez voir Taedar, je dois le remercier lui aussi. Au revoir. »
 
Je le salue de la main et retourne près de ma tente. C’était une conversation très intéressante. Finalement, Arios est quelqu’un de plus profond qu’un simple druide mégalomane, l’influence de Shaktor aurait joué un rôle ? Cela ne m’étonnerait guère, mais dans le fond, je ne connais pas personnellement l’empereur et je doute que je le connaisse un jour.

Je retrouve mon ami tanmar et l’appel de loin, il me rejoint rapidement.
 
-« Alors Thiodar, content du présent ? »

-« Oui, merci Taedar. Je te promets que si j’ai l’occasion de te rendre la pareille, ce sera du foin ou en sucre. »

-« J’espère bien, je suis un tanmar ayant la fine gueule. Après tout. »
 
Je ris brièvement et me pose sur le sol, dos contre un arbre, Taedar est à mes cotés.
 
-« Dis moi, il n’y a jamais eu quelqu’un que tu voudrais revoir plus que tout ? »

-« Moi ? Non, franchement non, chaque tanmar est un frère, nous sommes comme les druides, nous sommes une immense famille, qui est un peu dispersée, je te l’accorde. Mais, maintenant que je vais voyager avec toi, mes parents me manqueront surement. Pourquoi me demandes-tu cela ? »

-« Et bien… Cela fait plus d’un an que j’ai quitté mon monde. Beaucoup de mes frères me manque un peu, mais pourtant, je suis soulagé de ne plus faire partie de l’ordre… Et aussi, si je revenais, me reconnaîtraient-ils ? Approuveraient-ils le fait que j’ai accepté de vivre en vampire ? Admettraient-ils qu’on peut boire du sang et être un homme de bien ? »

-« Quelle importance ? Tu as trouvé une nouvelle place sur Drael’strom, même si tu as perdus quelque chose, il te restera toujours de quoi être heureux si tu sais regarder. »

-« C’est vrai, quand j’étais au bord du suicide, j’avais tout perdus, mais j étais toujours en vie et libre de prendre un nouveau départ. C’est ce que Talssader a voulus me faire comprendre. »

-« Et ici ? Qu’est ce qui te manque ? »

-« Mes compagnons, mais comme je vais les revoir, ça ne m’affecte pas beaucoup… Sauf pour… »

-« Pour ? »

-« Amalia… Je sais que je vais la revoir, mais pourtant, j’espère que ce jour arrive dès demain… Que je la vois sans passer par les autres régions… »
 
Teadar approche son museau de moi et tapote ma tête pour me chercher.
 
-« Oooooh, le vaillant paladin qui se languit de sa princesse, comme c’est mignoooon. ..»
 
Je repousse de la main, mais sans être brusque la tête.
 
-« Tu es vraiment bête parfois. »

-« C’est vrai, le paladin est une créature qui bois du sang des bestiaux et la princesse est une guerrière rancunière et effrayante, pas très romantique, comme histoire. »

Je le regarde et lui souris, je ne déteste pas son humour. Et puis il soulève une bonne question : Est-ce que je ressens plus que l’amitié pour Amalia ? Ou alors est ce parce que je suis vraiment proche d’une femme ? Avec les paladins de Dhiosas, les femmes n’étaient que domestiques et personnes ne discutaient avec elle. Et si mes émotions pour l’ange n’est que la sensation de pouvoir me rapprocher des femmes pour la 1er fois depuis des années ? Elle me manque beaucoup et ça ne peut être démenti. Pour le reste, je le saurais en voyageant encore et en rencontrant d’autres femmes et nous verrons ce que je ressentirais une fois Amalia retrouver.


http://thiodar.wifeo.com/chapitre-13-un-imprevu-sur-le-route.php



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