XIV. Un imprévu sur la route
 
 
Les semaines qui ont suivies m’ont permis d’achever mon entrainement. A présent, je marche aux cotés de Taedar, vers la cité des elfes. La foret de Nemeor est grande, mais mon ami connait bien ces bois et il n’est pas insensible a l’aura magique. Même si les elfes cachent leur foyer, les tanmars sentent l’endroit où la magie opère et donc la zone où les experts en magie se cachent. Le voyage ne durera qu’une semaine, quelques jours de plus au plus tard. Comme cela fait quatre jours que nous avons quitté les druides, je peux en déduire que nous sommes presque à mi-chemin. Nous avons rencontré quelques bêtes sauvages, mais avec mes pouvoirs qui retirent l’agressivité et l’instinct développé de Taedar qui nous permet d’éviter un maximum les mauvaises rencontres, le voyage se passe très bien et sans accrocs.

Et tout à coup, alors que je discute tranquillement avec Taedar, j’entends des cris… des cris d’une meute de loups et un autre son, un son ou plutôt un cri… un cri qui n’appartient pas à un animal, un cri qui n’est pas celui de la rage ou de la colère, mais celui des pleurs et de la panique. Mais par-dessus tout, ce cri est très reconnaissable, en quelques secondes, je devine que quoi il s’agit. C’est…
 
-« ..Un enfant ? »

-« Faut allez voir, grimpe ! »
 
Sans discuter, je monte sur le dos du tanmar, quand il s’agit de courir et d’aller vite, il est d’accord pour que je le chevauche. Et là, il fallait justement y aller au triple galop ! Les cris se font encore entendre, nous indiquant la direction exacte.

Nous arrivons rapidement sur place et nous découvrons des loups autour de deux corps et s’approchant d’un buisson, les bruits et plaintes de craintes proviennent de la plante. Mon instinct me pousse à sortir mon épée, Taedar anticipe mon acte et cours vers la petit meute et se cabre devant eux pour les impressionner, moi je brandis ma lame et cri de rage. Je ne voulais qu’une chose : sauver ces gens ! Les loups se tournent vers nous, je lance des sphères de lumière sur les bêtes pour en calmer le plus possible, mais il y en a un qui bondit vers mon flanc, par reflexe je l’intercepte en plongeant Izural dans sa gueule. Extirpant la lame de la bête, je me concentre et lance un arc tranchant reste le reste de la meute, le sort frappe le sol et soulève la poussière, l’onde choc fait décoller deux loups… Très vite, les derniers loups prennent la fuite, comprenant qu’ils ne pouvaient pas nous vaincre.

Je rengaine Izural et descend du tanmar pour voir les corps. Un couple humains à la peau noire, la femme avait les cheveux longs et l’homme une moustache, leurs vêtements légèrement abimés indiquent qu’ils n’étaient pas riche, ou alors, ils voulaient le faire croire. Chose étrange, malgré les morsures de loups, je constate qu’il y a des plaies de combats… des coups de lames… Le couple ne se battait pas contre les loups, mais contre quelqu’un d’autre.

-« Thiodar ! Le gamin n’a rien, viens vite ! »
 
Je le rejoins rapidement et regarde le buisson, c’était un jeune garçon de la même couleur de peau que les adultes, chauve, ses yeux effrayés sont marrons mais très foncés, ses vêtements de tissus sont un peu salies par la terre, mais pas abimés, le pantalon est de couleur gris et la chemise est bleue. L’enfant tremble et refuse de sortir de son buisson.
 
-« Il n’a rien, il est sain et sauf. » Dis-je pour moi même

-« Et les autres ? »

-« Trop tard… Mais bizarrement, ce ne sont pas les loups qu’ils les ont eux.»

-« Je vois, mais le plus important est d’emmener l’enfant à l’abri. Le sang va pousser les loups à revenir, ou pire, un ogre. »

-« Tu as entendu, allez viens petit. Tu es en sécurité… »
 
Je lui tend ma main, mais le jeune garçon recule et s’enfonce plus loin dans le buisson. Il crie de panique.

-« Non ! Allez-vous en monstre ! Vous ne me mangerez pas, vampire ! »

-« Quel ingratitude, on viens de te sauver la vie ! » S'indigne mon compagnon.

-« Menteur, vous voulez me dévorer et vous voulez me manipuler, les vampires et leurs acolytes sont des menteurs ! »

Teader s'énerve-« Qui est l’acolyte ? »

-« Laisse, mon ami. Il marque un point, je suis un vampire, un buveur de sang. Je ne peux pas l’obliger à me suivre, sauf qu’il faut lui trouver un lieu sûr et la ville les elfes est le seul refuge. »

-« Les guides disaient qu’ils allaient aussi nous conduire la bas, mais ils ont mentis et nous tout voler et abandonné dans cette foret. Je n’ai pas survécu aux meurtriers et aux loups pour me faire tuer par un sournois vampire ! Mes parents ne sont pas morts…. Pour….. »

Les larmes montent et il ne parle plus, ses pleurs me fend le cœur. Je dois le sauver, mais comment convaincre un enfant qui refuse me suivre et qui est mort de peur. Dans un moment comme cela, j’aimerai bien retrouver mon humanité. Taedar s’approche de lui et lui parle à nouveau.

-« Bon, je sais que c’est dur mais écoute moi bien. Tu es dans la foret de Nemeor, la plus grande foret de tout Drael’strom et la plus dangereuse ! En plus des loups, il y a des ours, des fauves, des ogres et des fourmis géantes. Tu ne sortiras jamais d’ici tout seul et ne pense même pas survivre. Peut être qu’on veux te tromper, mais tu ne peux nier que tu vis plus longtemps grâce à nous. Le choix te revient, prendre le risque de mourir dans cette foret, seul, sans arme ni moyen de te repérer ou tu monte sur mon dos et tu prends le risque de mourir de nos mains, mais tu auras un porteur et un protecteur connaissant le chemin vers Falyafoz. Fais ton choix. »

J'interviens-« En attendant, je vais essayer de faire une sépulture digne de ce nom pour tes parents. »
 
Je me lève et pars rechercher des grosse pierres. Mais avant je me dirige vers les corps et les places cote a cote. Je regarde aux alentours et remarque un sac, en l’examinant, je constate qu’il s’agit de provision. Parfait, l’enfant pourra tenir quelques jours, si jamais, je chasserais s’il vient avec nous. Petit à petit, je ressemble et pose les pierres.

Le temps passe, la sépulture s’achève. Jugeant mon travail, je remarque que le garçon est à mes cotés, fixant la tombe de sa famille. Les larmes coulent encore le long de ses joues, mais il reste calme. Ne sachant pas quels dieux prier, je lui laisse le soin de s’en charger et rejoins Taedar.

-« Ce garçon me rappel un autre humain qui avait tout perdus dans la violence et le sang… Il devra faire beaucoup d'effort pour se rebâtir.»

-« Tu parles de toi-même ? »

-« Oui, mais j’étais un adulte, pas un enfant… »

-« Est-ce moins douloureux selon l’âge ? »

-« … Non, je pense que non, même si on peut y penser en apparence… »
 
L’enfant vient vers nous en silence, il monte sur le dos de Taedar et je me déplace a sa droite, nous reprenons la route. Puis, il me parle encore une fois, mais sans avoir vraiment peur.
 
-« Pourquoi avoir enterré mes parents? »

-« Tout être vivant mérite d’être honorer quand il quitte ce monde, surtout s’ils se sont sacrifier pour protéger leur enfant. »

-« ….. merci…. »

-« De rien. Au fait, je suis Thiodar et voici Taedar. »

-« Je m’appel Kalissor… j’ai onze ans… »

-« Ravis de te rencontrer Kalissor. »

Et ainsi, nous poursuivons notre route vers Falyafoz, avec un nouveau compagnon de route. Je sais qu’il se méfie toujours… mais avec les jours, je l’espère, il commencera à me faire un peu plus confiance.



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