Chapitre 1: Trouver sa voie
 
 
 
La marche n’a pas duré bien longtemps avant que je ne vois le crépuscule approcher. Cela fait à peine une heure que je parcours la forêt, mais ce n’est pas moi qui décide du jour et de la nuit. Je vais devoir me plier à la loi de la nature et m’arrêter pour aujourd’hui, je choisis un grand arbre proche et ramasse tous les bouts de bois à portée de main. Une fois le tas à terre, je reviens en arrière, j’avais croisé un terrier lors de ma route, ça me servira de repas.

Une fois au-dessus du terrier, je prépare mon épée, je dois guetter le bon moment, le temps passe, le soleil arrive à hauteur des troncs, je m’ennuie mais j’attends. Soudain, un lapin sort du terrier ! Sans un bruit et sans attendre, je laisse ma lame tomber et se plonger dans la chair du lapin. L’animal meurt de suite en perdant beaucoup de sang. J’ai réussi, j’ai un repas pour ce soir. Pas de tristesse ni de dégouts pour l’animal, après tout, ce n’est pas un mal si je l’ai fait pour vivre. Arrivé près de l’arbre, je plante mon épée et m’assois. Je sors machinalement le couteau et commence à dépecer le lapin. Un instant… Je sais cuisiner l’animal ? Je sais comment m’y prendre ? Je continue le dépeçage avant de commencer à ouvrir l’animal et le préparer. Les intestins ne servent à rien, il faut s’en débarrasser, ainsi que sa tête pour le mettre à la broche et le bien cuir. Mais bon sang ! D’où me vient ce savoir ? Qui m’a appris à préparer les animaux ? Je me calme tout en commençant à allumer un feu. Peu importe pour l’heure d’où viennent ces connaissances, ils sont là, c’est déjà ça de découvert sur mon identité, et une bonne information pour survivre je dois dire.

Le feu s’allume, je l’alimente doucement, voilà, il est prêt. Je tends mon bâton pendant un petit moment. Je n’attends pas très longtemps avant de le retirer. Après avoir savouré mon repas, je jette les restes au loin et prends une gorgée d’eau. Il faut que je fasse attention avec, j’ignore où se trouve le point d’eau le plus proche. Après m’être allongé aux pieds de l’arbre, éloigné du feu et à coté de mes affaires, je contemple les étoiles et réfléchis : « Ti » était-ce un fragment de mon nom ? Surement. Il me faut un nom d’emprunt, un nom provisoire, un nom à partir du fragment, Ti…. Ti… Ti... Thibault ! Ce nom n’éveille rien en moi, mais il fait l’affaire. Le sommeil m’envahit, les étoiles me guide, Thibault, tu as intérêt à ne pas mourir dans ton sommeil.

Je sens quelque chose me toucher, je veux dormir… Le picotement persiste, je me relève en sursautant ! Une attaque ? Retrouvant mes esprits, je constate que ce n’était qu’un petit oiseau curieux. Tout va bien, mes affaires sont encore là et l’agresseur prend son envol, prenant la fuite. La lumière du jour, adoucit par les feuilles, me réchauffe le visage, j’aimerai rester encore un peu. Mais je dois continuer ma route tant qu’il fait jour. Prenant mes affaires, je marche dans la même direction qu’hier, inutile de tourner en ronds. Cette forêt est vraiment paisible, pas un seul monstre ou bête hostile depuis hier. Pourtant je ne me suis pas à l’aise, le danger est partout et cette forêt ne fait pas exception.

Je marche pendant un bon moment avant de sentir une odeur désagréable et familière. Me fiant à mon nez, je me dirige vers l’origine de cette infection pour découvrir devant moi la preuve que j’avais raison sur cette forêt. Deux corps, deux cadavres d’hommes ! Difficile de faire semblant avec une tête coupée, des flèches dans le dos et surtout l’odeur de la mort sur soi. Je m’approche du corps criblé de flèches, rien de valeur sur lui, évidement. Les chances que ce soient des bandits sont énormes. Inutile de m’approcher du deuxième corps, il suffit de le voir de loin pour constater que lui aussi a été détrousser. Ces déchirures sur leurs vêtements… Beaucoup cachent leurs biens dans les coutures de leurs habits. Mais ça ne les protège pas pour autant, surtout contre ceux qui connaissent bien l’astuce. Le blason sur leurs vêtements, une pièce, rompue en deux, tenue dans une main. Je connais ce blason, j’en suis sûr… Voyons…. Ça y est ! Il s’agit du blason de la guilde marchande : « La bourse honnête ». Cette confrérie est celle qui a eu le moins, voir pas d’ennuis avec les autorités du continent. Et pour cause, il s’agit de la guilde la plus franche, la plus puissante et la plus réputée de toutes. Elle offre des produits de bonne qualité et d’origines non suspectes. « Les bonnes affaires sont ceux sans embrouilles ! » dit leur devise. Toutes les enquêtes n’ont jamais découvert de trafique ou de pillage chez eux. Du moins c’est ce qu’on dit officiellement, mais leur stratégie d’honnêteté et de prix raisonnable ont fait d’eux des marchands très riches. Ces gars sont donc des cibles de choix pour les brigands et les assassins. Les pauvres hommes, surtout s’ils sont vraiment ce que l’on croit, ils ne méritaient pas ce sort.
Leurs traces de pas sont nombreuses, trop nombreuses pour être faites par deux personnes mais elles viennent d’une même direction. Je risque de croiser les meurtriers, mais peut-être qu’en voyant que je n’ai rien, ils me laisseront sauf. Dans tous les cas, je suis la piste et je n’ai pas attendus longtemps pour trouver le point de départ : un chemin, fait par des gens et non par la nature. Hélas, je découvre aussi un troisième corps, troué au niveau du torse et portant le même blason que les deux autres. Malgré ce spectacle je ressens une certaine satisfaction, en trouvant cette route, je ne vais plus à l’aveuglette car quel que soit le sens que l’on prend, on finit toujours par arriver vers la civilisation. Impossible de savoir à quelle distance ils étaient de leur point de départ ou de leur destination, je me fie donc au hasard et prends la direction du lieu où ils comptaient se rendre. Je serre la poignée de mon épée, je dois rester prudent, cela m’étonnerait que les bandits aient soudainement décidés de changer d’endroit pour attaquer. Mais je suis prêt à tout pour retrouver mon passé et mon identité. J’avance prudemment.

Mon chemin semble très long, le soleil est déjà bien haut dans le ciel et je crois qu’il commence à descendre. Un peu fatigué par la marche, je m’arrête quelques instants tout en buvant une gorgée d’eau. Soudain un son derrière moi ! Je me retourne et découvre les bandits, l’un, brun et oreilles pointues d’elfe, a un arc et des flèches. Un autre, chauve avec une massue, à côté de lui, une femme, blonde, avec une hache de bucheron et les deux derniers avaient une épée rouillée et une lance, ils sont jumeaux…

L’archer ne me tient pas en joue. Tous ont des vêtements de paysans sales, abimées, comme moi… Mais étant donnés les situations comment leur reprocher ? La femme s’avance d’un pas et me parle, le premier son humain depuis mon réveil.
 
- « Rendez-vous et donnez-nous vos biens ! Et nous vous laisserons la vie sauf ! »

Je la fixe un moment, puis ma lame. Faire front ? Trop risqué avec l’archer, et je ne connais pas encore mes capacités au combat. Je regarde à nouveau la femme tout en levant mon épée, pour la poser doucement sur mon épaule. Je réponds calmement et poliment.
 
- « Et que gagnerez-vous en fin de compte ? Les marchands vous on valut beaucoup plus que moi qui n’a même pas de fourreau pour mon arme. Que vont bien vous rapporter, une gourde presque vide, des vêtements déchirés et un couteau abimé ? »

- « Ton épée et ta bourse suffiront ! Les armes sont toujours bien vendues.» me répond t elle.
 
Je lui explique- « Je vous l’ai déjà dit, les marchands ont dû vous rapporter gros. Mes biens ne vous sont pas indispensables pour vous, mais pour moi si. J’ai besoin de tous cela pour survivre. Et puis ne me dite pas que ces marchands ont préférés se battre jusqu'à la mort au lieu de vous donner vos biens ! Et je crois que vous n'allez laisser personne révéler votre présence. »

- « CESSE DE PARLER !!! Donne tes biens ou nous les prendrons de force ! » Crie soudainement l’un des jumeaux.

Mais la femme lève son bras et comme par enchantement, l’homme contient sa colère.
 
- « Je l’admets, ces marchands n’étaient guère des combattants mais représentaient tout de même une menace. Comme mon ami le dit, tu parles beaucoup, mais tu parles bien, avec intelligence et sans menace… C’est vrai qu’a part ton épée il n’y a rien à en tirer de toi, en revanche, avoir un bras supplémentaire nous sera plus profitable, joins-toi à nous. On jamais trop pour piller et voler ! »

- « Une offre généreuse madame, j’ai donc la possibilité de vivre. Mais j’ai un objectif bien précis et vous suivre m’empêchera de l’atteindre. Laissez-moi partir, je ne dirai rien, prenons chacun notre route et restons-en-là. »

- « Ton objectif vaut il la peine que tu risques la mort ? »

- « Oui, car j’ai choisi en toute conscience et liberté. »

- « Bon, tant pis… Alors autant nous donner une chance de gagner quelque chose : Renault, celui qui t’a menacé, va te combattre. Si tu meurs on aura tes biens. S’il meurt, tu pars et nos parts de butin n’en seront que plus gros. »

- « Il me ne reste plus que deux choix : vivre ou mourir… Un combat singulier, lame contre lame. Ça me convient, quant à Renault, je suis désolé que l’on soit arrivé là. »

- « Pas moi ! Je vais bien aimer de te tuer, toi et tes yeux bizarres ! » Dit Renault en s’avançant lentement tandis que la femme recule.

Un autre fragment de ma personnalité est découvert, je ressens vraiment un malaise, je n’aime pas blesser les gens et surtout les tuer. Mais étrangement, ce malaise ne me bloque pas vraiment, on dirait que je sais la contrôler, la calmer. Renault approche, Ma lame décolle de mon épaule et je me mets en garde. Il vise mon côté gauche, j’ai le réflexe de parer. Il tente de me pourfendre, j’enchaine la parade rapidement et recule de quelques pas. Renault me suis et essais de me trancher les pieds, je saute à temps et au moment où je touche à nouveau le sol, je donne un crochet à son visage. Sonné mais pas pour longtemps, j’en profite pour charger et le bousculer assez violement pour qu’il soit à terre. Renault s’enrage et se relève rapidement. Il fonce vers moi, lame au-dessus de sa tête et hurlant comme un possédé, il va vraiment me tuer ! Au dernier instant je tente de bloquer ses bras d’une main pour l’arrêter, il lutte, il veut continuer ! Je perds le dessus, Renault s’avance violement, oubliant qu’il y a une lame devant lui. Le sang coule, l’épée tombe, je retire mon arme du ventre et le corps tombe à terre. J’ai tué un homme, ça me déplait. Mais je n’avais pas le choix… J’ai gagné le duel, je peux donc partir.

Du moins c’est ce qui était convenus, mais vu que le jumeau à la lance, une fois bien conscient de la mort de son frère, commence à charger vers moi. Je peux en déduire que je ne peux pas vraiment espérer qu’ils me laissent partir comme ça. Le lancier est rapide, la femme n’a pas eu le temps de réagir. Quant à moi, je n’ai qu’une possibilité. J’esquive en déplaçant mon tronc vers la droite. L’esquive est de justesse car la lame m’a touché légèrment le flanc. Dominant la douleur, je saisis de ma main gauche le bâton de la lance et tire de toutes mes forces vers moi ! Obligeant le second jumeau à venir vers ma lame, comme son frère. Il crache du sang et lâche sa lance. Je fais de même pour le saisir par l’épaule et le pousser. Ainsi ma lame est libérée, tandis que j’essuie le sang sur mon visage. Je regarde les trois derniers, l’archer me tiens en joue. La femme prend la parole, avec un soupçon de colère.

- « Tu croyais vraiment qu’on allait te laisser partir ? Ce n’était pas prévu que… »

- « Que je gagnerai ce duel et que l’autre ait voulu venger la mort de son frère ? Je me doutais bien que vos paroles n’avaient pas de valeurs. Après tout vous êtes des hors la loi. »

- « Ce qui fait moins de raisons de te laisser en vie ! Une dernière parole ? »

- « Oui, vous pensiez vraiment que j’espérai VOTRE permission pour m’en aller ou pour vivre ? A toi Guillaume ! »

Tous les trois se retournent, tandis que je me mets à courir vers la gauche, dans la forêt ! Les bandits n’ont pas tardé à comprendre la ruse et à me poursuivre, complètement enragés ! Je cours autant que je le peux. Évitant de me cogner aux arbres et les branches, sautant au-dessus des racines, tout cela pendant un petit temps avant que je m’arrête pour reprendre mon souffle. J’entends des cris, ils ne me lâcheront pas. Je décide d’accourir vers des buissons à ma droite pour me coucher et me cacher. J’observe à travers les feuilles : la femme et le chauve arrivent et regardent aux alentours, ils parlent puis prends deux routes différentes. Où est l’archer ? C'est là que j’entends une voix masculine.
 
- « Lève toi ! Et garde tes distances ! »
 
Admettant mon échec, je me relève docilement et recule de deux pas avant de regarder l’archer qui me fixe également. Je suis mal là… Je dois profiter du moindre moment de distraction, mais comment à cette distance ? L’archer tourne la tête pour crier et appeler les deux autres, c’est le moment ! Je lève mon épée et la lance violement vers lui. Heureusement, la lame lui traverse le corps et la flèche change de trajectoire dans l’agonie de son tireur, malheureusement, celle-ci vient se planter dans ma cuisse droite. Je pousse un bref cri de douleur.

J’essaie de dominer la souffrance. Les autres vont arriver, je tente de m’échapper en boitant, mais de trébuche rapidement contre une racine et tombe. Je rampe vers un arbre le plus proche pour y prendre appui et dégaine le couteau. Les deux survivants me font face, leurs visages montrent la satisfaction de me voir ainsi.
 
- « C’est la fin pour toi, merci d’avoir augmenté ainsi nos parts de butin ! » dit la femme.

- « Allez, laisse-toi faire ! Tu ne peux rien avec ton couteau ! » Enrichit le chauve.

- « J’ai tué… trois de vos compagnons… avec juste une… épée… Peut-être que je peux… en tuer un quatrieme avec ça ? Nous allons le savoir bientôt ! »
 
Je reprends ma respiration tandis que le duo se rapproche doucement. Il me faut d’autres idées… et vite ! Je ne peux pas mourir avant de savoir qui je suis ! Tout à coup le visage du chauve exprime la douleur tandis qu’un objet pointu jaillit de son torse avant de s’arrêter près de moi. Une lance, tachée de sang, la partie du manche est blanche, la lame couverte de gravures. L’arme bouge encore dans le corps pour en ressortir par le dos. La femme se retourne mais reçoit coup violent au visage et recule avant d’être empalé à son tour. Le corps tombant, je peux voir mon sauveur. Le porteur de la lance est un homme assez âgé, chauve, les yeux verts et avec une barbe grise. Il porte une longue cape blanche et un long tabard blanc arrivant juste en dessous des genoux et dont le torse est marqué par un symbole, une sorte de D. Ses bras et jambes sont couverts d’armures de plates. L’homme s’approche et saisit la flèche avant de la retirer avec violence. La douleur est dure à supporter, je me laisse tomber à terre. L’homme se met à genoux et pose sa main droite sur la plaie.
 
- « Bientôt, la douleur ne sera plus. »
 
Sa voix est paisible et rassurante. Une étrange lumière apparait en dessous de sa main, fasciné, je ne me rends pas compte que j’ai de moins en moins mal. Ce n’est que lorsque je constate que ma blessure est guérie que j’ai compris. Je lève mes yeux de loups pour regarder les siens, verts. Pendant que j’essaie de parler, je sens quelque chose en lui… comme une aura…
 
- « Merci à vous, Sire. Comment vous rembourser ? »

- « En te joignant à nous ? Je t’ai observé, tu te débrouille bien ! Bon les yeux, ça ne joue pas en ta faveur mais soutenu par moi ça ira. »

- « Vous rejoindre ? Mais rejoindre a quoi ? Pour quoi faire ? »

- « Oh, c’est vrai, je ne me suis pas présenter, je suis Dearane, le champion de l’ordre de Dhiosas. Et donc je te demande de rejoindre notre ordre, un de nos bastion n’est pas loin. A mon tour, qui es-tu ? »

- « L’ordre de Dhiosas ? Voilà pourquoi vous êtes si fort et d’où vous viens ce pouvoir. Je suis Thibault, et… c’est tout ! Ce que je suis, c’est justement mon objectif : le découvrir. Je me suis réveillé sans souvenir dans un village en ruines. »

- « Donc tu ne sais même pas si tu es humain ou autre… »

- « Par les fragments que j’ai réussi à revoir, je sais que dans mon enfance mes yeux étaient marrons. »

- « Intéressant, les dirigeants sauront surement révéler de quoi tu es victime. Mais pour cela joins-toi à nous. Deviens un paladin, et ta réputation facilitera ta quête ! »

- « Combattre le mal avec vous en échange d’un avenir construit et d’un passé à redécouvrir…  C’est une offre généreuse et venant de vous, plus honnête qu’avec ces bandits. Et c’est la meilleure façon de payer une dette. »

- « Heureux de l’entendre ! Je savais que tu avais de l’intelligence. En route et récupère ton arme en chemin. »
 
Je me relève tout en rangeant mon couteau, en chemin je reprends mon épée. Ainsi je fais route vers mon avenir, qui me guidera vers mon passé en même temps. L’entrainement va me rendre plus fort ! Mais pourquoi Dearane s’est préoccupé de la question de race ? C’est peut-être un détail… Peut-être que là-bas, je connaitrai la réponse. En tout cas les choses s’améliorent, j’avais un but, maintenant j’ai une voie pour l’atteindre !




http://thiodar.wifeo.com/chapitre-2.php



Créer un site
Créer un site