Chapitre 10 : Premiers exploits
 
 
Nous avons marché durant deux jours avant d’arriver dans le village des prisonniers, même si ma présence a apporter la confusion, tout cela s’est vite fini par une fête. Le lendemain, moi et mes compagnons sommes partis vers un autre village, dans le royaume de Tol’wasso où le trio s’est déjà fait entendre parler de lui et où il pourrait se porter garant de moi.

Durant le voyage j’ai pu faire plus ample connaissance avec mes nouveaux compagnons : Aymerix est moitié homme, moitié démon, il vient d’un village du royaume de Morlaxine ; il est rapide et précis et se bat avec agilité et une grande sauvagerie, il ne tient pas en place et reste souriant et joyeux.

Mathius, le barbare n’a que dix-huit ans, il recherche l’aventure et un bon buveur alcool, toujours prêt à rire et à se battre avec honneur. Son atout est sa grande force et sa maitrise dans ses coups, contrairement à l’idée que l’on se fait des barbares, il est capable d’enchainer rapidement ses coups, et de parer vite.

Kelvir est quelqu’un ayant des airs de noble, il est taciturne et très sérieux, parfois même un peu cynique. Son avantage est qu’il garde toujours un œil autour de lui lorsqu’il lance un sort, c’est pour cela qu’il bouge autant quand il enchaine ses pouvoirs, pour pouvoir esquiver et parer. Quant à moi, j’ai été obligé de leur dire la vérité, que je venais d’un autre monde. Ils croyaient d’abord que je plaisantais mais très vite ils m’ont pris au sérieux ; mais ils me croient. Après tout, les anges si sages et sérieux me croient en mes dires aussi.

Arrivant aux abords du village, je leur pose une question.
 
- « Dites-moi : pourquoi faites-vous tant confiance à Talssader et aux anges ? Vous les avez rencontrés au moins ? »

Aymerix me répond le premier- « Les anges oui, par deux fois, mais je n’ai jamais vu Talssader. »

- « Les anges combattent l’empire, c’est suffisant pour ma part. » Enchaine Mathius

- « Et alors, qui vous dit qu’ils ne vont pas vous dominer si l’empire chute ? Qui vous dit qu’ils ne vous trompent pas ? »

Aymerix hausse un peu le ton- « N’inverse pas les rôles ! Je suis né au sein de l’empire et j’ai passé quelques années à Drael, qui suit l’idéal des anges. Et je peux te dire que l’empereur a mérité largement son titre de méchant de l’histoire ! »

Kelvir m’explique- « Il faut vraiment ne pas être de ce monde pour ne pas le voir. Tout n’est pas noir et blanc, c’est un fait. Mais après tout ce qu’a fait l’empire, tous ces massacres, toutes ces âmes devenus esclaves, sans oublier les raids sans fin depuis des siècles. Les licornes sont rarissimes, les races hybrides n’ont plus de civilisation, d’identité et de chez eux pour éviter l’extinction, le royaume drown a été anéantis et même mon peuple souffert d’une chute. »

Je vais de penser à un détail- « Sans oublier le premier crime… »

Le magicien me répond- « Exact, le massacre des archanges… »

Aymerix affirme- « Tout le monde sait qui est l’ennemi. Grace à l’empire, les querelles entre les royaumes sont très faibles et la nécessité les pousse à trouver des accords rapides et justes. »

Le jeune humain conclut- « Et puis, si les anges nous trahissent, ce qui est impossible, nous n’avons qu’a les vaincre, c’est tout. »

- « Je commence à comprendre. Merci. »
 
Oui, c’était la meilleure raison et explication, voir un ennemi pour ce qu’il a fait et non pour ce qu’il est. Si l’ordre de Dhiosas avait fait de même, Anathork aurait pu avoir sa chance de prouver ce qu’il valait vraiment et on aurait pu savoir si Kal’ran cherchait vraiment a guérir la soif de sang pour rapprocher nos peuples. Mais l’ordre avait trop de pouvoir et avait peur de tout perdre. Au final, nos plus grandes actions n’étaient que des « préventions », ciblant toute race où il y avait une chance qu’elle se dresse contre les hommes. Après tout ce temps à me méfier des peuples de ce monde, pour ne pas être manipulé, je commence à comprendre que j’étais déjà, malgré mes doutes, manipulé par l’ordre et par Dearane et ses vérités modifiées. Tout ceci appartient au passé, je n’ai pas l’intention de suivre qui que soit aveuglement, un nouveau monde pour une nouvelle chance, mais je dois encore apprendre.

Nous arrivons dans le village, durant notre marche, les villageois sursautent de surprise, reculent et plus nous marchons, plus la foule atour de nous grandit. Une fois dans la place centrale, nous stoppons et regardons autour de nous, quelque chose me dit que je vais avoir droit à la corde, au mieux.

Mathius commence a parler- « Et bien alors ? Vous ne nous reconnaissez pas ? »

Le semi démon plaisante- « Ne me dites pas que vous êtes déçus de me savoir en vie ? »

Kelvir fini par comprendre- « Je ne crois pas que ce soit nous le problème… »

- « Effectivement messire Kelvir, le problème est ça ! »
 
L’humain qui vient de parler est un vieil homme et il me pointe du doigt. Charmant…
 
Le barbare demande- « Lui, sir Robert ? »

Ce Robert confirme- « Oui lui ! Nous ne tôlerons aucun risque inutile, même en étant votre prisonnier, il est un danger ! »

Kelvir tente de calmer les choses- « Rassurez-vous, il y a aucun risque, il n’est pas dangereux pour votre village. »

- « Les vampires sont la race d’élite de l’empire ! Les favoris, avec les démons de l’empereur ! Ces créatures cruelles et fourbes ne peuvent que nous chasser comme les bêtes qu’ils sont ! Je ne laisserai pas cette bête ci égorger mon village avec ses armes pour déguster notre sang !»

La foule l’acclame et me hue, m’insulte, me hait. L’empire jugé pour ses actions ? Mais je ne dois pas oublier que les habitants de l’empire, n’ont jamais, à ma connaissance et excepté Aymerix, accomplis des bonnes actions.
 
Je fini par dire- « Ce sont mes armes qui vous inquiètes ? Dans ce cas… »
 
Je sors mon épée, les gens reculent tous de peur et les combattants sortent leurs armes, je dégaine ma dague également. Je les regarde un moment avant de jeter mes armes aux pieds de ce Robert.

- « Voilà, le vampire est désarmé ! Il y autre chose ? »

- « Ouais, il y a ceci pour toi, monstre ! »
 
Et là, un des paysans lance une tomate pourrie dans ma direction, je m’apprête à la recevoir mais Aymerix l’intercepte, sauvant mes vêtements au passage.
 
- « Hey ! Ce n’est pas très sympa de profiter de la situation. »

Mathius se place devant moi- « Ouais, on ne touche pas à notre compagnon. »

Robert est surpris- « Quoi ? Ce monstre, votre compagnon ? »

Kelvir glisse un mot- « Au passage, il s’appelle Thiodar. »

Robert s’énerve- « Vous êtes fou ? Comment pouvez-vous lui faire confiance ? Comme ça ! »

Je fini par me défendre- « Pourquoi faites-vous confiance à Aymerix, demi-démon ? »

- « Hein ? Et bien, parce qu’il a fait ses preuves, il a prouvé son honnêteté et son intégrité. »

Je rétorque- « Alors pourquoi je n’ai pas le droit de faire mes preuves ? »

- « Les demi-démons sont encore humain en partie, contrairement à votre peuple. »

Je hausse le ton- « Ce n’est pas mon peuple ! Je ne suis pas né ainsi et je n’ai pas choisi d’être convertit ! Moi aussi j’ai ma part d’humanité ! Sans oublier que Morlaxine est un royaume humain et seulement humain, sont-ils tous bons par nature ? »
 
C’est un grand silence, il semblerait qu’il n’avait pas de quoi répliquer.

Aymerix marque un grand sourire- « Là, il t’a eu Robert. »

L’elfe enchaine- « Vous avez des raisons pour juger l’empire, vous n’en avez aucune pour le juger lui. »

Mathius précise- « En plus c’est un initié paladin. »

Robert est abasourdi- « QUOI ? »

Je confirme- « C’est vrai, mais je ne voulais pas qu’on me laisse une chance pour cette raison. »
 
J’invoque brièvement la sphère de lumière en guise de preuve. Tout le monde est abasourdi. Personne n’a jamais vu cela avant. Le vieil homme s’approche de moi, ramassant mes armes au passage. Robert fini par me demander

- « Qu’est devenus le vampire qui t’as converti ? »

- « Il est mort. Je l’ai tué en me défendant pendant qu’il m’aspirait le sang, dans le désert. Dans la douleur et la surprise, il m’a converti par accident. »

- « Je vois, il n’y pas de preuve. Mais il est impossible que l’empire t’ait formé pour nous tromper, en dehors des anges, il n’y a plus de paladins. »

- « Pourquoi cela ? »

- « Tu l’ignores ? L’empire à traquer chaque paladin non angélique et engager des mercenaires et chasseur de primes. Tu es non le seulement le premier vampire à être paladin de l’histoire mais aussi le premier paladin non angélique depuis des années ! »

Il me rend mes armes, que je récupère et range.
 
- « Je pense que finalement, je suis prêt à te laisser une chance. Après tout, j’ai confiance en ces trois-là, ils ne sont pas du genre à se faire berner. »

Aymerix demande, tout en sachant la réponse- « Il peut donc rester et vous aider ? »

- « En effet, et votre venue est une chance inespérée. »

Le barbare devine- « Encore une bataille à mener ? »

- « Oui, une troupe de l’empire s’est installé dans la forêt, comme vous le savez déjà, nos ennemis ont construit des avant-postes et bastions sur nos terres perdues pour ravitaillement les troupes après la traversée du désert. Cette fois, les démons chassent les bêtes et brûlent les arbres porteurs de fruits. Ils ont commencé depuis hier seulement, mais le temps qu’on donne l’alerte… »

Kelvir termine les paroles de Robert- « Ils auront déjà tout détruit et vont s’en prendre à vos animaux et cultures. Ainsi, ne pouvant plus chasser, ni cueillir, vous serez mort de faim avant d’avoir pu restaurer vos cultures et fermes. Vraiment élégant ! »

 - « Et si nous lançons la traque, ils se cacheront et s’en ailleront, hors nous devons les tuer tous ! Vous quatre pouvez-vous en charger. En plus, avec un vampire avec vous, ils seront trompés. »

Je demande- « Et réussir suffira comme preuve ? Et si je faisais tout cela sous ordre de l’empereur, qu’il ait tout calculé ? »

- « L’empereur est du genre fourbe, mais il ne gaspille pas ses troupes, en dehors des exécutions, pour ce genre de tactiques. Il tient à préserver un maximum de troupes pour mieux nous écraser. »

- « Dans ce cas, il vaudrait mieux y aller maintenant. »

Mathius semble déçu- « Quoi ? On pourrait boire un peu avant, non ? »

Kelvir réplique- « Et attendre que tu vide deux auberges et que tu sois dessoûlé ? La forêt sera deux fois entièrement brulée d’ici là ! »

Aymerix prend le parti du magicien- « Exactement, on n’a pas le temps ! Et puis une bière est meilleure après une victoire, tu le sais. »

Mathius s’incline avec un soupir- « Raah d’accord, mais c’est vous qui payez ma première chope, sir Robert. »

- « Si vous êtes en vie vautour ! Partez vite et bonne chance. »

La foule s’écarte de suite pour nous laisser la voie libre. Nous partons donc vers la forêt pour chasser les démons. Une fois en dehors du village, le silence cesse à cause de Mathius.
 
- « Pourquoi tu n’as pas sorti le sort dès le départ ? Cela nous aurait gagnés du temps. »

- « Je n’y avais pas pensé, et c’est tant mieux pour moi. J’ai pu voir ce que ressentaient vraiment ces gens en me voyant et j’ai pu me défendre de manière équitable. Je veux prouver ma valeur à moi-même et aux autres, non parce que je peux être un paladin, mais en étant simplement moi. »

Aymerix prends une voix compatissante- « Je comprends ce que tu ressens. Mais crois-moi, dans certaines cités et royaumes, ce pouvoir peut être très utile pour te défendre. »

- « Mais pourquoi est-ce si réputé, paladin ? Si les paladins peuvent vénérer n’importe quel idéal, même sans avoir un dieu. Comment peuvent-ils être connus comme bons et altruistes alors qu’ils peuvent très bien massacrer des tas de gens au nom de leurs croyances ? »

Kelvir m’explique- « Les paladins ont en commun l’ouverture d’esprit et le libre arbitre. Même si leurs croyances sont différentes, des principes communs existent entre eux. Mais il arrive qu’un paladin deviens violent et tyrannique, on en connait qu’un seul cas, même s’il est difficile d’agir pour tuer avec les pouvoirs du paladin. Bon, on arrive, quel est le plan ?»

- « Je propose qu’Aymerix et moi ouvrons la marche tandis que vous deux rester en retrait. Il ne faut pas alerter les démons, profitons de nos physiques pour les duper encore une fois, tant que nous ne sommes pas encore connus. »

Le semi démon réfléchit- « Il faudra faire vite, de loin ça ira, mais une fois très près d’eux, je vais me faire remarquer. »
 
Nous passons la lisière de la forêt, sortant chacun nos armes. Aymerix a sorti deux dagues tandis que Mathius et Kelvir se placent en retrait. La traque a commencé, il faut juste suivre des traces de destruction et de massacre de d’animaux.

Nous sommes rapidement arrivés auprès des démons, ils nous ont vu de loin et n’ont pas remarquer Kelvir et Mathius, ils nous parlent comme si nous étions des amis.
 
- « Salutation, vampire ! Que faites-vous dans cette forêt ? »

- « Mes supérieurs m’ont envoyé vous soutenir pour le nettoyage. Mais notre groupe a été attaqué et nous sommes donc en nombre réduite. »

- « D’où vos vêtements abimés. »

- « Au moins je suis toujours en vie. » Dis-je en me rapprochant des démons, ils sont dix en tout. Cela ne devrait pas être trop difficile. Je suis à portée de lame de l’un deux, le combat allait commencer. La bande se regroupant, Kelvir et Mathius sortent de leurs cachettes, l’alerte est vite donnée et tout le monde se met en position défensive. Très rapidement, un des démons fixe Aymerix tandis que je sors mon épée.
 
- « Eeeeh, mais je te reconnais, tu es le célèbre traitre Aymerix, non ? Mais alors… »
 
Je le décapite rapidement, une chance qu’il soit à ma droite. Pour le démon à ma gauche qui as tout vu, je me retourne en sortant ma dague et lui donne deux coups au torse avant de planter mon arme au cou, je ne peux plus la récupérer pour le moment. Plus que huit, l’effet de surprise est décidément efficace. Deux démons pour chacun de nous, malgré leurs incompréhensions, ils ont compris que je n’étais pas avec eux.

L’un avec une épée devant moi et l’autre munis d’un marteau de guerre derrière moi. Je reste en garde, ils attaquent en même temps, je pare le coup d’épée et évite le coup de marteau, mais les démons s’éloignent pour éviter une contre-attaque, malins et coordonnés. Je dois improviser et miser sur la vitesse, face à moi, les deux démons attaquent ensemble, je dois rester attentif tout en parant. J’évite un coup de marteau et saisit le manche, mais le démon esquive mon coup direct et l’épéiste contre-attaque à sa place, je l’évite en faisant un bond en arrière, mais je me heurte à un arbre et tombe sur les pieds, le dos un peu endolori. Je ne suis pas encore tout à fait adapté, soudain le démon épéiste sort une étrange dague à trois pointes et la plante dans le tronc de l'arbre, de manière à ce que mon poignet armé soit bloqué.

Le démon va m’achever avant que je puisse me dégager, mais au moment du coup de grâce, je lance la sphère de lumière sur lui et le repousse. Il est, malgré son armure, très brulé. Avec ma main libre, je prends l’étrange dague et la retire du tronc. Ma nouvelle force est bien efficace, le démon au marteau ne réfléchit plus et fonce vers moi, je saute en avant pour à la fois éviter sa charge et achever à l’atterrissage son partenaire avec la dague. C’est maintenant du un contre un. Je vois mes compagnons s’en sortir également : Mathius viens de jeter la tête d’un démon sur une pierre avec une grande force ; Kelvir à gelé la tête d’un de ses adversaires, il meurt étouffé ; enfin Aymerix achève un de ses demi-frère de race en donnant plusieurs coups de dagues au torse de manière rapide et sauvage.

Je reviens sur mon dernier ennemi, nous faisons un cercle de pas. Je lance une sphère de lumière, il l’évite. Je le lance une deuxième fois, mais pareil. Il a l’air expérimenté et bien formé, comme son collègue. S’ils étaient de simples soldats, alors leurs généraux sont très puissants. Normal dans le fond, s’ils se battent durant trois cent cinquante ans et sont immortels. L’expérience des survivants les rendent plus forts. Le démon au marteau charge et donne plusieurs coups que j’esquive et pare ses coups et nous sommes en finalement en blocage avec nos armes, chacun tentant de prendre le dessus. Sachant que je suis légèrement plus fort physiquement, le démon s’apprête à reculer, mais je l’empêche en prenant à nouveau le manche de son marteau, j’enchaine en me retournant et en le soulevant pour le faire passer au-dessus de moi et le jeter à terre.  Je l’achève sans attendre, cette une technique très utile lorsque qu’un homme essais de vous égorger. J’ai fini mon combat et je constate que mes compagnons ont fait de même, je leur souris.

Soudain je remarque un onzième démon avec un arc qui sort de sa cachette et vise Aymerix. N’écoutant que mon instinct, je lâche mon épée, cour et saute sur Aymerix. L’archer tire, Kelvir et Mathius attaquent, et la flèche se plante dans mon épaule gauche, Aymerix est à terre mais sauf, pas l’archer. Je me lève, main sur l’épaule, les autres se regroupent autour de moi, m’examinant.
 
Kelvir me rassure- « Tout va bien, la flèche sera facile à extraire et ta capacité de guérison fera le reste. »

Aymerix est un peu en colère- « Tu es fou d’avoir pris ce risque ! »

Mathius réplique- « Fou mais brave, peu de gens ferait pareil pour un compagnon. »

- « J’ai déjà fait un grand sacrifice pour un ami, alors une deuxième fois… »

Aymerix me demande- « Mais pourquoi l’as-tu fait ? »

- « …. Par reflexe, par instinct… c’est ma nature. »

Mathius marque un grand sourire- « Bonne réponse, allez partons, récupérons ce qu’on peut et retournons au village soigner Thiodar. »
 
Kelvir m’aide à me relever tandis qu’Aymerix et Mathius ramasse les armes, les bourses et les armures de la bataille. Ce n’était pas vraiment très héroïque, mais après tout, leurs équipements ne sont pas gâchés. Une fois qu’Aymerix m’ait redonné mes armes, nous avons pris la route du village.

Une fois de retour, la foule est très surprise de me voir blessé, quand Aymerix à tout expliqué, un silence général s’est mise à régner. Et puis, le chef du village à ordonner que l’on me transporte à l’auberge pour me soigner. Des villageois s’exécutent et je me retrouve très vite dans une chambre de l’auberge, torse nu et sans armes, ni bottes, puis un médecin extrait la flèche et panse ma plaie. Il m’a ensuite indiqué que je devais rester ici, pour me reposer et récupérer. Si j’avais pu conserver mes pouvoirs, tout cela serait réglé rapidement, mais la blessure est moins grave que prévus, cela doit venir de mon héritage.

La nuit tombe, soudain la porte s’ouvre et je vois Mathius entrer, une chope dans chaque main. Il s’assit sur un tabouret près de moi et me tend la chope remplis de sang.
 
- « Tu as vraiment bien combattu, quoique tu manques beaucoup d’expérience et de techniques. Le village t’offre à ses frais ce sang de chèvre, prends-le, ça va accélérer ta guérison. »

- « Merci Mathius. » je prends la chope et bois une gorgée.

- « Dis… ça fait quoi de boire du sang ? »

- « Et bien, les gouts sont très différents mais pourtant, ce n’est pas imbuvable et… »

- « Non, je voulais dire coté esprit. »

- « Oh… Et bien, imagine que l’on t’a toujours dit que les gens qui font certaines choses pour vivre sont des monstres et qu’un jour tu découvres que ce n’est pas aussi monstrueux que ce que les tiens faisaient pour vivre et que du jour au lendemain tu dois faire la même chose que ces monstres pour vivre. »

- « Dur… »

- « Oui Mathius, c’est le mot juste. Je savais que Talssader et Amalia avaient raisons, je savais que boire du sang d’un animale n’était pas plus barbare que de dévorer leur chair. Mais pourtant, c’est horriblement dure, faire ce qui est censé être monstrueux, agir et accepter ce que tu es. »

- « Je crois comprendre, c’est pour cela que tu voyages au hasard. Pour découvrir de nouvelles vérités. »

- « Exact, et toi Mathius ? Pourquoi lutte tu contre l’empire mais ne t’es pas engager dans une armée ? »

- « Et bien, chez nous, à l’Étoile sanglante, chacun est libre de partir selon son désir et de mener sa vie. En fait, il y a moment un rituel de voyage, où le jeune part au hasard et ne rentre que lorsqu’il trouve un idéal et un but. C’est ce que j’ai fait, je suis parti vers l’aventure pour forger ma vie. »

- « Tu ne me réponds pas. »

- « J’y viens, je fais comme les mercenaires car je suis fidèle à moi-même et à mon clan, je ne sers aucun intérêts politiques, ça ne m’intéresse pas. L’empire est puissant, il risque vraiment de conquérir Drael ‘strom et c’est pour cela que je le combats, dans une bataille, combattre le camp le plus fort offre plus d’honneur et de défis. »

- « Tu combats l’empire par simple défit ? »

- « Non, pas seulement, j’ai vu ce qu’a fait l’empire, et cela m’a suffi comme motivation. Tiens, une fois, les démons on voulut recruter les licornes, mais ces nobles bêtes sont têtues, elles ont toutes préféré mourir et maintenant, il y en a très peu. L’empire en a massacré et torturé des milliers dans l’espoir que l’une d’elles cède. »

- « Et tu ne veux pas que ton clan subisse le même sort. »

- « Tout juste… Et puis j’ai rencontré Kelvir et Aymerix, sans t’oublier…Aallez assez parler du passé ! Buvons ensemble à ton premier exploit ! Que tous connaissent ta vraie valeur ! »

- « A notre honneur ! »
 
Je trinque avec lui, et nous sommes restés ensemble à boire tandis que la fête éclate en bas. J’ai finalement appris à connaitre ce jeune homme, il est vraiment comme Roland, un homme d’honneur mais qui ne se bats pas seulement par fierté mais par conscience et volonté propre. Il faut croire que les barbares ne sont pas aussi primitifs. En fait il faut croire que l’on a enseigné de mauvaises choses durant ma formation au bastion. Je sais une chose vraie : ici, sur ce monde loin de l’ordre de Dhiosas, je suis libre d’explorer des vérités différentes, de forger ma propre pensée et surtout, comme Mathius, je n’ai pas à agir pour une organisation. Ma situation, n’est pas aussi obscure que je le croyais.

http://thiodar.wifeo.com/chapitre-11-odive.php



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