Chapitre 12: le premier défi
 
 
Quelques heures après le départ de l’Elu ; Kelvir, Mathius, Aymerix et moi-même sommes sur la route du campement des Purifiés. Le crépuscule n’est pas encore arrivé mais nous ne pouvons pas trainer pour autant ! Aymerix à cacher entièrement son visage avec un casque de cuir et est armé d’une lance en plus de ses deux dagues, on ne voit que ses yeux noirs. Kelvir à rajouter une cape bleue à capuche et cache le bas de son visage avec un foulard assortis. Mathius portes aux épaules et aux avants bras des plaques d’une armure en métal, sans oublier le casque de fer où on ne voit même pas ses yeux, c’est lui qui porte mon épée enroulée dans du tissu. Si je porte une épée angélique, la ruse ne marchera pas. Quant à moi, je porte des habits de noble bleu ciel avec des motifs ocre brodés. Je tiens dans ma main droite une sorte de canne superbement sculptée, le reste, ce sera à moi de convaincre.

Le plan est simple : approcher les Purifiés, gagner du temps pour s’assurer que les enfants de ne seront pas blessés, puis agir. Nous avons convenu que je m’occupe du chasseur de prime pendant que les autres s’occupent de l’Elu. Nous approchons du campement, les archers impériaux nous tiens en jouent, puis baissent leurs armes rapidement. En m’approchant, j’examine facilement le campement : quelques tentes dont une plus grande que les autres. Environs douze humains dont deux vêtus comme des prêtres, surement des « Bénis » et un habillé comme un magicien, donc treize en tout si on compte l’Elu. Cinq démons et un être vêtus entièrement d’une armure de plates, même ses yeux ne sont pas visibles, l’armure semble vraiment être forgée à sa mesure et couverte de gravures et symboles, il est armé d’un cimeterre, à part lui, tous les autres ont le blason de l’empire, ça doit être Victor griffes-de-l’ombre. Les enfants sont tous dans la même grande cage gardée par deux archers humains et un archer démon. La cage assez isolée du camp.

Le treizième humain, l’Elu, vêtu comme les prêtres mais de manière plus riche, plus nobles et portant une épée courte à sa ceinture, sort de sa tente, les bras levés en signe d’accueil, un grand sourire signifiant une agréable surprise. Parfait, il ne se doute de rien pour l’instant. Il s’arrête devant moi, le chasseur de prime à sa gauche. Je fais signe aux autres pour dire « temps libre accordé ! » et le trio se dispersent, chacun près des soldats pour pouvoir frapper fort dès le départ, Aymerix s’est placé au milieu des archers, comme convenus, il s’assure que les enfants sont saufs. Se penchant en avant pour me saluer, l’Elu commence à parler.
 
- « Oh noble vampire, c’est un honneur ! Je ne pensai pas que Dieu nous enverrait un de ses plus prestigieux sujets nous rendre visite. »

Je commence à parler sur un ton autoritaire - « Mettons les choses aux points, Elu : je suis là pour évaluer la situation actuelle, pas par visite de courtoisie ! Et l’Empereur ne m’a pas ordonné de venir, c’est moi qui me suis porté volontaire car je pensais que vous auriez pu réussir quelque chose de bien pour cette fois ! »

- « Oh… mais… Bien sûr, pardonnez-moi, je ne voulais pas vous offenser ! »

- « Si vous m’annoncer que vous avez réussi votre tâche, je pourrais peut-être pardonner cette insulte. »

- « Croyez-moi : avec moi, ou je réussi, ou je me suicide. »

- « Alors je suppose qu’Odive est nôtre… »

- « Exactement, entrez, je vais vous en parlez en détail. Victor, garde l’entrée de ma tente !»

Et là, je l’entends parler de sa voix grave mais pourtant calme et sérieuse, le fameux chasseur de prime.

- « Je suis chasseur de prime, et j’ai accomplis ce pourquoi j’ai été payé, si vous voulez que je vous serve de garde du corps, il va falloir payer un supplément. »

- « Comment oses-tu me défier ? Devant une illustre créature de Dieu ! Je devrais t’exécuter pour… »

Je lève ma main gauche pour dire « suffit » - « Doucement jeune humain. Griffes-de-l’ombre est chasseur de prime, pas soldat, et sans lui, je suis sûr que votre mission aurait été un échec total. Payez-lui et passons aux choses sérieuses. »

- « Euh… Oui, très saint. Tiens, maintenant garde l’entrée. »
 
L’humain ouvre la marche et m’invite dans sa tente. J’entre et je découvre un endroit couvert de fourrures et de tapisseries, il m’invite à m’assoir, ce que je fais. Il s’assoit à son tour et commence son rapport, son plan fabuleux, sa victoire totale, c’était plus un discours mégalomaniaque qu’un vrai rapport. Enfin il passe à la partie concernant Aymerix, sa capture et son exécution publique.
 
- « Sa mort sera notre plus grande réussite ! Trahi par sa propre ville en plus ! Il me fait un peu penser aux vôtres. »

- « Les demi-démons ne sont que des bâtards sans âmes ! Ils se ressemblent tous, ils possèdent à peine le droit d’exister. Cet Aymerix est le plus dégénéré de sa race, une erreur, je suis satisfait d’être venu. En plus d’une victoire, je contemplerais la mort de cette chose. Sa mort dissuadera les autres de vouloir être ce qu’ils ne sont pas. »

- « Vous avez entièrement raison. »

- « Comme toujours, humain, comme toujours. Et pour les enfants ?»

-« Nous pourrions les exécuter, mais ce serait une mauvaise idée, leurs morts poussera Odive à se battre contre nous. Mais une fois nos hommes installés, les habitants auront la menace de représailles constamment. »

- « Excellente décision. Vous méritez votre place en fin de compte. Si tout se passe bien nous pourrions envisager de… »
 
Et là, des cris fusent et le chasseur de prime entre dans la tente.
 
- « Les soldats se battent avec les gardes du vampire, venez voir ! »

Nous nous levons de nos sièges et sortons avec Victor. En effet, mes amis ont commencé la partie. Aymerix est toujours près de la cage, un des archers morts à ses pieds et l’autre qui reçois la lance que le semi-démon lui a jeté, il sort ses dagues et fait face. Kelvir à mit à terre un des gardes et gèle son visage. Il prépare un sort de foudre pour poursuivre. Mathius sort sa hache et tiens mon arme, prêt à me la lancer. Les deux prêtres, les « bénis » arrivent et se placent à mes côtés.

- « On dirait que j’ai été trahis, bon, autant régler cela rapidement. Allez-y Elu, je reste avec les bénis pour renforcer la puissance d’attaque. » Dis-je en me mettant en garde.
 
L’élu acquiesce sans discuter et pars avec Griffes-de-l’ombre.  J’attends quelque seconde avant de sortir ma dague et de la planter profondément mais brièvement dans la gorge du prêtre à ma gauche. Celui de droite remarque mon geste, mais je saisis rapidement son épaule et lui donne trois coups de dagues au torse. L’élu a tout vu, je me tourne vers le barbare en rangeant ma dague.

- « Mathius, maintenant ! »

- « Attrape ! »
 
Il me lance l’épée, je l’attrape et retire l’enveloppe de tissus.
 
Le chasseur de primes remarque très vite mon arme- « Une épée angélique ? »

- « Il était temps que cette comédie cesse, j’ai eu en horreur ce rôle qu’on m’a donné. »

L’élu enrage- « Trahison ! Félonie ! Tuer les tous ! Même le vampire !»

Trois soldats vont vers Aymerix, deux démons vers Mathius et le magicien vers Kelvir. Un humain et un démon m’attaquent, je dois faire attention. Tous les deux ont une lame, et il y a un tabouret derrière eux, parfait. Je charge vers eux, saute et atterris derrière eux. J’entends l’humain courir vers moi en hurlant, je prends le tabouret, me retourne et frappe avec le meuble avec grande violence ! Le soldat est éjecté et se retrouve à terre pour un moment, je peux m’occuper du démon. Ce sera assez facile, il est surement aussi fort que les autres démons, mais comme ceux-là, il ignore un détail. Je le laisse charger vers moi et pare sa lame, ma nouvelle force me permet de maintenir la parade sans l’aide de ma deuxième main. Parfait, il ne pourra pas esquiver à cette distance. Je lance la sphère de lumière vers la tête, seule partie sans armure. Son visage brule et il hurle de douleur, j’applique ma force pour l’achever en donnant un coup direct, ma lame traverse son corps, puis y sort.
 
Ceux qui ont vu la scène n’en reviennent pas, et certains d’entre eux ont baissé leur garde. L’humain se relève et m’attaque, je pare assez facilement ses coups, puis j’esquive sur le côté un coup direct et donne un coup de pied son dos. L’humain tombe, je l’achève, je peux désormais m’occuper du chasseur de prime. Pendant ce temps, mes amis ont l’air de s’en sortir.

Aymerix accomplis quelques acrobaties pour esquiver les coups de ses ennemis, il charge ensuite vers l’un d'eux et donne plusieurs coups de dagues, de manière sauvage, mais précise.

Kelvir lance de la foudre sur le magicien, mais celui-ci esquive le sort en se propulsant sur le côté avec un sort d’air, il soulève avec la magie du vent une lourde caisse et l’envoi sur l’elfe, ce dernier bloque l’attaque avec un bouclier de glace. Le combat était loin d’être fini.

Enfin, Mathius fait face à son dernier ennemi, un démon. Il esquive les coups de hache avec son agilité, puis contre-attaque avec des acrobaties mais Mathius reste calme et pare les coups, puis il saisit la jambe du soldat lorsque qu’il est dans les airs et le jette violement au sol, il donne ensuite un puissant coup de manche sur la colonne vertébral, il y a eu un sale bruit. Mathius mit fin à sa vie en lui coupant la tête. Il est le premier à pouvoir faire face à l’élu. Mais si les ombrologues sont si forts… Je dois m’en tenir au plan et combattre Victor !

Afin de le provoquer, je lance la sphère de lumière sur lui puis bondis en sa direction, il pare mon attaque et donne un coup de poing, impossible ! Je recule de quelques pas, tandis qu’il ramasse un marteau de guerre.

- « Mon armure absorbe de l’énergie magique, affaiblissant les sorts, étant donné ton niveau, le tien a été annihilé. Et je ne suis pas un démon, ni un ombrologue. »

- « Ce n’est pas un problème, je combattrais de manière traditionnelle. Avec la force des armes et la tactique sur le terrain ! »

- « Tu n’as pas dit gagner…  Tu es incertain de ton succès. »

- « Je ne le saurai qu’après avoir croisé le fer avec toi. »

- « Tout juste, alors présentons nous ! »

Il se met en garde, deux armes contre mon épée. Je pourrais utiliser ma dague pour exploiter les failles de son armure, mais je remarque qu’il a une cotte en dessous et ma dague a du vécu, sans compter qu’il a encaissé la magie brute qui m’a amené dans ce monde. Je marche doucement vers la gauche, lui aussi, nous traçons un cercle invisible, prêt à sauter sur l’occasion. Il charge rapidement, puis saute au dernier moment pour passer au-dessus de moi et fait volte-face lame en avant, j’esquive de justesse en sautant en avant. Malgré l’armure, il est rapide et agile, comme Anathork, mais lui semble avoir plus d’expérience au combat, je dois observer chaque occasion et frapper sans risque.

Nous chargeons en même temps et commençons les échanges, je pare ses coups du mieux que je peux. Je tente un coup direct, mais il esquive sur le côté et donne un coup de genoux à mon estomac, je tombe à genoux, main sur le ventre. Le cimeterre de Victor va m’avoir, je l’évite de justesse, mais la lame trace une ligne rouge sur ma joue. J’essaie de me remettre debout, mais lorsque j’y arrive, Victor donne un coup de lame vers mon épée pour m’obliger à la bloquer tout en donnant un coup de genou direct sur mon ventre une fois de plus. Le choc et la douleur me coupe le souffle, je recule de plusieurs pas et je sens mon emprise sur la garde de mon épée s’achever. Mais je tiens bon et tiens mon épée malgré tout, après m’être remis, je me remets en garde. Cet homme n’est pas seulement plus fort que moi, il me ressemble dans sa façon de battre. C’est comme affronter un jumeau plus puissant que soi.

Je fonce vers lui et lance plusieurs attaques pour le fatiguer, puis il croise les bras pendant que je donne un coup d’épée, il esquive superbement, donne un coup de marteau que je pare par reflexe puis trace un arc de cercle avec son cimeterre, je saute en arrière juste à temps, mais il m’a tracé une seconde ligne rouge au ventre.

Griffes-de-l’ombre fonce vers moi et attaque, je dois trouver la bonne tactique. Je tiens bon… je tiens bon, puis je pare un coup d’épée et Victor brandis son marteau et l’abat vers mon crane avec force, j’ai une occasion ! J’esquive en me déplaçant légèrement sur le côté et appuis sur le manche avec mon pied gauche, bloquant ainsi son bras. Le chasseur de prime tente de levé son arme, en vain. Je donne plusieurs coups d’épée, il les pare tous et saute en arrière pour esquiver le dernier. J’en profite pour ramasser le marteau, je ne suis pas expert dans le maniement de deux armes longues, mais on fera avec.

Je m’approche de lui et lance à nouveau l’échange de coups, mais Victor est toujours aussi agile et rapide. Heureusement, je suis habitué à ses acrobaties et à son style de combat, j’arrive à suivre attentivement. Il tente parfois des coups de pieds ou de poings, un peu comme moi, j’arrive à contrer de justesse. Il donne un coup de cimeterre, je pare avec le manche du marteau de guerre puis contre-attaque avec mon épée, il esquive en reculant comme prévus, je fais subitement un grand pas en avant et donne un coup direct avec le marteau, comme lui au début du combat. L’impact choque un peu le chasseur de prime et il recule d’un pas, ce n’étais pas assez pour le déstabiliser, je lève mon marteau immédiatement pour toucher le menton, mais il lève la tête en arrière et l’évite. J’enchaine sans attendre en traçant une ligne diagonale de bas en haut avec ma lame. Une fine ligne se trace sur son armure, il vacille sur l’impact ; je fini mon attaque en traçant deux arcs de cercle de droite à gauche avec mon épée et le marteau en même temps. Mais je ne fais que fendre l’air, il fait un grand bond pour éviter l’attaque, j’essaie de le suivre mais je sens sa main prendre appuis sur mon épaule et il met son arme à l’envers, lame derrière son bras. Il passe ainsi derrière moi de dos en touchant légèrement mon dos, je crie un bref instant de douleur et me retourne en reculant. Il remet son arme en l’endroit et me regarde.
 
- « Pas mal, tu as du potentiel, mais il est inexploité, dommage, cela aurait pu être passionnant. »

Je saute sur lui et donne un coup d’épée qu’il pare aussitôt et un coup de marteau qu’il arrête grâce à son bras, le duel reprend. Il abat son cimeterre vers moi, je fais une parade en croix et contre-attaque en donnant un coup de pieds en plein torse. Il recule de plusieurs pas, j’applique toute ma force et lance le marteau vers lui ! Contre toute attente, il parvient à reprendre le marteau en plein vol, fait un tour sur lui-même et le lance vers moi. L’arme va trop vite, je plonge sur le côté et l’évite tout juste, je tombe à terre et me relève rapidement. C’est désormais un combat épée contre épée, respirant lourdement, je vois un bref moment ce qui se passe autour de moi.

Aymerix combats ses deux derniers adversaires, il pare les attaques du premier soldat puis contre-attaque avec un coup de pied, il esquive ensuite les attaques du second avant de parer la dernière attaque, puis contre-attaque en donnant un crochet dans l’estomac, le soldat se recroqueville. Aymerix enchaine en donnant un coup de genou au menton, la tête bien haute, il finit par lui ouvrir la gorge. Plus qu’un soldat et il va pouvoir aider Mathius.

Kelvir s’en sort plus ou moins avec le magicien, mais il ne peut faire du corps à corps car son sort de vent le repousserait aussitôt. Il use de sa magie pour soulever un tonneau et l’envoi vers le magicien, puis il en soulève un autre et l’envoi aussi vers le mage. Mais son ennemi arrête les deux projectiles dans les aires une fois ceux-ci près de lui, l’elfe enchaine en faisant exploser les tonneaux avec des projectiles de glace. Le magicien est trempé par leurs contenus, tout à coup Kelvir lance un troisième tonneau qui fuit et ce dernier roule à toute vitesse vers les jambes du mage impérial. Mais ce dernier lance un sort de vent puissant et le fait exploser alors qu’il est tout près de lui. Kelvir affiche un sourire et lance un sort de foudre vers le sol. Le sort suit le chemin trempé et touche le magicien à mort. Alors comme cela, l’eau peut guider la foudre ? Intéressant.

Mathius esquive les sphères d’ombres de l’ombrologue et arrive à être à portée, il donne un puissant coup de hache mais le corps de l’élu se change en une brume noire et s’éloigne un peu avec de redevenir un humain puis lance une sphère d’ombre que Mathius encaisse plutôt bien. Puis l’élu lance une grosse vague noire, mais cette dernière se heurte à une paroi de glace, Kelvir rejoins Mathius et poursuivent le combat.

Tout se passe bien, je peux reprendre mon entière attention sur Victor.  Nous chargeons ensemble et nos lames se rencontrent avec fracas, impossible d’avoir le dessus l’un sur l’autre, Victor fait un bond en arrière puis reviens à la charge pour briser ma garde, il fait ensuite un petit bond pour donner un coup de pied dans les airs. Je bloque son pied avec ma main et le duel reprend. Ensuite il esquive une de mes attaques et prend appui sur moi, dos contre dos, pour passer de l’autre côté, finit par une attaque, je saute en arrière pour l’éviter, je charge vers lui puis saute pour passer au-dessus, faisant volte-face à l’atterrissage. Je reprends les échanges de coups.

Je bloque son coup de cimeterre, je contre-attaque en donnant un coup de pied, mais il prend mon pied et me pousse, je tombe en arrière, l’impact sur ma blessure me fait mal. Je dois me relever, trop tard ! Victor va m’achever, je bloque son coup de grâce et entre dans un duel de force ! J’arrive à repousser un peu la lame, mais Victor semble avoir la même force que moi. Je pousse de toute ma force, je gémi d’effort, gagne encore quelques centimètres. Il me reste qu’une solution, je donne un puissant coup de tête contre son casque. Ma vue se brouille et mon esprit aussi, d’instinct je donne un coup de pied, celle-ci se heurte à quelque chose, je me relève. La douleur vient enfin, je mets ma main sur mon visage.

J’enlève ma main, du sang, je retrouve la clarté de mon esprit et ma vue se reprécise. Mince, le chasseur de prime a eu le temps de réattaquer, il va m’avoir, j’essaie d’esquiver, sa lame trace une ligne rouge sur ma cuisse, je supporte la douleur et donne par instinct un grand coup de poings vers son casque. J’ai mal à ma main, mais je supporte et donne un coup direct, Victor l’esquive, je prends ma garde à deux mains et change dans mon élan la direction de ma lame vers l’endroit où Victor s’est déplacé. Je frappe l’entaille et l’approfondie un peu, cette armure ne se brisera jamais. Je me remets en garde tandis qu’il recule de quelques pas. J’ai mal partout, j’ai affronté tant d’ennemis, mais celui-là est d’une autre trempe, c’est un vrai vétéran.

Il revient à la charge, sautant avec agilité pour m’embrouiller ou me distraire, mais je ne me laisse pas faire et reste attentif à ses mouvements, il saute pour passer derrière moi en tentant de prend appuis sur mes épaules avec ses pieds. Je ne le laisse pas faire et prends sa jambe gauche et le jette violement au sol. A terre, j’abats épée vers lui, mais le chasseur de prime esquive le coup en roulant sur le côté et se remet debout de façon spectaculaire.

Le combat reprend, je pare son coup d’épée, puis son coup de genoux avec ma main, je supporte la douleur. Soudain il donne un coup de poing sur ma cuisse blessé, la douleur me fait reculer et baisser ma garde, il enchaine et donne un coup de poing sur la plaie de mon ventre, je crie de douleur et le laisse prendre mon épée. Il a désormais deux épées, je recule pour m’éloigner. C’est mauvais, je suis sans arme, il me faut une arme, il me faut une arme. Le chasseur de prime fait quelques moulinets avec les armes.
 
- « Surprenant, je n’avais pas eu un combat aussi long depuis plus de trois ans. Voyons combien de temps tu vas tenir. » Dit-il avant de marcher lentement vers moi, puis d’accélérer le pas.
 
J’ai beau tenter d’éviter du mieux possible, il me fait quelques coupures. Je trouve un tabouret, je le prends et l’envoi, mais il esquive comme si de rien n’était et contre-attaque en traçant une ligne rouge sur mon autre joue. Il me faut une arme ou je suis mort ! Je saute au-dessus de lui et fait volte-face avant de reculer de plusieurs pas, je regarde autour de moi, la lance d’Aymerix, plantée sur un cadavre tout près ! Je cours vers elle, j’y suis presque, mais Victor arrive devant moi, bras croisés, il fait un tour sur lui-même et je reçois son coup de pieds en plein visage, il s’approche ensuite et décroise les bras. J’évite le coup en me penchant en arrière, par reflexe, je me redresse en prenant ses poignets.

Nous sommes bloqués tous les deux. J’applique toute ma force pour l’empêcher d’avoir le dessus, mais il donne un coup de tête, et avec son casque, je sens que je tombe, mon emprise se lâche, non ! Je tiens ses bras et les tirent, contre toute attente, je parviens à soulever le chasseur de prime et à le faire passer derrière moi. Tous deux à terre, je me relève et attrape la lance tout en faisant volte-face ! Je ne suis pas très expert mais Dearane m'a appris une ou deux choses bonnes à savoir. Griffes-de-l’ombre se relève et s’approche en marchant lentement, prêt à parer toute attaque. Je profite de ce moment de répits pour voir comment s’en sort les autres.

Aymerix esquive le coup de son ennemi et lui saute dessus après avoir enlevé le tissu sur sa bouche, il s’accroche à son tronc avec ses jambes et plante ses dagues dans les épaules. Il le lâche puis retire ses dagues avant de dévorer sa gorge. C’était répugnant, mais au moins, il peut rejoindre Mathius et Kelvir.

Pendant ce temps, le duo résiste à l’assaut noir de l’élu. Kelvir bloque sa vague noire avec un bouclier de glace, puis Mathius lance un tonneau, mais l’humain se change en masse noir et se déplace sur le gauche, mais à peine redevenu lui-même, l’elfe mage lance une puissante charge de foudre, l’élu réplique en lançant une vague noire, le rencontre entre ses deux sorts crée une petite onde de choc et les deux sorts s’annulent. Soudain Mathius prend l’humain et Kelvir entoure son bâton d’un sort de foudre et frappe l’élu, il encaisse le sort en hurlant un peu avant de se libérer un bras et d’envoyer une sphère d’ombre sur Kelvir, le magicien esquive et le barbare lâche l’élu en prévoyant une éventuelle contre-attaque. L’élu respire et reprend son calme, mais le pied droit d’Aymerix rencontre sa joue gauche et il se retrouve à terre et roule sur le sol. Le demi-démon crie « touché » avant de rejoindre ses amis. L’humain se relève et s’énerve, il a vraiment envie de les tuer.

Je reviens à mon combat, mon corps me fait mal, pas étonnant avec toutes mes blessures.  Je m’approche de lui et dévie ses attaques ou les bloque. Je ne pourrais pas tenir longtemps dans ces conditions, il me faut mon épée.  Je fais une attaque directe, il le bloque avec une parade en croix et amène la lame en bas, je suis le mouvement et frappe le casque avec l’autre extrémité de la lance. J’enchaine en reculant mon arme puis profite de ma chance en donnant un coup direct vers son cou avec l’extrémité de la lance. Malgré la couche de maille, le coup lui a fait de l’effet, la respiration coupée, il défaille. Je remets ma lance de position, lame en avant et donne un grand coup direct sur l’entaille de l’armure. Il recule sous le choc et lâche mon épée, je la ramasse vite fait et jette de toute ma force la lance. Cette dernière se fige dans l’entaille, super ! J’ai désormais une chance de le vaincre avec cette ouverture dans l’armure. Mais elle est très petite et il y a encore la cotte sous l’armure. Victor se reprend enfin et retire la lance avant de me copier, restant attentif j’esquive la lance et cette dernière se plante dans le bois d’un chariot. Je me remets en garde, le chasseur de prime semble réfléchir tout en cherchant quelque chose sur son dos.

- « Holà, ça fait combien de temps que je n’ai pas eu un combat aussi dangereux ? Cinquante ou soixante ans ? Tu es très doué, je me demande jusqu’où tu iras avec ton potentiel exploité au maximum… Mais je ne risquerais pas ma vie pour le savoir. Désolé, mais j’ai été payé pour tuer et j’honore toujours un contrat. »
 
Il sort de sa main droite quelque chose, un étrange objet, on dirait un bout de boit avec un peu de métal. J’entends Kelvir me hurler de courir, de faire attention. De son doigt, Victor appuis sur un petit bout de l’objet, j’ai un sale pressentiment et plonge sur le côté pour éviter je ne sais quoi. L’objet fait un bruit bizarre, une sorte de petite explosion, une douleur me viens sur le côté gauche, entre mes côtes. Je tombe à terre, main gauche sur l’endroit de ma douleur. J’ai tellement mal que je n'ai pas la force de crier, j’essaie de me relever et ne parviens qu’à me remettre sur les genoux. Je regarde ma main gauche, du sang, beaucoup de sang, et un trou sur le côté gauche et une tache rouge tout autour. Je remets ma main sur la plaie et regarde Victor s’approcher, jetant l’objet, une fois tout près il me parle une dernière fois.
 
- « C’est fini, mais je te promets de ne pas oublier le combat qu’on a mené ensemble. Pour être honnête, si je n’avais pas été payé, je t’aurais bien formé. Tu aurais fait un partenaire de luxe. »

Il lève son cimeterre, prêt à me couper la tête. C’est fini, si je tente quelque chose, il frappera sur une de mes blessures, je suis à bout. Je vais mourir, au moins, je ne tuerai personne pour me nourrir…. Je vais mourir sans avoir pu prendre ma décision finale… La lame arrive, elle va me faucher la tête, c’est la fin… Non, ça ne se passera pas comme ça ! J’ai affronté pirates, mages et prince, c’est moi qui déciderai de ma mort, pas un chasseur de prime ! Rassemblant ma force, je bloque le cimeterre, chaque effort me fais saigner encore plus mais tant pis ! Hurlant de rage, je prends la tête de Victor et l’amène vers le chariot, la surprise et l’incompréhension du chasseur de prime l’empêche de réagir et je fais cogner son casque deux fois contre le chariot avant de le jette à terre. Dos au sol, je lève mon épée avec deux mains et donne un puissant coup dans l’entaille, la lame s’enfonce, elle est dans l’armure, mais aucune blessure. Le chasseur de prime reprend ses esprits.

- « Formidable dernier effort, mais tu as raté ta dernière chance de… »
 
Je ne l’écoute pas, envahi par la rage et la détermination de vivre, je lève mon bras droit et frappe de toutes mes forces la garde de l’épée en hurlant fort ! La paume de ma main rencontre la garde, qui s’y enfonce et le sang coule, mais la lame passe la maille.

Je tombe à genoux, la main droite en sang, un trou de la paume. Je n’ai presque plus de force, mais je vois du sang sortir de l’armure de Griffes-de-l’ombre.
 
- « Bien joué, tu as réussi à passer outre mon armure…. Je vais mourir… Tué par un jeune vampire… Merci, je peux mourir comme je le souhaite, durant un combat dans un champ de bataille, comme je suis né durant un combat dans un champ de bataille…………. Mais…. J’ai un dernier…… souhait…… »

- « J’écoute. »

- « Laisse moi mon armure…. C’est mon corps, mon visage…. Ma vie et ma fierté…. C’est le corps de Victor de Griffes-de-l’ombre. »

- « Vu qu’il Il n’y a rien de personnel dans tes actions…. Je vais respecter ton vœu. Chasseur de prime. »

- « Merci…. Petit vampire…. Dommage que je…. Ne tiens pas plus… longtemps…. J’aurai aimé…. Connaitre… ton…. »

Griffes-de-l’ombre se tait, il est mort. C’est fini, je dois avouer que j’ai envie d’enlever son casque, mais le respect d’un vœu d’un mort est une chose sacrée. Je regarde mes compagnons, voyant ma victoire, ils se dépêche d’en finir avec l’élu et se dispersent.

Mathius évite une vague noire puis charge, l’humain se change en brume noire et réapparait plus loin sur sa gauche, redevenus lui-même, il bouge un pied pour lancer un sort, mais il glisse sur la glace au sol et tombe. Aymerix lui saute dessus pour le finir dans la douleur. Kelvir a deviné où l’élu irait et il a geler le sol, malin. Mes compagnons crient victoire et viennent me récupérer.

Pendant que Kelvir panse mes blessures, Mathius et Aymerix libèrent les enfants et préparent les deux chariots du camp du culte. En plus des enfants, les chariots sont remplis d’objets de valeur, d’armes et d’équipements, c’est toujours bon à revendre. A ma demande, le corps de Victor est laissé avec son armure, les corps rassemblés dans les tentes, le trio met le feu, aussi bien pour détruire le camp que pour offrir aux soldats des funérailles.

Une fois sur les chariots, nous faisons route vers Odive, je suis avec Kelvir. Mathius est avec Aymerix, qui eux expliquent aux enfants que je suis un « gentil ».
 
Le mage vérifie mon état- « Tu te sens mieux ? »

- « ça va aller, je dois vous décevoir, être dans cet état… »

- « Non, c’était impressionnant, Victor n’était pas seulement un bon chasseur de prime, mais aussi un combattant formidable, s’il avait voulu il aurait pu tuer l’Elu. Durant presque cent vingt ans, il était invaincu, même si le fait qu’il ne se frottait pas aux plus grands combattant de l’empire ou des autres royaumes y ait pour quelque chose. »

- « Alors, c’était un vrai défi ? »

- « Le plan consistait à survivre assez longtemps pour qu’on t’aide. Mais on avait sous-estimé la ténacité de l’ombrologue. Tu as tué Victor à toi seul, c’est un grand exploit. Surtout avec ta blessure provoquer par son pistolet. »

- « Son quoi ? »

- « Pistolet, l’objet qu’il a utilisé. C’est une arme sophistiquée, très petite et légère, se tenant d’une main, en appuyant sur le petit levier, la gâchette, une petite bille, la balle, pars plus vite qu’un carreau d’arbalète et peut passer la plupart des armures. Pour toi, c’est de la chance, la balle à passer son corps sans toucher gravement d’organes. Tu n’en as jamais vu ? »

- « Rien de tel existe sur mon monde. On venait tout juste de maitrisé sur une arme de siège appelé « canons », cela demande l’utilisation de la poudre. Le pistolet est une sorte de canon en plus petit et moins puissant. »

- « C’est à peu près ça, en tout cas, vu ton état, je comprends mieux pourquoi tu ne prends pas de nouveaux vêtements. »

- « Ce n’est pas pour ça. »

- « Ah ? Pourquoi alors ? »

- « Thiodar est le nom que j’ai pris en arrivant dans ce monde, avant c’était Thibault et j’ai eu une vie différente, une vie humaine. J’ai pris ce nom, mais je pour l’instant je cherche à savoir si je veux mourir en Thibault ou vivre en Thiodar, alors je garde ces vêtements et compétences tel quel, car ils sont à la frontière entre ces deux vies. »

- « Je commence à te comprendre… La vie et les principes que l’on a… il faut savoir se connaitre au mieux pour prendre une décision convenable. »

- « Et toi, tu te connais assez bien ? Tu as quitté la cité des elfes, alors que ton peuple y reste caché pour la survie… »

- « J’avoue y avoir médité sur la question, et un jour je me suis dit, si l’empereur gagne, à quoi cela aura servis ? Alors j’ai quitté mon foyer pour profiter de ma vie immortelle. »

- « L’éternité, c’est un poids si on en profite pas un peu… »

- « Tu n’es pas assez vieux pour le savoir, mais c’est vrai. Je n’en veux pas autres elfes, ils restent parce qu’ils le veulent, moi je suis partie parce que je voulais voir le monde. Ensuite, j’ai rencontré Mathius, il avait dix sept ans. Ensemble on s’est pas mal débrouillés, puis il y a eu Aymerix, tous les trois, on visait à se faire connaitre du monde. Pendant mes combats contre l’empire, je me suis découvert un nouvel objectif : en repoussant l’empire, je protège mon peuple, et donc, je n’agis plus égoïstement. Et même si ce n’était pas le cas, au moins j’ai vécu selon mes principes. »

- « L’importance ce n’est pas de vivre selon ce qui est bien ou mal selon le monde, mais d’après ce qui est bien ou mal selon toi. La vraie hérésie, c’est se trahir soit même. »

- « Tu as tout compris, reposes toi, tu en auras besoin face au médecin. »
 
Je ferme les yeux et médite un peu. J’ai non seulement gagner mon premier défi et prouver ma valeur, mais j’ai commencé à comprendre que même si je suis un vampire, je ne suis pas obligé de me plier à ce que doit faire un vampire selon les peuples de ce monde. Je dois avant tout agir selon ma propre conscience et mon propre idéal. C’est ce que voulais le pirate Pierre les sept orteils et le vampire Kal’ran. Ils ne voulaient plus vivre selon les désirs des autres, ils voulaient suivre leurs propres chemins. Le libre arbitre… c’est quelque chose que je commence à aimer.

http://thiodar.wifeo.com/chapitre-13-le-point-sur-ma-quete-le-point-sur-ma-vie.php

 



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