Après mon évasion, nous sommes revenus à Odive pour que j’y fasse mon sevrage, sevrage qui a duré plusieurs mois. C’était long et pénible, j’ai même finis par demander d’être enfermé constamment, voir même attaché si nécessaire. L’envie de gouter à nouveau au sang humain m’avait complètement envahi, je n’avais plus gout à rien d’autres et je ne sentais vraiment faible, mes blessures guérissaient très lentement. C’était une épreuve difficile, mais avec le temps, le manque s’est dissipé et je me sentais de mieux en mieux. Au bout du cinquième mois, j’étais complètement sevré, avec ma volonté et le soutien du trio et des habitants d’Odive, je suis même surpris qu’ils m’aient soutenu jusqu’au bout.
Aujourd’hui, je rentre enfin à Arashann, accompagné du trio pour rendre ma décision finale, je vais revoir Amalia, Philliadus et Talssader. J’ai beaucoup appris sur ce monde mais aussi sur moi-même. Mes blessures ont complètement guéri, mais je ne suis toujours pas au meilleur de ma forme et j’ai gardé une sombre cicatrice sur le torse, souvenir de Raborin, un éternel rappel de sa haine envers moi.
J’entre enfin dans la ville, une fois de plus, les anges se rassemblent autour de moi, toujours aussi étonnés de mon apparition, mais cette fois, j’entends les chuchotements sur mes exploits, et c’est plutôt agréable après tout ce temps. J’arrive près de la fontaine au centre de la ville, où Philliadus m’attend, nous arrivons près de lui et le saluons.
- « Me voilà de retour, comme promis. »
- « Je vois ça, tu as fait du chemin depuis tout départ, tout Drael’strom parle de la rumeur de l’existence d’un vampire paladin, accompagné des trois combattants. On dit même que tu as survécus à la torture de Raborin. As-tu trouvé ce que tu cherchais ? »
- « Oui Philliadus, et j’ai pris ma décision, je sais exactement ce que je désire faire et Talssader sera le premier à entendre ma réponse, comme promis. »
- « Très bien, je vais te conduire à lui, mais sache que tu es ici chez toi, Thiodar. »
Mathius intervient- « C’est sympa tout ça, mais nous alors ? On a veillé sur lui après tout. »
- « Bien entendus, on vous a préparer une grande tournée à l’auberge. »
- « Bière et repas gratuits ? Tout ce que j’aime ! »
Kelvir le taquine amicalement- « Ben tiens, pour changer. »
Aymerix donne un coup de coude au barbare- « Laisses en pour Thiodar, si jamais il revient en vie. »
Je souris, tout semble bien se passer pour une fois, soudain je sens quelque chose passer près de moi et cette chose se fige dans un mur, c’est une hache. Je me tourne vers l’origine du projectile et découvre Amalia.
- « Amalia, ça fait plaisir de te revoir ! Comment vas-tu ? »
Elle ne dit rien, le visage impassible, elle s’approche de moi, armée d’une épée. J’ignore pourquoi, mais je commence à avoir peur, je recule de quelques pas.
- « Amalia, qu’est ce qui te prends ? Qu’est-ce que j’ai fait encore ? »
- « Une chose que tu n’aurais jamais dû faire ! »
Elle lance un couteau près de moi, je recule, complètement paniqué et me retrouve contre un mur.
- « Écoute, je ne sais pas ce qu’il se passe, mais là je dois retrouver Talssader alors je… »
- « Non toi écoutes ! Tu es parti seul, sans donné aucune nouvelle, que des rumeurs ! Tu étais censé voyager et apprendre, rien de plus, et j’apprends que tu as affronté l’empire et que tu t’es fait prisonnier par Raborin ! Prépare-toi à assumer complètement tes actes ! »
Elle plante la lame à côté de moi, comme pour me bloquer la route, ses yeux sont pleins de colère, je n’avais encore jamais vu l’ange dans cet état, la connaissant, je vais souffrir comme jamais auparavant ! Elle lève son poing et je ferme les yeux, me préparant à encaisser le coup !
Et puis je sens une étreinte autour de moi, elle compte me broyer la colonne ? Apparemment non, je rouvre les yeux avec courage et découvre l’ange me serrer dans ses bras.
- « Ne refais plus jamais ça… »
Elle s’inquiétait pour moi ? Cette scène, ses paroles, elles me rappellent quelque chose, je suis à nouveau plongé dans les fragments de mon passé, en quelques instant je revois une nouvelle partie de ma vie. Je suis un enfant, à peu près huit ou dix ans, je me balade dans la forêt avec d’autres enfants, jouant les héros et soudain, un gros sanglier nous a poursuivis, les détails m’échappent, mais je reviens dans un sale état, couvert de bleues et d’égratignures. Une fille, que j’avais déjà vu dans mes souvenirs me crie dessus et me colle même une gifle, puis me prend dans ces bras en disant exactement la même phrase qu’Amalia. Mon souvenir et moi-même posant nos mains sur leurs épaules et disons.
- « Je suis un idiot, pardonnes moi. »
Le souvenir disparait, moi j’ai été un idiot. Dans le passé, en prenant de gros risques pour jouer alors que des gens tenaient à moi et je le suis aujourd’hui pour avoir pris en compte que moi-même. Mathius prend la parole, me sortant de mes pensées.
- « C’est la première fois que je vois Amalia s’inquiéter pour quelqu’un »
Kelvir feint de réfléchir- « Elle a donc un cœur, même minuscule finalement ? »
Aymerix se place derrière l’humain- « Elle est encore plus effrayante que d’habitude ! »
Amalia me lâche et se tourne vers le trio
- « Fermez-là bande d’abrutis ou je. »
Aymerix le coupe en levant les bras et en disant.
- « Oh oui ! Moi aussi je veux un câlin ! »
Amalia donne un coup de poing qu’Aymerix esquive et commence à courir, poursuivit par Amalia. Je souris, amusé par la scène, finalement, Amalia reste Amalia. Je me tourne vers le palais sanctuaire et me met en route, je dois voir Talssader et en finir avec cette quête.
